Cultures marines n°316 - 39

proﬁl

Entreprise

déconstruire le château du grand-père »

M. L.-L.

sera pas d'accord. On ne peut pas
déconstruire le château du grandpère. »
Le groupement comptait 265 adhérents à l'indication géographique
protégée (IGP) en 2012-2013, ils
étaient 244 pour la saison 20172018. Les volumes, eux, sont quasi
stables voire en légère augmentation sur cette même période (environ 18 000 tonnes pour l'IGP l'année
passée). « On a perdu une tranche
des ostréiculteurs qui vendent en
direct. Ce sont souvent de petites
entreprises qui ont plus de mal à
honorer les contraintes liées au
cahier des charges. La hiérarchie
des contrôles paraît lourde, mais
elle garantit au consommateur les
signes officiels. »

Chiron fils commercialise 320 tonnes d'huîtres par an.

a augmenté proportionnellement
à l'opposition que l'on avait sur le
maintien des signes officiels de
qualité. » À cause des mortalités
qui sévissent dans les claires depuis
2012, certains producteurs souhaiteraient voir les règles d'affinage
s'assouplir. « Je sais que l'Inao ne

La plus grosse concurrence
faite aux huîtres labellisées de
Marennes - Oléron ne vient pas
forcément de ces plus petites exploitations parties du groupement
mais de celles qui vendent en leur
nom propre et « embrouillent la
visibilité ». Laurent Chiron ne va pas
leur jeter la pierre, il a cédé lui aussi
aux sirènes de la tentation. « Nous
avons mis en place une spéciale
Chiron fils, il y a trois-quatre ans

Marion LARRONDE-LARRETCHE

M. L.-L.

pourcentage au fil du temps. « Il
ne faut pas être rétrograde, on
constate bien que la triploïde est
plus rentable. » Mais la progression
s'est arrêtée à 50-50. Pas plus. « C'est
stratégique, on lutte pour ça. Si
j'avais laissé faire les choses on
ferait sûrement plus de triploïdes
mais je tiens à conserver une partie de naturelles. » Pourquoi ? Pour
éventuellement viser la labellisation
bio un jour ou l'autre. Et pour son
indépendance.
Élu à la tête du groupement Marennes - Oléron le 26 février dernier
avec 56 voix contre 36 pour Annie
Aubier, aujourd'hui vice-présidente
du comité régional conchylicole,
Laurent Chiron martèle, là encore,
ses principes fondamentaux, ici la
nécessaire pérennité de la structure.
« Il n'y a pas une huître en Europe,
qui détient des signes officiels
de qualité en dehors de celles de
Marennes - Oléron, répète-t-il à
l'envi. On a un trésor mais on n'en
est pas conscient. Nous devons
avoir la mémoire de ce qui a été
mis en place depuis le premier
Label rouge et ne pas détricoter
tout ça. »
Après trois mandats de vice-président à l'ombre de Jean-Pierre Suire,
Laurent Chiron avait la « légitimité »
pour se présenter à sa succession.
« Ma motivation [NDLR : pour
prendre la présidence du groupement]

En nom propre

pour amener de la notoriété à
l'entreprise et satisfaire l'export »,
explique-t-il.
En termes de commercialisation
aussi, Laurent Chiron a diversifié les
parcours pour conjurer la dépendance. « En 1992, on faisait 95 % de
notre chiffre d'affaires avec Carrefour », précise le chef d'entreprise.
L'enseigne reste un très gros
client mais un parmi d'autres,
comme Leclerc. Et à présent, la
grande distribution ne représente
plus que les deux tiers des ventes
(en volume) de l'entreprise. « On
pratique presque tous les réseaux
de distribution, insiste Laurent
Chiron. On vend des huîtres en
gros à la GMS, un peu aux poissonniers et aux restaurateurs,
à l'export, et on pratique sans
retenue la vente directe. Sur ce
secteur, nous avons doublé les
volumes en moins de dix ans. »
Quelque 70 tonnes sont ainsi
écoulées sur une quinzaine de
marchés dans la région parisienne,
cinq autres en Haute-Savoie et un
point de vente dans la Marne. « Et
comme on a encore quelques
week-ends de libre, on fait des
salons. » Attention, l'addiction au
travail n'est pas loin...

Aujourd'hui, l'entreprise produit 90 % des spéciales qu'elle vend, grâce à ses filières.
Cultures MARINES n°316 - mai 2018

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