Cultures marines n°316 - 26

techniques d'élevage

Dossier

Les paniers Seapa de plus en plus polyvalents

plus technique, plus sophistiqué
que la traditionnelle poche, coûte
évidemment plus cher. Mais il produit de très belles huîtres.
Cette méthode australienne
n'aura pas vraiment d'utilité dans
les régions très brassées qui
façonnent déjà naturellement des
spéciales. Utah Beach, Saint-VaastLa Hougue, pour ne citer que ces
deux-là. Mais ces zones exceptionnelles sont rares. Ailleurs, le panier
peut remplacer aisément et efficacement la répétitive manutention
des poches. Pour des produits

hors norme. Et l'entreprise Seapa
vise aujourd'hui encore de nouveaux marchés.
Les paniers investissent
aujourd'hui les claires (lire page
ci-contre) et peuvent accueillir
les huîtres naturelles. Un test de
300 paniers vient de démarrer en
Bretagne sud, avec des huîtres
nées en mer, peu réputées habituellement pour finir en spéciales.
Un nouveau pari pour la marque
australienne.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Le panier est cher à l'achat mais permet de gagner six mois sur un cycle d'élevage classique de trois ans.

Paniers suspendus : une vraie valeur ajoutée

S'ils sont autorisés par le schéma
d e s s t r u c t u re s n o r m a n d, l e s
paniers suspendus sont soumis
à l'instar des poches plates à la
même densité à l'hectare (6 000
poches). Or un panier suspendu
a un contenu trois fois plus faible
et son mode de fixation peut être
différent en étant accroché sur des
câbles ou des barres inox et non
sur des tables classiques.
Le CRC, le Smel, la DDTM et
l'entreprise de Fabien et Mickaël
Delisle de Blainville-sur-Mer ont
procédé à des mesures pour
inscrire cette pratique comme
une nouvelle technique d'élevage
ostréicole. « Dans l'esprit de
chacun, les paniers australiens
permettent aux huîtres
d'adopter une meilleure forme

cette technique peut s'adapter à
presque toutes les tailles d'huîtres
et toutes les zones d'élevage.
« Le panier permet de réduire la
charge de travail de 20 à 30 %,
ajoute Baptiste Foret, manager
de Seapa France. C'est très intéressant surtout en France où la
main-d'œuvre est assez chère.
Cela permet aussi de réduire
le temps d'élevage de six mois
environ, sur un cycle classique
de trois ans. C'est grâce à ça que
le producteur va s'y retrouver
financièrement. » Car le panier,

L'entreprise australienne Seapa
fête ses vingt ans d'existence et
affiche au compteur 1,5 million de
paniers utilisés de par le monde.
Implantée depuis douze années
en France, elle en a vendu « au
moins 200 000 » sur le territoire
national, calcule Patrick Drevici,
ambassadeur de la marque au
pays des poches sur tables.
À ses débuts, celui-ci recommandait cette technique dans
des zones pas trop exposées,
mais pas trop calmes non plus.
Au départ, Seapa ne proposait en
effet qu'un seul type de panier,
qui ne pouvait pas s'adapter à
toutes les situations. La méthode
australienne n'a pas suscité un
coup de foudre immédiat chez
les ostréiculteurs français. Certains producteurs ont essayé,
notamment en Bretagne sud, et
s'y sont cassé les dents. « Il y a eu
une progression spectaculaire
des ventes il y a trois-quatre
ans, liée aux nouvelles attaches
stormbreaker capables de
résister aux assauts de la mer »,
intervient Patrick Drevici.
Vingt ans après ses débuts,
grâce à la composition plastique très solide des attaches
stormbreaker, grâce aux systèmes
ingénieux pour faire bouger le
panier même dans les claires et
enfin grâce à la gamme proposée qui s'est largement étoffée,

Cultures MARINES n°316 - mai 2018

et d'accroître leur taux de chair,
mais nous n'avions pas de mesure
précise, pour en connaître les
réelles proportions », explique
Mickaël Delisle. C'est tout l'enjeu
de cette étude qui a débuté il y a
un an et qui apporte ses premières
conclusions.
Sous l'égide de Jean-Louis Blin,
chercheur au Smel, les études
démontrent que le panier suspendu apporte un équilibre entre
la performance de croissance et le
taux de chair.

Une croissance optimisée
« Pour cela, 48 poches ont été
garnies avec du n° 4, mixé entre
triploïde et captage naturel. Pour

comparer, des poches classiques
garnies avec les mêmes huîtres
étaient sur une table attenante
au parc test », explique-t-il.
Sur le parc expérimental de
Gouville -sur-M er, les paniers
Hexcyl ont été suspendus à trois
hauteurs différentes, 40 cm, 80 et
1,20 m et chargé à 60 individus
chacun alors qu'une poche classique contient entre 180 et 200
huîtres. Côté fixation, « même
si les tempêtes ont fait rage
cet hiver, les paniers ont bien
résisté », assure Mickaël Delisle.
« Mais le plus saisissant, c'est
l'optimisation de croissance, analyse Jean-Louis Blin. En moyenne,
après un an sur site et sans aucune manipulation humaine, on
obtient du n° 2 pour les triploïdes

et du n° 3 pour le captage, dans
des parcs au large. »
L'intérêt du système de balancier
est surtout notable sur l'indice de
forme : le rapport longueur + épaisseur/largeur. « Avec cette méthode,
on n'a pratiquement pas dénombré d'huîtres longues, mais au
contraire des huîtres parfaitement
proportionnées et affichant une
dureté de la coquille importante,
comme si elles étaient passées en
réserve », assure Jean-Louis Blin.
Côté remplissage, les lots ont
majoritairement répondu à l'appellation spéciale avec des indices de
chair allant jusqu'à 14 %, alors que
ce secteur de la côte ouest produit
des huîtres fines.
Ingrid GODARD

Table des matières de la publication Cultures marines n°316