Cultures marines n°313 - 15

environnement

Actualité

Pesticides : +22 % entre 2008 et 2015
Alors que le plan Écophyto lancé en
2008 avait pour objectif de réduire
l'utilisation des pesticides de 50 %
d'ici 2018, la direction régionale et
interdépartementale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt
d'Île-de-France (Driaaf ) annonce
que l'usage des produits phytosanitaires a augmenté de 22 % entre
2008 et 2015 à l'échelle nationale.
Si les quantités d'insecticides répandues sont restées stables au cours
de ces sept années, le recours aux
fongicides a augmenté de 7 % et
l'utilisation d'herbicides a grimpé
de 26 %.
La Driaaf explique en partie ces
mauvais résultats par le contexte climatique. Les campagnes culturales
de 2008/2009 et 2010/2011 ont
connu des hivers rigoureux et des
printemps secs, la pression biotique
a donc été moindre et les pesticides
se sont révélés moins nécessaires.

A contrario, lors des campagnes
2011/2012 et 2014/2015, la température hivernale a été relativement
douce et les pluies plus fréquentes
au printemps, la pression biotique a
été plus forte et les pesticides davantage utilisés.
Selon la Driaaf, le contexte économique a aussi joué un rôle important.
Le cours des très grandes cultures
étant favorable, les agriculteurs
se sont tournés vers des espèces
comme le colza, parmi les plus rentables. Ce qui n'est pas pour arranger
la pollution aux pesticides.
Les ambitions du premier plan
Écophyto sont à présent inatteignables. En 2015, le ministre de
l'Agriculture, Stéphane Le Foll avait
repoussé ces objectifs à 2025 avec un
palier intermédiaire de -20 % à 2020.
Pas sûr qu'on en prenne le chemin.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Plastique : 200 pays s'engagent
contre la pollution

Quand l'oxygène fait défaut
Zones océaniques pauvres en oxygène

En rouge, les zones côtières, en bleu, les zones à 300 mètres de profondeur ; où la concentration en oxygène est inférieure à 2 mg/L.

Encore un effet du réchauffement
climatique, couplé pour l'occasion
à l'eutrophisation des eaux (1). Les
zones de haute mer dépourvues
d'oxygène sont quatre fois plus
nombreuses aujourd'hui qu'il y a
cinquante ans. Et le bilan n'est pas
meilleur près des côtes : le nombre de
sites à faible teneur en oxygène a été
multiplié par dix depuis 1950.
Ces conclusions sont le résultat
d'une étude internationale supervisée par la commission océanographique intergouvernementale de
l'Unesco. Elle souligne que dans les
zones mortes comme dans la baie
de Chesapeake, aux États-Unis, ou en
mer Baltique, la teneur en oxygène
est dorénavant si faible que les animaux meurent asphyxiés.
Dans d'autres secteurs où l'oxy-

gène est encore présent mais en
quantité moindre, la croissance
des organismes peut être freinée,
leur reproduction gênée ou encore
certaines maladies favorisées. « L'économie bleue ouvre d'immenses
opportunités, notamment dans
les pays en développement, à travers les énergies renouvelables, le
tourisme, l'aquaculture, ou encore
les biotechnologies, explique sur
son site le CNRS dont un des chercheurs a participé à cette étude. La
désoxygénation constitue ainsi une
menace pour tous les bénéfices
que l'homme tire des écosystèmes
marins. »
M. L.-L.
(1) L'eutrophisation est une surcharge
en nutriments, les nitrates par exemple.

Mieux protéger la biodiversité marine
Huit millions de tonnes de plastique seraient
jetés chaque année dans la mer.

Plus de 200 pays ont voté, début
décembre à Nairobi, au Kenya, une
résolution des Nations unies visant
à réduire la pollution engendrée
par le plastique dans les océans.
L'assemblée générale des Nations
unies avait déjà fixé comme objectif, d'ici 2025, de prévenir et limiter
la pollution marine de tous types,
en particulier celle résultant des
activités terrestres, y compris les
déchets en mer et la pollution par
les nutriments. Le raout de début
décembre a été l'occasion de revenir sur le sujet.
Selon le programme des Nations
u n i e s p o u r l 'e n v i ro n n e m e n t
(PNUE), 8 millions de tonnes de
plastique (bouteilles, emballages et

autres déchets) sont jetés chaque
année dans la mer. Les équipes de
l'expédition Septième continent
ont par ailleurs identifié pour la première fois des nanoparticules de
plastique dans des prélèvements
d'eau effectués au sein du gyre
subtropical de l'Atlantique nord. Il y
a donc urgence. « Nous avons désormais un accord pour envisager
un outil légalement contraignant
et d'autres mesures qui seront
prises au niveau international au
cours des 18 prochains mois », a
déclaré à l'agence de presse Reuters
le ministre norvégien de l'Environnement, Vidar Helgesen. C'est un
premier pas.
M. L.-L.

Respecter l'absence de perte nette
de biodiversité en mer telle que
l'a prévue la loi du 8 août 2016
sur la biodiversité est compliqué.
« L'autorité environnementale
nationale constate la difficulté
d'évaluer les impacts et l'insuffisance de mesures compensatoires
des impacts notables résiduels,
directs ou induits, notamment
pour les projets de parcs éoliens »,
écrivait Ségolène Royal en janvier
2017, alors qu'elle était ministre
de l'Environnement, de l'Énergie
et de la Mer. « Cette situation est
éminemment insatisfaisante. »
D'autant que le problème ne se
limite pas aux parcs éoliens mais
existe aussi avec les autres ouvrages
en mer ou l'extraction de granulats
marins.
Missionné sur le sujet, le conseil
général de l'environnement et du
développement durable (CGEDD)
estime que pour mettre en œuvre la

séquence éviter-réduire-compenser (ERC) prévue par la loi, « l'amélioration des études d'impact
est une priorité ». Il estime par
ailleurs qu'il faut renforcer la prise
en compte du milieu marin dans
les politiques publiques, accroître
le support scientifique et technique
des acteurs et enfin inscrire les
mesures ERC dans les processus de
planification.
« L'État doit imposer la prise
en compte du milieu marin dans
les instances régionales, assurer
l'accès de tous aux données et développer des outils opérationnels
pour les acteurs des territoires »,
souligne encore le CGEDD. Et
d'ajouter : « La mer est un milieu
vulnérable, producteur de nombreux services écosystémiques
qu'il convient de protéger dans
une logique de bien commun. »
M. L.-L.
Cultures MARINES n°313 - février 2018

Table des matières de la publication Cultures marines n°313