Cultures marines n°329 - 34

34 DOSSIER

Arcachon

Loïc Fabrègues

Faire une demande de prêt sans avoir un apport initial
n'est pas un obstacle pour les banques.

Installation

Les ﬁnancements sont là
Les installations en ostréiculture ne semblent pas en prise
à des difficultés de financement. Le fort ralentissement,
observé en 2018, serait plutôt lié à une question de cycle.

es refus de dossiers il n'y en a qua- assure Éric Large. On peut ﬁnancer de gros
siment pas et ils ne sont jamais dé- montants pour des personnes qui auront zéro
ﬁnitifs. » Pour Éric Large, expert euro d'apport et être parfois plus regardant
installation en
pour 30 000 euros. »
agriculture et ostréiculEntre les deux cas de ﬁLA RENTABILITÉ DE
ture au Crédit agricole,
gure, la différence s'opère
L'ENTREPRISE EST UN
la reprise des entreprises
sur l'examen de la rentaÉLÉMENT CLEF POUR
ostréicoles ne se heurte
bilité de l'établissement
FINANCER UNE REPRISE.
pas à des problèmes de
ciblé par le repreneur et
ﬁnancement.
ses velléités de dévelopLa question de l'apport ne serait pas, pement pour sa future entreprise. Deux
non plus, un obstacle. « Il n'y a pas de règle, points auxquels semblent satisfaire les

dossiers présentés sur le bassin d'Arcachon. « Aujourd'hui, on installe beaucoup
sans apport », souligne Éric Large. Le marché arcachonnais, où les prix de vente des
entreprises tournent entre 180 000 et
200 000 euros en moyenne avec matériel
et concessions à terre et en mer, n'aurait
pas à rougir de son niveau de rentabilité.
La banque verte a, elle-même, mis en
place depuis près de trois ans un produit
ﬁnancier dédié à ce type de transactions.
« On a créé une offre installation avec des
conditions de taux avantageux et la possibilité
de moduler les remboursements jusqu'à 50 %.
On y double aussi l'enveloppe de 5 000 à
20 000 euros du prêt d'honneur à taux zéro
accordé par la région », indique le responsable bancaire.
GÉNÉRATION
Concernant la baisse des reprises d'entreprises en 2018, qu'il constate aussi
dans ses chiffres, l'expert en installation
y voit « un effet générationnel ». Après 8 à
12 transmissions par an durant une dizaine d'années, désormais un tiers des
entreprises ostréicoles arcachonnaises
ont renouvelé leur dirigeant.
Une génération a cédé sa place et il
faudra attendre le départ de la prochaine
pour retrouver des départs massifs. « On
retrouve ce phénomène en agriculture, explique Éric Large. L'important maintenant
est de savoir à quel moment ces départs vont
s'effectuer pour, de notre côté, pouvoir anticiper et adapter nos offres. » La réponse
devrait être amenée par le CRC qui s'apprête à lancer une étude sur les entreprises dont les patrons ont aujourd'hui la
cinquantaine.

UNE LÉGÈRE REPRISE

près une année 2018 avec seulement
trois reprises d'entreprise contre une
dizaine par an durant la décennie précédente, le premier semestre 2019 montre
des signes de reprise. « On a eu une installation en mars, trois en juin et deux sont programmées pour la commission cultures marines
de septembre », indique Marielle Philip,
en charge des dossiers transmission et
subvention au CRC. Une dizaine de prétendants sont, par ailleurs, en train de se
former. Devenir chef d'entreprise en os-

Cultures marines n°329 Septembre 2019

tréiculture a ses exigences. Un parcours qui
peut prendre du temps.
« La formation de 280 heures, étalée sur
une année, prend 8 mois, explique la jeune
femme. Il faut le savoir. Comme il faut prendre
en compte que l'installation en ostréiculture
peut être complexe dans la mesure où l'on se
situe sur le domaine public maritime. » Entre le
projet et l'installation, deux années sont, en
général, nécessaires. Un parcours durant
lequel les candidats, dont l'âge moyen se
situe entre 28 et 30 ans, sont accompagnés

par le CRC avec la Chambre d'agriculture
et le Cer France.
« L'important est d'arriver à capter ces prétendants, souligne Marielle Philip. Ensuite on
peut les aiguiller par rapport aux entreprises à
racheter. Un établissement clef en main peut
s'avérer un dossier plus facile. » C'est cette
préparation qui s'avère essentielle, bien
plus que les ﬁnances. En effet, la responsable des installations ne constate pas de
difﬁcultés de ﬁnancement qui empêcheraient la reprise d'entreprise.

Cultures marines n°329

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