Cultures marines n°315 - 31

captage

Dossier

Bretagne nord : des recrutements en hausse
trois sites surveillés par l'Ifremer
dans le cadre du réseau Vélyger,
l'année 2017 a été bonne mais
reste cependant loin des records
de l'année 2013.
Si ces trois sites sont particulièrement intéressants, c'est dû à la
configuration des lieux, la rade, et à
ses températures. 2016 faisait déjà
partie des bonnes années avec des
températures de l'eau au-dessus
des 17,5 °C, température moyenne
des quinze dernières années. 2017
est encore meilleure avec un mercure grimpant jusqu'à 21,3 °C, et
n'ayant pas grand-chose à envier
aux eaux méditerranéennes.
Bruno SAUSSIER

S.Pouvreau/Ifremer

Après une année 2016 plutôt correcte en termes de captage, le site
de la rade de Brest renoue avec les
bonnes performances en poursuivant sa remontée. La rivière du Faou
et celle de Daoulas sont en nette
progression avec une moyenne de
70 naissains d'huîtres creuses par
coupelle pour les deux sites (soit
respectivement +16 % et +55 %).
Quant à celui de Poulmic-Landevennec, que se partage une dizaine
d'ostréiculteurs depuis 2011 avec
des structures de captage démontables, il affiche un léger fléchissement des rendements comparés
avec 2016. Mais il offre toujours
de très bons résultats : autour de
100 naissains par coupelle. Sur ces

Meilleur spot de captage de la rade, le site de Poulmic-Landevennec
affiche une moyenne de 100 naissains par coupelle.

Vilaine : un bon captage au profit d'un petit nombre
« Nous avons connu une saison
exceptionnelle, résume Philippe Le
Gal. Mais nous n'observons de tels
phénomènes qu'environ une fois
tous les trois ans. » En compagnie
d'une petite dizaine de producteurs

du Morbihan, parmi lesquels les
frères Mahé, basés au Tour-du-Parc,
ou encore Nicolas Cabelguen,
implanté à Locmariaquer, l'ostréiculteur de Surzur se félicite de pouvoir
garnir ses poches avec ce naissain

capté à proximité, dans l'estuaire
de la Vilaine. Il réaffirme cependant
le côté aléatoire d'une telle source
d'approvisionnement et la nécessité
d'assurer des voies alternatives.
Le suivi de la reproduction des

Le recrutement
dans l'estuaire
de la Vilaine reste
très aléatoire.

huîtres creuses dans l'estuaire de
Vilaine a fait l'objet ces dernières
années d'un suivi régulier. Si ce
secteur étroit très sujet à l'envasement avait montré quelques
signes encourageants, à la différence des sites de Pénerf, du
Blavet et de Noyalo, il n'avait pas
non plus éveillé un enthousiasme
débordant. L'excellent cru 2017 doit
donc être relativisé, mais surtout
davantage instruit, selon Hélène
Cochet. « Beaucoup de professionnels posent leurs collecteurs
à l'aveugle. Il y aurait un intérêt
à mieux comprendre sur place
les dynamiques du recrutement
larvaire », assure la responsable du
bureau d'études éponyme, qui a
relevé l'an dernier une moyenne de
plus de 400 naissains par coupelle.
Bertrand TARDIVEAU

Quiberon: le renouveau des plates peut-il durer ?
Les années de pénurie s'éloignent,
et la baie de Quiberon semble redevenir le berceau de l'huître plate.
Mais pour combien de temps ?
Après l'excellent captage en 2015
(environ 110 naissains par coupelle)
et celui médiocre de 2016 (moins
de 30 naissains par coupelle), 2017
repart sur de bonnes bases avec
en moyenne quelque 80 naissains
par collecteur. « Avec la chaleur
et l'absence de vent relevées l'été

dernier, les conditions ont été très
propices à l'évolution des larves »,
estime Hélène Cochet qui assure le
suivi scientifique de ce secteur.
Il reste encore à voir comment
les naissains ont franchi les rigueurs
de l'hiver. « C'est encore un peu
tôt pour savoir, mais le captage
peut nous donner toute satisfaction », résume Ludovic Tanguy
qui a immergé environ 500 cages
remplies de coupelles ajourées et

chaulées. Ils sont une douzaine de
producteurs à commencer à sortir
leurs naissains avec l'arrivée du
printemps. Une moitié d'entre eux
ira ensuite à Cancale prolonger le
cycle. Les autres comme Ludovic
Tanguy poursuivront l'élevage à
plat dans le Morbihan.
Tous, ou presque, ont accepté
de reverser 1% de leurs naissains
afin d'alimenter les bancs amodiés
qui abritent les géniteurs de la baie.

Cette démarche vertueuse devrait
être encouragée par le programme
Forever qui œuvrera jusqu'en 2020
à mieux suivre et stimuler le recrutement des huîtres dans leur milieu
naturel en Bretagne. En attendant,
la prudence des ostréiculteurs reste
encore de mise, même si leurs
volumes devraient enfin repartir à
la hausse sur les marchés à partir
de l'an prochain.
B. T.
Cultures MARINES n°315 - avril 2018

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