Cultures marines n°326 - 28

28 DOSSIER

Comment se lancer à l'export ?
Mutualisation

La clef de la réussite
Pour se lancer à l'export, repenser son entreprise avec l'appui de Business France,
et adopter une démarche interprofessionnelle sont des atouts de poids.

Le meilleur moyen
de se lancer à
l'export est
d'y aller
accompagné.

lées seules, sans accompagnement, sans stratégie
de développement dans la durée. »
ASSURANCE
Se lancer à l'export est un travail de longue
haleine où son investissement initial exige
quelques années de patience. Il est également important de pouvoir produire sufﬁsamment pour couvrir son investissement.
Autre élément incontournable : l'assurance.
S'assurer contre les risques empêche d'impacter sa trésorerie en cas de problème
comme un embargo. « On parle d'un secteur
où il y a beaucoup de TPE et PME. Pour être efﬁ-

David Labardin

usiness France a créé avec les CCI
des guichets uniques : 250 conseillers
internationaux répartis sur le territoire, dont cinquante spécialisés dans
l'agroalimentaire. « Il faut éviter la situation
où l'on frappe à deux portes, mais on oublie la
troisième, la plus importante. En ayant un seul
référent export, on évite cet écueil », explique
Thierry Achard de Vente, directeur de CCI
international Normandie, la région pilote de
ce dispositif.
Dès cet automne, il n'y aura plus qu'un seul
interlocuteur dans chaque région. Un coup
de ﬁl et vous êtes rappelé dans les 48 h par la
personne qui deviendra votre référente. Un
rendez-vous est ﬁxé durant lequel un premier bilan de votre entreprise sera réalisé. Un
diagnostic approfondi peut ensuite être réalisé. Cette aide qui va jusqu'à 75 000 euros
permettra de couvrir également les missions
de prospection, la participation à des salons,
la traduction de plaquettes et site web ou
encore l'obtention de brevets et certiﬁcats.
Elle permet en outre d'embaucher dans son
pays-cible une personne durant six mois à
deux ans en VIE, volontariat international en
entreprise.
Pour Christophe Monnier, directeur du
département agrotech de Business France,
le constat est cinglant : « Quand les entreprises
échouent à l'export, c'est par ce qu'elles y sont al-

cace, il est essentiel de se regrouper et de mutualiser les ressources », insiste Christophe Monnier,
l'expert export de Business France. D'autant
plus que « l'ostréiculture connaît une belle internationalisation, raconte-il, mais beaucoup d'entreprises ratent des marchés, faute d'une bonne
organisation ».Pour donner un coup d'accélérateur à la ﬁlière, depuis le début de l'année,
les conseillers internationaux démarchent les
entreprises réalisant déjà un chiffre d'affaires
à l'export supérieur à 100 000 euros par an
pour les aider à développer ce volet de leur
activité.
Julie Lallouët-Geffroy

MARENNES - OLÉRON LA JOUE COLLECTIF

our les adhérents du groupement
qualité Marennes - Oléron, l'export
est un marché qui se conjugue à plusieurs. Depuis dix ans, l'organisation de
producteurs prévoit des déplacements
vers le Seafood de Bruxelles et vers son
homologue asiatique à Hong Kong. Une
démarche qui permet de vaincre la barrière de la langue, de se familiariser en
douceur avec les termes spéciﬁques à
l'ostréiculture, mais surtout de mutualiser les coûts.
Sur place, chacun communique sur les
huîtres Marennes - Oléron en général,

Cultures marines n°326 Mai 2019

sans cartes de visites personnelles. « La
concurrence entre les établissements n'intervient qu'au retour quand la liste des prospects est distribuée à chaque participant »,
explique Laurent Chiron, le président
du groupement. Même si la plupart des
participants sont des habitués, certains
petits nouveaux viennent régulièrement
frapper à la porte. À l'image de Ludovic
et Nadia Lestrat (L'Océan de l'Huître à
Marennes) pour le prochain salon de
Bruxelles début mai. « Nous exportons
déjà un peu aujourd'hui mais nous avons une
grosse marge de progression. Tout seul, il au-

rait été très compliqué de se payer un stand »,
explique l'ostréiculteur.
Si le système a fait ses preuves, au
point d'être repris par le département et
le CRC lors d'un salon à Dubaï ﬁn 2018,
le groupement a parfois été moqué au
début de l'aventure. « Certains nous raillaient en disant que nous étions obligés de
nous regrouper pour payer un stand. Mais ils
rigolent beaucoup moins aujourd'hui, parce
que le système fonctionne depuis dix ans et
qu'il n'est pas près de s'arrêter », ajoute
Laurent Chiron.
David Labardin

Cultures marines n°326

Table des matières de la publication Cultures marines n°326