Cultures marines n°326 - 36

36 DOSSIER

Comment se lancer à l'export ?
Pays du Golfe

n connaissait le programme sé les deux producteurs charentais un peu
Horizon Chine du département de circonspects. « La capitale Mascate compte à
la Charente-Maritime, voilà main- peine 26 000 habitants. C'est une petite ville
tenant le dispositif Horizon International nichée au milieu du désert où les gens ne sont
mené avec plusieurs départements voi- pas du tout habitués à manger des huîtres »,
sins. Dernier déplacement en date : les précise Jacques Cocollos. De son côté,
Émirats arabes unis et le sulPascale Baudet y a rencontré
tanat d'Oman en novembre
des importateurs intéressés
À DUBAÏ,
dernier. Aux côtés des autres
par... des moules congelées.
LES CLIENTS
producteurs et chefs d'entreLe potentiel est tout autre
VEULENT
prise, deux conchyliculteurs
aux Émirats arabes unis,
DES PRIX BAS.
ont fait le déplacement sous la
d'autant plus que les deux
bannière du CRC de CharenteCharentais y ont tenu un stand
Maritime: Pascale Baudet pour les moules à Dubaï, dans un grand salon culinaire inde ﬁlières Label rouge et Jacques Cocollos, ternational. « Les clients veulent surtout des
pour les huîtres HCM.
huîtres à bas prix et nous ne sommes peut-être
Même si les pays du Golfe ne constituent pas les mieux placés sur ce créneau-là », pourpas un marché très important aujourd'hui, suit Jacques Cocollos. Les contacts récoltés
« il faut s'y développer », explique le pré- lors de ce déplacement ont été transmis
sident du CRC, Daniel Coirier. Sur place, au CRC si d'autres professionnels sont
le sultanat d'Oman a tout de même lais- intéressés. L'expérience reste malgré tout

Département de la Charente-Maritime

La Charente-Maritime prospecte

À Dubaï, les producteurs étaient présents
au grand salon culinaire international,
le Speciality food festival.

positive comme l'explique l'ostréiculteur
de Bourcefranc-Le Chapus : « Tous les marchés sont intéressants, à nous de faire du mieux
possible pour les développer. De toute façon, à
part pendant les fêtes de ﬁn d'année, le marché est extrêmement morose en France. »
David Labardin

Eldorado

L'Amérique en ligne de mire

oilà le grand marché dont rêvent les
professionnels. Un continent producteur d'huîtres, qu'il s'agisse du Canada
ou des États-Unis, mais qui pourrait succomber aux charmes de l'ostréiculture à la fran-

çaise. À ce jour pourtant, le pays de l'érable
est encore peu exploré et les États-Unis
gardent leur marché fermé pour raisons sanitaires. « Nous espérions des accords commerciaux
sous la présidence de Barack Obama mais Donald
Trump semble avoir bloqué le dossier », regrette
Laurent Chiron, président du groupement
qualité Marennes -Oléron.

David Labardin

DIVERSIFICATION
À Bourcefranc-Le Chapus en CharenteMaritime, Jacques Cocollos fait partie de
ceux qui avancent leurs pions. L'homme
projette de s'implanter prochainement au
Canada pour diversiﬁer son export axé sur
la Chine. « Je ne sais pas s'il s'agit d'un grand
marché, mais il faut se diversiﬁer. C'est aussi une
façon d'être bien placé le jour où le marché américain ouvrira ses portes », explique celui qui
exporte 80 % de sa production.

Cultures marines n°326 Mai 2019

L'ostréiculteur Jacques Cocollos projette de
s'implanter au Canada pour diversiﬁer son export.

À l'image des meilleurs vins rosés prenant la route des États-Unis, « avec des
consommateurs qui ne regardent pas à la dépense » dixit Jacques Cocollos. Lui croit dur
comme fer au marché américain, même si
la production locale est de qualité, surtout
sur la côte paciﬁque. « L'horizon a l'air de se
dégager », estime-t-il.
À y regarder de plus près, les perspectives de développement sont de
toute façon limitées. Singapour ou la
Thaïlande restent des niches et le marché chinois est très concurrentiel. Au
Vietnam, la plupart des professionnels
se heurtent à des problèmes administratifs, hormis une poignée d'ostréiculteurs bretons.
Quant aux pays du Golfe, ils restent,
eux aussi, un marché de niche. « La diversiﬁcation est pourtant indispensable, pour ne
pas se retrouver coincé comme l'été dernier
quand les commandes ont brusquement chuté
en Chine après une alerte sanitaire », ajoute
l'ostréiculteur bourcefrançais.
D. L.

Cultures marines n°326

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