Cultures marines n°313 - 31

installation / transmission

Dossier

Sur un millier d'entreprises réparties
en Charente-Maritime, une trentaine cesse chaque année son activité, le plus souvent à cause du départ
à la retraite du dirigeant. En face,
les repreneurs sont une quinzaine
à venir frapper à la porte du CRC.
« Ça veut dire que nous perdons
des entreprises qui sont pourtant
viables économiquement, mais
qui finissent par être démantelées
faute de repreneurs, explique
Romain Peyraud, responsable des
reprises et créations d'entreprises au
sein du CRC. Le métier est pourtant
attractif et il peut être rémunérateur si on s'en donne les moyens.
La situation va rapidement devenir
problématique si on continue à
perdre une quinzaine d'entreprises chaque année. »
Pour inverser la tendance, un
large éventail d'aides est à la disposition des professionnels. À l'image
du Feamp (Europe), dont les fonds

Les aides du Feamp peuvent couvrir jusqu'à 50 % des investissements.

commencent à être versés, avec un
peu de retard à cause de la fusion
des régions. Pour les jeunes ostréiculteurs, ces aides couvrent 50 %

des investissements avec un plafond de 120 000 euros. Ils peuvent
les utiliser pour du matériel neuf,
d'occasion, des consommables ou

l'achat de foncier. En parallèle, les
ostréiculteurs installés depuis plus
de cinq ans peuvent eux aussi en
bénéficier, mais uniquement pour
du matériel neuf (calibreuses, chalands, élévateurs). Dans les deux
cas, une centaine de dossiers est
déposée chaque année.
Également impliqué dans le
soutien à la profession, le département de la Charente-Maritime
vient tout juste d'instaurer une aide
de 10 000 euros pour les nouveaux
arrivants. Un coup de pouce qui fait
suite au désengagement de l'État
sur les dotations jeunes agriculteurs
désormais réservées au monde
agricole. Les premiers fonds seront
versés à partir du printemps et le
CRC espère voir cette aide doublée
grâce à une participation de la
région Nouvelle-Aquitaine. (lire page
ci-contre).
David LABARDIN

« Un vrai coup de pouce financier »

À 25 ans, Samantha Maurat s'apprête à se jeter dans le bain. Avec
son conjoint, Kevin Fourel, la jeune
femme va reprendre l'entreprise
familiale créée il y a cinq générations sur les rives du chenal de
La Baudissière, à Dolus d'Oléron.
« Je ne les ai pas poussés du tout,
sourit le père, Guy Maurat. J'avais
d'ailleurs commencé à réduire
les stocks, faute de repreneur. Et
puis un matin, ils m'ont annoncé
la bonne nouvelle. »
Auparavant salariés dans l'optique et la boucherie, Samantha
Maurat et Kevin Fourel ont fait
leur choix il y a trois ans. Ils ont
appris sur le terrain et ont suivi un
parcours de qualification au centre
de formations professionnelles
pour adultes du lycée de la mer à
Bourcefranc-Le Chapus. Dernière
étape : les demandes d'aides
après avoir participé à une réunion
d'information du CRC.
Dans la foulée, les deux futurs
ostréiculteurs ont été reçus par
R o m a i n Pe y r a u d, s p é c i a l i s t e
des reprises et des créations
d'entreprises au sein de l'organisation professionnelle. Les fonds
européens du Feamp (50 % de
l'investissement) sont attendus
cette année pour créer un nou-

veau bassin, acheter un élévateur,
réinvestir dans des poches et des
tables ostréicoles. Une aide de
10 000 euros versée par le département de la Charente-Maritime doit
également tomber suite à la réalisation d'une étude économique
aux côtés de Jean Hartz, en charge
du point info cultures marines de
la chambre d'agriculture. « Nous
avons été très bien accompagnés, on se sent épaulés. Je ne
sais pas comment nous aurions
fait sans ces aides, c'est un vrai

coup de pouce financier », confie
Samantha Maurat.
Il faut dire que le couple projette de se lancer dans la vente
directe, voire dans l'expédition,
alors que l'entreprise familiale
est spécialisée dans l'export. En
face des cabanes d'artistes de
la Baudissière, et en bordure
de la future piste cyclable de la
route des huîtres, ils savent que
leur emplacement vaut de l'or.
« L'été, beaucoup de visiteurs
viennent nous voir. Cer tains

nous observent même à travers
les vitres », rapporte Kevin Fourel.
Et si certains « anciens » ont tenté
de les dissuader de se lancer dans
l'aventure, « quand on le fait avec
passion, on passe au-dessus de
tout ça », ajoute la jeune femme.
Une vocation qui ne serait pas un
cas isolé selon elle : « Autour de
nous, beaucoup reprennent des
entreprises familiales. On sent un
vrai mouvement, les jeunes ont
envie de prendre le relais. »
D. L.

Guy Maurat
(à gauche)
s'apprête à passer
le relais à sa fille,
Samantha Maurat,
et son gendre,
Kevin Fourel.

D. L.

David Labardin

Charente-Maritime : un éventail d'aides

Cultures MARINES n°313 - février 2018

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