Cultures marines n° 308 - 39

reportage

Entreprise

en a plein le dos de tourner ses poches

bien protégé sous le waders, il pourra
être adapté avec une housse de protection pour éviter les projections.
Cela suffira-t-il à éviter la rouille ? Si
rouille il y a, cela nuira-t-il au bon
fonctionnement du harnais ?

Marion Larronde-Larretche

La position
pour tourner
les poches, arc-bouté
en avant, bras devant,
« on ne peut pas
la changer, ce sera
toujours aussi
pénible », se désole
Ronan Mahé.

Des questions importantes à se
poser quand on sait que l'Exo IP13
coûte tout de même 2 350 euros
HT pièce. « Si j'en achète un pour
moi, je vais aussi évidemment en
prendre un pour mon salarié »,

souligne Ronan Mahé. Ils sont donc
trois à travailler à l'année au sein de
la SARL Ronan et Fabien. « Ça fait
tout de suite 7 500 euros, c'est un
investissement. » Les abonnés de
la hernie vont tenter d'aller chercher
des subventions du Feamp, se rapprocher de l'Énim pour voir à quelles
aides ils pourraient prétendre.

M. L.-L.

Pas mieux que la poche

37 ans, Arnaud David a aussi des problèmes de dos.
Il a déjà été opéré et la hernie discale est déjà
revenue.

Mais quelle autre solution ont-ils ?
« On a essayé les paniers australiens
sur câbles mais on avait beaucoup
de captage de moules, il fallait les
ramener souvent à terre, rapporte
Ronan Mahé. En plus ils étaient
trop secoués, on en a perdu plein.
Et puis c'est très volumineux et
pas superposable. Dès qu'on faisait
des trajets pour aller dans le golfe
(NDLR : leur chantier est au Tour-duParc), ça se cassait la gueule. » Ils ont
testé d'autres techniques, ils n'ont
pas trouvé mieux que la poche.
« On a essayé d'utiliser des
poches de 900 grammes. Plus
lourdes, elles sont plus rigides, les
huîtres se maillent moins, c'est plus
facile à tourner, ça va plus vite. »
Mais ce n'est pas suffisant. Sur les
parcs relativement protégés, les
poches sont positionnées en portefeuilles, accrochées par la tranche.
« Ça réduit les manutentions. » Mais
la position pour tourner les poches

arc-bouté en avant, bras tendus,
« on ne peut pas la changer, ce sera
toujours aussi pénible ».
L'été dernier, Ronan Mahé a testé
le système Corfo, avec un élastique
qui remonte derrière les fesses et
maintient le dos. À 80 euros pièce,
sur le papier, ça paraissait bien. « Ça
avait tendance à comprimer les
vertèbres et ça faisait mal derrière
les jambes », se souvient l'ostréiculteur. Peu concluant.
Les solutions pour lutter contre
le mal du siècle ne sont pas innombrables. L'autre option serait de délaisser un peu les parcs pour vendre
davantage en direct. L'EARL Ronan
et Fabien produit en moyenne 250
tonnes d'huîtres par an. Tout est
vendu à des grossistes, pour 70 %
vers le bassin charentais et le reste
en local. Il y a deux ans, les deux frères
ont eu l'idée de proposer des huîtres
100 % bretonnes, captées en baie
de Vilaine, élevées au Tour-du-Parc
ou dans le golfe du Morbihan puis
affinées dans des claires. « On avait
l'idée et on a même créé un site
internet mais on ne s'en est pas trop
occupé et le projet est finalement
tombé à l'eau, rapporte Ronan. On
n'a pas trop la fibre commerciale
et on est vraiment attaché à la
production. » Dommage pour leurs
lombaires.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Cultures MARINES n°308 - juillet-août 2017

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