Cultures marines n° 328 - 27

DOSSIER 27

Saison des moules
Effectifs

Ingrid Godard

Depuis huit ans, les producteurs appliquent un taux d'ensemencement des
pieux à 70 %, les élus de la commission
mytilicole voudraient une mise en pratique au cas par cas. « Aﬁn d'avoir une idée
précise des demandes, nous avons envoyé un
questionnaire à tous les mytiliculteurs de la
côte ouest de la Manche dans le but d'adapter
la mesure pour, au ﬁnal, améliorer la production et réduire au maximum les moules sous
taille qui ﬁnissent en tas sur l'estran. »

Les sacs de 15 kg sont vendus 1,80 euro
et s'écoulent rapidement.

Normandie

Un cru prometteur
Si la saison s'annonce bonne grâce à un volume réduit,
reste à traiter la question des moules sous taille.

vec un taux de chair ﬂatteur, les
moules normandes de deux ans
se sont facilement écoulées en
ce début de saison, « d'autant
plus que, contrairement à l'an dernier où le
marché s'est trouvé vite saturé, il y avait cette
année peu de volume », précise Loïc Maine,
vice-président du CRC de Normandie-mer
du Nord. À quelques semaines de la commercialisation, le cru 2019 semble plein de
promesses. La pluviométrie printanière a

permis une belle pousse et des pieux sont
restés très garnis malgré les prédations.
« Cela laisse augurer d'une belle saison,
poursuit Loïc Maine. Il ne manque plus que
de la chaleur pour accroître le taux de chair. »
Côté prix, les premières expéditions se font
à 1,80 euro en sac de 15 kg. « Mais nous
restons inquiets face aux mortalités des têtes de
lot, poursuit-il. Si à ce stade elles restent inexpliquées, nous espérons qu'elles ne s'accroîtront
pas. »

ENSEMENCEMENT
En pratique, il s'agit de ventiler le taux
d'ensemencement de 70 % d'un concessionnaire entre les parcs du large et ceux
proches des plages. « Comme chaque zone
mytilicole est différente, des réunions de secteur
sont prévues pour trouver le bon accord et optimiser la production à la carte », précise-t-il.
Irrémédiablement, les petites moules
rejetées des chaînes de lavage sont une
vraie calamité pour le CRC qui reste titulaire des autorisations temporaires de
dépôt. L'arrêté préfectoral de dépôt sur
l'estran, qui court jusqu'à la ﬁn de l'année,
est sur la sellette.
« C'est ridicule de vouloir faire incinérer ces
petites moules, qui servent de nourriture aux
goélands et, pendant ce temps, ne dévorent
pas nos pieux, s'insurge Loïc Maine. Le CRC
a mené pléthore d'études pour les recycler, allant de la méthanisation au compostage, mais
aucune solution n'est valable. Si on nous oblige
à les mettre en centre d'enfouissement, il faudra prendre en compte l'impact carbone du
transport et du stockage. »
Ingrid Godard

DES HUÎTRES POUR SUPPLÉER LES MOULES

ans le Nord-Pas-de-Calais, les
mortalités mytilicoles à répétition
pèsent sur le moral des professionnels.
Le CRC avait évoqué la diversification
des mytiliculteurs en ostréiculture, et
une demande avait été déposée en
préfecture en janvier. Un arrêté préfectoral vient d'autoriser la création
d'une concession expérimentale d'élevage d'huîtres à Oye-Plage pour deux
ans. L'entreprise La Bouchot des deux
caps, située à Audinghen, conduit l'expérimentation. « Nous sommes très heureux de pouvoir nous diversifier, explique

Julien Cuvillier, son dirigeant. Dans
cette zone non exploitée, il existe une vraie
possibilité d'avoir un produit de bonne
qualité. Nous serions les seuls producteurs
d'huîtres des Hauts-de-France. »
Olivier Majewicz, maire de la commune d'Oye-Plage, accueille ces nouvelles installations avec le sourire et espère que les huîtres seront de la même
qualité que les moules élevées dans sa
commune. La ville ne devrait pas être
la seule à connaître l'apparition d'un
élevage d'huîtres. En effet, le CRC souhaite développer les expérimentations

ostréicoles sur ce littoral nordiste et
peut-être parvenir à la création d'un
label Huîtres de la côte d'Opale.
Parallèlement la région Hauts-deFrance a débloqué des fonds pour les
mytiliculteurs et les pêcheurs à pied,
victimes d'une raréfaction des ressources après des épisodes de mortalité
récurrents des coques et moules, sauvages ou d'élevage. Remboursement
de licences, prise en charge des intérêts d'emprunts et soutien à la recherche font partie des actions mises
en place.

Cultures marines n°328 Juillet-août 2019

Cultures marines n° 328

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