Cultures marines n°316 - 37

reportage

Entreprise

Esat de Coutances, un fournisseur atypique

Sur le site de Coutances, l'établissement et service d'aide par le
travail (Esat) du Moulin de la mare
comprend 101 salariés. Dont cinquante dédiés au pôle mer. Avec
la proximité des grands secteurs
conchylicoles de Blainville-surMer et Gouville -sur-Mer mais
aussi du sud-Sienne, les demandes
affluent.
Sous la responsabilité de la
monitrice référente Marie-Laure
Small, une cinquantaine d'ouvriers
assure différentes missions à des
fins conchylicoles. « Nous avons
peu à peu développé les ateliers
pour répondre aux demandes,
assure Henri Kapp, le directeur de
l'Esat. La conchyliculture est une
grosse partie de notre clientèle,
elle représente 15 % du chiffre
d'affaires de notre établissement. »

Une entreprise presque
comme les autres
La première production, qui
date d'une quinzaine d'années,
concerne les crochets à huîtres.
« Nous en produisons selon les
années entre douze et quinze
tonnes par an, précise MarieLaure Small. Pour cela une machine a été spécialement conçue.
Elle coupe et met en forme des
crochets conchylicoles. Cette
machine est sous la responsabilité d'un de nos fidèles ouvriers,
qui connaît mieux la machine
que quiconque. Il en assure la
maintenance et veille à la production. Comme son âge tend
vers la retraite, nous lui avons
demandé de former un autre
technicien pour lui succéder. »
Les crochets sont conditionnés
en sac de 15 kg. Ces sacs sont vendus soit à l'unité soit en palette
de 500 kg avec un tarif dégressif

Ingrid Godard

Cinquante salariés de
l'établissement et service
d'aide par le travail de
Coutances fournissent les
ostréiculteurs en matériel.
Souﬀrant d'une déﬁcience
mentale, ils produisent
crochets à huîtres, poches,
tahitiennes, manchons
pour la mytiliculture. Et la
demande est soutenue.

50 000 unités de tahitiennes et de manchons sont confectionnées dans l'atelier de l'Esat le Moulin de la mare de
Coutances.

selon la quantité. « Nous faisons
face à une demande de crochets
de plus petite section, continue
la for matr ice. Nous pensons
pouvoir bientôt en fournir, mais
il faut investir dans un nouvel
outil. »
L'Esat fonctionne comme une
entreprise classique avec ses
clients, ses bons de commande
et des cahiers des charges à respecter. À quelques détails près.
Depuis 39 ans, l'Esat de Coutances
propose à des adultes handicapés
différentes missions de travail :
entretien d'espace vert, blanchisserie, encadrement ou travaux liés
au secteur maritime. La mission
première de ce centre médicosocial est l'insertion sociale et
professionnelle d'adultes porteurs
de déficience intellectuelle ou
mentale.

50 000 poches
prêtes à l'emploi
En plus des crochets, l'Esat
réalise aussi des poches à huîtres
prêtes à l'emploi. Ces poches sont
redécoupées puis thermocollées
pour répondre aux exigences de
dimension du client. Mais surtout
elles sont munies de crochets
prêts à être fixés aux tables. Le pro-

ducteur n'a plus qu'à les charger
en huîtres.
La fabrication de tahitiennes et
de manchons pour la mytiliculture
est aussi un secteur important
de l'atelier. Les manchons sont
découpés et thermocollés ; même
chose pour les tahitiennes.
Les ouvriers préparent ensuite
les cartons afin de faciliter le travail
du professionnel. « Nous produisons environ 50 000 unités de ce
type pour des demandes spécifiques et des grossistes. »

Une marée par an
pour les ouvriers
Pour la mytiliculture, le façonnage de filet à catin s'est développé.
« Nous découpons les filets aux
longueurs demandées par les
clients et on les agrafe à une extrémité. Pour certains mytiliculteurs,
nous positionnons même les filets
sur les chaises en quinconce. Ils
n'ont plus qu'à les poser sur les
pieux. » Pour éviter les erreurs, un
process rudimentaire de gouttière
permet aux travailleurs de ne pas se
tromper sur les longueurs.
« Avec la périodicité des fêtes
de fin d'année, nous fabriquons
des couvercles pour les
bourriches, continue Henri Kapp,

mais aussi des jonctions pour
solidariser les tables à huîtres
entre elles. »
Pour comprendre à quoi servent
toutes ces fabrications, les salariés
de l'Esat descendent une fois par
an à la marée. « C'est un client qui
nous propose de venir découvrir
l'activité, précise Henri Kapp. Cela
permet de passer une bonne
journée au grand air mais aussi
d'expliquer les processus d'élevages d'huîtres et de moules.
C'est très motivant pour toute
l'équipe. »
Face aux demandes de sur-mesure, le directeur souhaite continuer à développer le pôle mer
et de nouveaux ateliers. « Nous
répondons et étudions toutes les
demandes des conchyliculteurs
pour voir si nous sommes en
mesure de les réaliser, conclut-il.
C'est un secteur d'activité très
sympa et sans monotonie pour
les ouvriers qui passent d'une
fabrication à une autre. Ils apprécient énormément ces travaux.
Et collectivement, nous sommes
très heureux de contribuer à
l'activité phare du département
de la Manche. » Département
qui compte quatre Esat sur son
territoire, réunissant 800 salariés.
Ingrid GODARD
Cultures MARINES n°316 - mai 2018

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