Cultures marines n°309 - 5

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Après avoir été reçu par le
ministre de l'Agriculture et
de l'Alimentation le 1er août,
le président du CNC a
annoncé sa démission.
« Personne ne peut m'accuser
de forfaiture », prévient celui qui
ne voulait pas quitter son fauteuil
de président du Comité national
de la conchyliculture. Comme il le
réclamait, Gérald Viaud a été reçu
par le ministre de l'Agriculture et
de l'Alimentation, Stéphane Travert,
le 1er août. « Monsieur le ministre
de l'Agriculture me demande de
démissionner », explique-t-il. « Je
rentre chez moi. »
C 'est « l'aboutissement de
quatre ans de travail de sape,
dénonce Philippe Ortin, président
du CRC de Méditerranée et actuel
vice-président du CNC. C'est dommage qu'on en arrive là. Gérald
Viaud a essayé de faire tourner la
grosse machine du CNC avec un
héritage compliqué, par exemple
avec le programme Score qui a
pas mal grevé le budget ».

Depuis juin 2013
Le Charentais arrive à la tête du
CNC en juin 2013, suite à la démission
de Goulven Brest. Il se représente
l'année suivante pour un second
mandat et l'emporte face à Jacques
Sourbier (Pays de la Loire), et grâce
au report des voix de Philippe Ortin.

« Je ne ferai pas de commentaires sur l'élection, j'ai juste peur
pour le CNC », déclare Goulven
Brest à l'issue de ce vote. Les tensions entre les membres du bureau
du CNC ne font que s'accroître au fil
du temps. Les uns reprochant aux
autres de ne faire avancer aucun
dossier. Ces derniers fustigeant les
premiers d'oppositions systématiques.
« Le CNC est ingouvernable tel
qu'il est aujourd'hui, affirme Gérald Viaud. Les présidents de CRC
ne doivent pas venir au CNC pour
défendre leur identité régionale
mais avec une vision nationale ou
même internationale des choses.
Par ailleurs, il faut savoir si on veut
un comité purement tourné sur
la production ou une réelle interprofession avec les distributeurs,
les écloseurs, les restaurateurs, les
poissonniers... Je n'ai pas réussi
à faire passer cette vision. Dont
acte. À l'impossible nul n'est tenu.
Je retourne en Charente. »
L'apogée de la crise est atteint
en janvier 2017, suite à l'annulation
à la dernière minute de plusieurs
réunions à Paris. Le ton monte,
beaucoup, Gérald Viaud parle de
« pugilat ». Il porte plainte contre
Goulven Brest et Jacques Sourbier
pour violences verbales et physiques et leur interdit l'accès aux
locaux du CNC. Dans un courrier
expliquant son geste, il dénonce
une administration « aux abonnés

f Philippe Ortin par intérim
Le prochain conseil du CNC dont
l'un des sujets sera la nouvelle
gouvernance du Comité national
aura lieu en septembre et se fera
sous la présidence de Philippe
Ortin. Celui-ci assure l'intérim en
tant que vice-président et s'estime
« tout à fait légitime pour prendre
la suite de Gérald Viaud, même si
je suis de Méditerranée ! Je vais
rencontrer les présidents de CRC,
le bureau. Certains présidents de
CRC voulaient que l'on travaille
différemment, je suis ouvert à
tout ».
De nouvelles élections professionnelles auront ensuite lieu dans
les CRC en janvier ou février 2018.
Puis au CNC en juin ou juillet. « Il est
souhaitable d'apporter des élé-

ments nouveaux et consensuels
à ces débats, écrit Gérald Viaud
aux membres du conseil. Vous en
avez les pleins pouvoirs et il sera
de votre responsabilité de faire
preuve de davantage d'esprit de
dialogue et de force constructive
que ceux auxquels j'ai assisté,
pour dépasser les calculs politiques ou seulement régionaux. »
Pour sa part, il ne se représentera
pas. « Au mois de janvier je me
retire de toutes mes responsabilités, confirme l'ancien président.
J'avais prévenu que je ne ferai pas
de troisième mandat au CRC ni
au CNC, c'était déjà programmé.
Je suis contre l'abus de mandat. »
M. L.-L.

Marion Larronde-Larretche

« Acculé vers la sortie », Gérald Viaud démissionne

Gérald Viaud a démissionné de ses fonctions de président et de membre
du conseil du CNC.

absents », qui n'a pas su « examiner
en détail nos propositions et nous
conseiller ».

Inacceptable
Alain Vidalies, alors secrétaire
d'État chargé des Transports, de la
Mer et de la Pêche, prend lui aussi
sa plume et intime à Gérald Viaud
de « revenir sur cette mesure qui
est manifestement disproportionnée ». Il souligne également
que « le report de la responsabilité de cette situation sur [son]
administration est inacceptable ».
Et nomme un médiateur dans la
foulée.
On est alors le 15 février, le
rapport du médiateur est attendu
pour le 15 mars. Mais sa mission
n'aboutit pas. Plusieurs présidents
de CRC réclament la tête de Gérald
Viaud, qui ne veut pas démission-

ner. « Lorsque la démarche repose
sur le seul départ de l'équipe
dirigeante, j'avoue ne pas saisir
le sens du mot médiation », se
défend-il. Fin avril, Alain Vidalies
réclame au président du CNC de
convoquer « dans les meilleurs
délais » un conseil exceptionnel
du CNC avec pour ordre du jour la
gouvernance du Comité national.
Le conseil est réuni le 1 er juin,
27 membres sont présents, six
accordent leur confiance au président du CNC mais seize votent
contre. Gérald Viaud refuse toujours de démissionner et attend
les instructions de son nouveau
ministre de tutelle. Instructions
reçues le 1er août. « Acculé vers la
sortie par l'administration », selon
ses propres termes, Gérald Viaud
rend son tablier.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

f Philippe Maraval sur le départ
Recruté en septembre 2015 par Gérald Viaud à la direction du CNC, Philippe Maraval devrait en repartir avec lui. Fonctionnaire détaché de la
direction des Pêches maritimes et de l'Aquaculture, issu du bureau des
cultures marines, son embauche au CNC avait fait grincer des dents dès le
début, son indépendance et son impartialité étant remises en cause par
plusieurs présidents de CRC. Là encore, Gérald Viaud fustige la « colère de
certains élus » face à ce recrutement qui s'était fait « après de nombreuses
consultations ». Deux ans plus tard, Philippe Maraval devrait réintégrer son
administration d'origine.
Cultures MARINES n°309 - septembre 2017

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