Cultures marines n°327 - 19

méditerranée

RÉGIONS 19

Crises sanitaires

Christophe Forès tient bon

sont ensuite collés dessus, et les mortalités se sont
poursuivies. Je comptabilise 70 % de pertes. »
Puis le phytoplancton vert s'est installé dans
la lagune, et a stoppé les pousses. Les volumes qu'il a pu vendre au cours de l'hiver
s'en sont trouvés drastiquement réduits.
« D'habitude, je peux tirer sept tonnes par table,
là j'ai dû avoir une tonne ou une tonne et demie
d'huîtres. »
Ses parcs étant situés vers Bouzigues,
le phénomène semble s'être amenuisé
ﬁn février. « Sans doute plus tard à Mèze et

Christophe Forès trie
ses petites huîtres
avant de les remettre
en pearlnets.

Hélène Scheffer

e plancton était tellement épais que l'eau de
mon bassin était dégoûtante ! » se souvient
Christophe Forès, conchyliculteur de
Thau. « Les prélèvements et les résultats étaient
impeccables, mais on n'y voyait rien tellement
l'eau était opaque. » Alors qu'il remplit ses
pearlnets de petites huîtres qui ont survécu,
Christophe Forès espère que la succession
d'événements phytosanitaires va enﬁn s'arrêter. « À cause de la malaïgue d'août dernier,
j'ai perdu près de 40 % d'huîtres, décrit-il. Mais
les bijus [espèce d'Ascidie] et autres invertébrés se

Labels

Vers une IGP et un Label rouge

st-ce la dernière ligne droite ? Fin
mai, l'organisation des producteurs
(OP) de Thau et le comité régional
de la conchyliculture devaient rendre le
dossier de demande d'IGP, indication
géographique protégée, pour l'huître de
Thau, après un an de travail. L'équipe a été
accompagnée par la structure régionale
Irqualim, spécialisée dans le soutien aux
démarches qualité du secteur agroalimentaire. Le dossier a été validé à l'échelle régionale et doit désormais être instruit au
niveau national.
L'OP vient aussi de réunir un deuxième
groupe de travail pour lancer la démarche
de Label rouge. « Nous ne souhaitons pas
attendre la réponse de l'Inao concernant l'IGP,
ajoute Jean-Christophe Cabrol, vice-président du CRC de Méditerranée, car pour les
deux dossiers, le territoire et les bases de travail
sont les mêmes. » Et de pousuivre : « Nous
continuons à travailler avec Valérie Domine,

l'ingénieure qualité de l'Irqualim. Cette spécialiste des démarches collectives pour les signes
ofﬁciels de qualité nous aide à mettre au clair
le ﬁl conducteur du futur cahier des charges. »
VALORISATION

L'OP de Thau a aussi presque bouclé son
projet de transformation d'huîtres de
gros calibres, mal commercialisées. « Nous
n'achèterons pas des huîtres mais un taux de
chair », précise Jean-Christophe Cabrol.
Veloutés, rillettes ou mousses, des recettes
sont au point. Quelques verrous techniques sont encore à lever, notamment le
décoquillage mécanisé, mais la démarche
marketing a déjà été pensée par des étudiants de la Montpellier business school.
« Leur travail nous y prépare bien, juge-t-il.
Pour l'instant, nous sommes en sous-production
mais on ﬁnalise la préparation, et tout sera prêt
quand il faudra se lancer. »
H. S.

Marseillan », estime le conchyliculteur, qui
connaît bien la lagune pour y avoir pratiqué plusieurs dizaines d'années son activité
de pêche. Heureusement, la météo froide
d'avril et mai a permis de faire repartir la
pousse. Malgré tout, « j'ai un décalage de plusieurs mois dans ma trésorerie, alors qu'il faut
payer les charges et racheter du naissain. En espérant qu'il ne meure pas... On dit tous cela en
ce moment. »
RELÈVE

Comme la majorité de la profession, le
parqueur travaille seul. Issu d'une famille
de conchyliculteurs de Sète - son père, ses
deux oncles, des cousins étaient dans le métier - il se demande quel est l'avenir de la
profession. Autour de son établissement, les
mas se sont vidés. L'espoir de voir la relève
s'amenuise. « Avec toutes ces difﬁcultés, nous ne
sommes plus que trois alors que nous étions une
dizaine à travailler de mon côté. Et deux devraient
arrêter en ﬁn d'année. Ni mon ﬁls ni ma ﬁlle ne
veulent faire ce métier. Les jeunes ne veulent pas
reprendre. Je dois tenir encore quelques années,
mais parfois, je me dis que si c'était à refaire, pas
sûr que je referai ce choix. »
Hélène Scheffer

Mystère sur les rives de Thau.
La ville de Balaruc-les-Bains enlève-t-elle
les zostères ? Un agent aurait été vu
creusant la lagune en tractopelle.
La ville aurait l'autorisation d'enlever
les algues mortes sur la plage. Les agents
arrachent-ils aussi celles qui sont dans
l'eau ? L'organisation des producteurs
de Thau a déposé plainte contre la
commune pour la destruction de ces
plantes aquatiques qui enrichissent le
milieu marin. Affaire à suivre...
Le CRC se réunit le 17 juin.
Le CRC de Méditerranée tiendra son
assemblée générale le 17 juin, à partir de
14 h 30, salle Nelson Mandela,
à Loupian.
Enquête sur les boues rouges.
Le tribunal de Marseille a ouvert une
information judiciaire sur le dossier des
boues rouges. L'instruction fait suite à
la plainte déposée par des associations,
des pêcheurs et des riverains du site de
stockage des boues, en avril 2018.
Cultures marines n°327 Juin 2019

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