Cultures marines n°327 - 4

4 ÉVÉNEMENT
Six millions de poches ostréicoles sont utilisés sur plus
d'un millier d'hectare de concessions en Normandie.

Julie Lallouët-Geffroy

Plastique

Anticiper et gérer ses déchets
Le plastique, ce matériau fantastique aux effets pervers, est partout,
y compris dans la filière conchylicole. Pour limiter sa dissémination,
la profession tente de s'organiser.

e sont ceux qui vivent de la mer
qui la souillent ». L'attaque de
promeneurs et écologistes
de la baie du mont SaintMichel, dans un article de France
info en février dernier, est sévère. Ils
qualiﬁent la conchyliculture de « plasticulture ». De fait, en cette période
de coups de vent et tempêtes, les déchets en plastique issus de la conchyliculture jonchent les plages. Un
coup dur pour une profession qui se
présente comme sentinelle de l'environnement. Mais qui est aussi une
grande consommatrice de plastique
pour ses poches, ﬁlets ou coupelles.
Accuser les conchyliculteurs d'être
des plasticulteurs-pollueurs serait
aller un peu vite en besogne même
si cet enjeu devient essentiel en ce
8 juin, journée mondiale de l'océan
dédiée cette année... à la pollution
plastique.
Aucun recensement exhaustif
n'existe sur la quantité de déchets
conchylicoles en France, mais certaines études fournissent des indices.
« Les déchets sur les plages ont un gros
Cultures marines n°327 Juin 2019

impact visuel mais en réalité, moins de
1 % du matériel part à la mer », estime Benoit Salaun, conseiller du
CRC de Bretagne nord. Environ
5 000 poches, cônes et sacs ont été
collectés sur les plages en 2018, un
chiffre stable depuis plusieurs années.
QUANTIFIER

En Charente-Maritime, la Ligue de
protection des oiseaux (LPO), en
partenariat avec le CRC, a réalisé un
recensement sur 2017-2018 auprès
d'une cinquantaine de conchyliculteurs. Pauline Loubat de la LPO détaille les résultats : « Nous avons 3 %
de pertes en mer pour les coupelles, soit
150 000 coupelles. 2 000 poches perdues, soit 0,6 %. 14 % de pertes pour
les bouées de ﬁlières soit une centaine de
bouées. »
En Normandie, le rapport Seaplast
s'est intéressé au recyclage du matériel. Publié en 2017, Synergie mer
et littoral, le Smel auteur de l'étude,
estime que six millions de poches
sont en circulation sur plus d'un
millier d'hectare de concessions.

435 tonnes de poches deviendraient des déchets chaque année,
soit 10 %. Ce taux de renouvellement comprend l'usure et la perte
en mer. Les tahitiennes et manchons
utilisés en mytiliculture représentent
douze tonnes de déchets par an.
Entre 70 et 140 tonnes pour les ﬁlets classiques et de protection. En
ajoutant les crochets et élastiques,
constitués de caoutchouc, on en
arrive à un total situé quelque part
entre 500 et 900 tonnes de déchets par an pour ce bassin. Dans
Pour une véritable lutte mondiale contre
les plastiques. Le comité scientiﬁque de la
Commission européenne appelle dans un rapport,
publié ﬁn avril, à une politique proactive en matière
de lutte contre les plastiques. Il souhaite une meilleure
connaissance scientiﬁque sur les liens entre plastique,
microplastique, nanoplastique et santé humaine, à
l'échelle internationale. Le rapport propose également
de durcir la législation existante en mobilisant la
directive-cadre sur l'eau, celles sur la pollution de l'air,
le traitement des eaux urbaines résiduaires, des boues
d'épuration et leur utilisation comme engrais.

Cultures marines n°327

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