Cultures marines n°326 - 35

DOSSIER 35

Comment se lancer à l'export ?
Hong Kong

Un export sous contrôle
prix d'achat corrects. « J'expédie en région
parisienne environ deux fois par semaine, entre
quatre et huit paniers de huit kilos chacun. Il
les achemine ensuite à Hong Kong, c'est plus
facile pour moi. »
CHARNUES
Côté organisation, l'ostréiculteur est prévenu longtemps à l'avance des commandes.
« Je dois envoyer les formulaires par courrier pour
l'export à la DDPP et attendre qu'on me les retourne sur papier. » Au départ, il étiquette ses
bourriches en français. « Je ne sais pas s'il y
a un sur étiquetage en cantonais ou anglais par
contre je tiens à ce que la mention : Ces coquillages doivent être vivants au moment de leur
achat, soit bien spéciﬁée. »
Côté sanitaire, il fournit régulièrement
toutes les analyses en sa possession, pour
une plus grande transparence. « Je n'ai jamais
eu aucun retour négatif. Mes huîtres sont a priori
vendues à l'unité dans des boutiques de luxe. »

Ingrid Godard

oilà presque deux ans qu'André-Gilles Taillepied, ostréiculteur à Isigny-Grandcamp dans le
Calvados, exporte ses huîtres spéciales
vers Hong Kong. « De petites quantités car je
n'étais pas spécialement décidé à exporter mes
huîtres, annonce André-Gilles Taillepied.
J'ai reçu un courtier avec son acheteur hongkongais qui voulait absolument des huîtres
spéciales d'Isigny pour les proposer là-bas. »
L'ostréiculteur qui avait eu une expérience malheureuse quelques années
auparavant avec un pays d'Europe, reste
prudent. « Je préfère privilégier les petits
clients que travailler avec la grande distribution. C'est certainement plus de travail mais
c'est plus serein. » Il en est de même avec
son grossiste à l'international. « Il sait que
je ne laisserai pas tomber mes clients ﬁdèles.
Travailler avec lui est possible car nous avons
ﬁxé de bonnes conditions. » Son acheteur ne
recherche que des huîtres bien charnues
entre 120 et 130 grammes, et offre des

Le soin apporté par André-Gilles Taillepied à son
élevage lui a permis d'être sollicité pour l'export.

Ingrid Godard

Medithau

Une 3e ﬁliale de production s'implante au Japon

Hélène Scheffer

Florent Tarbouriech exporte sa technologie
d'élevage en suspension automatisée au Japon.

e 11 janvier 2019, Florent Tarbouriech
a officiellement créé sa société de
production au Japon, dans la région de Kyoto. Médithau poursuit ainsi
son développement à l'étranger sur
deux axes complémentaires : l'export
d'huîtres dans une dizaine de pays, de la
Roumanie à la Chine mais aussi l'export
d'un savoir-faire et d'une technologie
brevetée. C'est donc la 3e filiale mise
en place par Th'o lagoon, la holding
mère créée il y a cinq ans pour investir à
l'international.
« Nous sommes capables de dupliquer la
technologie, liste le PDG. Le succès de l'export de savoir-faire, c'est une super lagune,
avoir une méthode d'élevage, un marché potentiel et un modèle économique. Enﬁn, il faut
un super partenaire sur place pour convaincre
l'écosystème local. »
Durant ces cinq années, l'homme s'est
implanté dans le delta de l'Ebre avec
dix tonnes produites pour le marché his-

panique, puis dans le delta du Pô en Italie
avec vingt tonnes cette année.
Le projet nippon a lui démarré en 2015.
« Je n'imaginais alors que la Méditerranée, se
rappelle le PDG. Découvrir des spots ailleurs,
explorer le marché local, partager cette envie
d'innovation, exporter notre matériel breveté
et notre savoir-faire, trouver le personnel et
payer les services juridiques. C'est un budget à
penser et une disponibilité, mais c'est excitant. »
Une démarche que Florent Tarbouriech
continue de développer, désormais vers le
Maroc et les États-Unis.
MAROC
Du côté de l'export de la Tarbouriech,
huître haut de gamme, la situation est plus
complexe reconnaît l'entrepreneur.
« Avec les crises sanitaires, les protectionnismes nationaux, les conditions de transport et
de paiement, il faut vendre cher pour couvrir les
risques. Ça devient de plus en plus compliqué. »
Hélène Scheffer
Cultures marines n°326 Mai 2019

Cultures marines n°326

Table des matières de la publication Cultures marines n°326