Cultures marines n°326 - 29

DOSSIER 29

Comment se lancer à l'export ?
Rentabilité économique

L'intérêt de l'export n'est pas tranché

ietnam, Chine ou encore Émirats
arabes unis. Les destinations importatrices d'huîtres ne manquent pas.
« Le comité régional normand reçoit régulièrement des mails de grossistes ou importateurs
qui recherchent des producteurs susceptibles de
leur fournir des huîtres, explique Jean-Marc
Jacquette, chargé de mission au CRC. Nous
transférons ces demandes aux ostréiculteurs
mais notre job s'arrête là et n'avons pas de
suivi. »
Côté producteurs, si nombre d'entre
eux se sont essayés à l'export, beaucoup
n'ont pas souhaité poursuivre. Le motif ?
La rentabilité économique de l'opération.

ment à la hauteur des efforts fournis. Dans
le Calvados chez Marc Vivier, ostréiculteur
à Asnelles-Meuvaines, on retrouve le
même sentiment. « J'expédiais vers la Chine
quand les prix étaient intéressants mais aujourd'hui le marché est à l'arrêt. Les acheteurs
veulent des prix identiques à ceux pratiqués
par la grande distribution française. Cela n'a
plus d'intérêt surtout que cela nécessite des démarches administratives importantes et la mise
en place d'un circuit logistique spéciﬁque. »
À Blainville-sur-Mer, Mickaël Delisle

MARCHÉ NATIONAL
« Je préfère me concentrer sur le marché national, explique Romain Verneuil, ostréiculteur à Gouville-sur-Mer, j'ai essayé d'expédier via un grossiste, mais cela reste compliqué
notamment au niveau des démarches administratives. » De l'avis des personnes interrogées, le résultat ﬁnancier n'est pas forcé-

Ingrid Godard

Exporter loin
reste compliqué,
il faut une bonne
logistique et
du volume
pour s'en sortir.

a aussi tenté l'aventure et s'est rendu
compte rapidement que ﬁnancièrement,
l'opération n'était pas jouable. « Il faudrait
un commercial dédié à l'export qui prospecte sur
les marchés internationaux. Dans ma structure
familiale, j'assure ce rôle et cela me prendrait
trop temps de créer un réseau uniquement pour
l'export. » Quant aux grossistes, aucune des
entreprises contactées n'a souhaité communiquer sur les modalités de paiement et
les problèmes de retours.
Ingrid Godard

Label rouge

Les moules de ﬁlières visent de nouveaux marchés

mieux ces quatre années d'attente avant
de se positionner à l'export. Le Label
rouge a donc été véritablement lancé
en 2018 avec près de 300 tonnes de
moules répondant aux contraintes du
cahier des charges. « Jusqu'à maintenant,
nous n'avions ni les volumes ni suffisamment confiance en l'avenir. C'est maintenant le moment de nous lancer », explique
le mytiliculteur Benoît Durivaud, viceprésident du CRC de Charente-Maritime
et de l'association des producteurs
de moules de filières Label rouge des
pertuis (Aprofil).
David Labardin

epuis l'obtention de leur précieux
label en 2015, les producteurs
de moules de filières n'ont pas
vraiment été à la fête. Entre les épisodes de surmortalités successifs et les
taux de chair décevants, on comprend

Le label rouge a véritablement été lancé en 2018
avec 300 tonnes produites.

SEAFOOD
Après un coup d'essai en ﬁn d'année dernière à Dubaï (sous la bannière du CRC),
Aproﬁl tiendra son propre stand début mai
lors du prochain salon Seafood expo de
Bruxelles. Quatre entreprises, dont celle
de Benoît Durivaud, représenteront l'asso-

ciation. Une première pour le producteur
de Charron .
Outre la perspective de mieux se faire
connaître, l'homme entend se positionner pour conquérir de nouveaux marchés.
« Aujourd'hui, l'export de moules se concentre
sur l'Espagne, un peu en Suisse, en Allemagne
ou en Italie, mais il s'agit avant tout d'un marché national. Cela dit, les grands chefs étrangers sont à la recherche de produits qualitatifs
français, et les moules de ﬁlières Label rouge en
font partie. Il y a des parts de marché », ajoute
Benoît Durivaud. Le 16 avril dernier, le
Parlement européen a approuvé l'adhésion de l'Union européenne à l'acte de
Genève sur les appellations d'origine et les
indications géographiques (IG).
Dans l'attente d'une décision déﬁnitive,
cet accord permettrait d'étendre la reconnaissance des indications géographiques
européennes partout dans le monde.
David Labardin
Cultures marines n°326 Mai 2019

Cultures marines n°326

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