Cultures marines n°329 - 36

36 DOSSIER

Arcachon
Damien Boulan a créé la Boulan
grand cru autour de l'afﬁnage
dans ses marais médocains.

Médoc

Terre d'afﬁnage

Loïc Fabrègues

'ostréiculture dans le Médoc a ses
contraintes. « La production n'y est
pas toujours facile », prévient Damien
Boulan. Pour sa 4e année d'activité à SaintVivien-de-Médoc où se situent ses marais,
l'ostréiculteur, représentant du Médoc au
CRC, n'a pas été épargné par la nature.
« On a eu de la Ruppia. Or, une fois que cette
herbe commence à s'étendre la seule solution
est d'assécher le marais pour la faire disparaître », explique-t-il. Des macro-algues se
sont aussi invitées dans ses bassins. Pour
couronner le tout, le système d'alimentation en eau des marais a apporté quantité de larves de coques de l'estuaire de la
Gironde. Des larves qui se sont avérées
voraces en phytoplancton.
L'heure n'est pas pour autant aux atermoiements chez le professionnel. « Quand
ça veut le faire, c'est extra », raconte-t-il. Les
marais médocains s'avèrent de formidables sites d'élevage. Les règles imposées
en 2014 par les services de l'État pour la

relance de l'ostréiculture dans le Médoc
limitent la durée d'afﬁnage dans les marais à six mois et offrent une seule possibilité dans le cycle de vie des huîtres de les
pré-grossir durant cinq mois. Et le résultat
est au rendez-vous.
POUSSE
En un mois, au printemps comme à l'automne, les huîtres peuvent y gagner jusqu'à
une taille et passer d'une catégorie ﬁne à
une spéciale bien au-delà du 10,5 % de taux

de chair, minimum ﬁxé par la profession.
Les huîtres médocaines, pour lesquelles le
concours général agricole a créé une catégorie dédiée en 2017, ont su emporter
l'adhésion des consommateurs. Damien
Boulan qui commercialise 85 % de ses
huîtres à sa cabane au Cap-Ferret, son implantation historique, ne manque pas d'afﬁcher l'afﬁnage dans le Médoc. Avec « leur
taux de chair jusqu'à 18 % », leur « longueur
en bouche » et leur « nacre magniﬁque », ses
clients « en sont dingues », assure-t-il.

Hossegor

Entre crainte et espoir

CRC Arcachon-Aquitaine

l y a plus d'eau et plus de courant dans le lac, mais
il est trop tôt pour dire si les huîtres vont y grossir
plus vite. » Aurélie Labarthe, ostréicultrice à
Hossegor, ne se plaint pas. Le dragage du lac
marin où les six entreprises ostréicoles landaises ont leurs parcs, a été la bonne nouvelle
de l'année 2019. Achevés en avril, les travaux
ont permis d'enlever environ 100 000 m3 de
sable offrant l'espoir de meilleures conditions de pousse. L'entretien prévu pour évi-

ter l'entrée des sédiments dans le lac marin
pourrait y apporter son écot.
Tous les sujets ne se présentent pas sous
de si bons auspices. La dégustation est dans
le collimateur des services de l'État. Suite
« à un restaurateur qui s'est plaint », indique
Aurélie Labarthe.
La préfecture des Landes pourrait annuler
la tolérance de la commune qui permet de
proposer bulots, crevettes, jambons de pays,

Six entreprises
ostréicoles ont
leurs parcs dans
le lac marin
d'Hossegor.

Cultures marines n°329 Septembre 2019

pâté et vin rosé depuis 2014, en plus des produits habituels. Ce serait alors l'arrêté préfectoral de 2011 qui s'appliquerait avec la liste
des produits habituels : huîtres, pain, beurre,
citron, eau minérale et vin blanc. Et c'est tout.
COMPROMIS
« Il est certain que si le cadre de la dégustation venait à changer cela mettrait en difﬁculté
l'équilibre économique des entreprises ostréicoles
d'Hossegor dont cinq pratiquent l'activité », prévient Aurélie Labarthe. L'ostréicultrice, élue
au CRC, entend donc arriver à un compromis avec les services de l'État. « On est en train
de voir avec le maire [d'Hossegor] pour au moins
se caler sur l'arrêté préfectoral qui ﬁxe les règles
pour Arcachon. Même si je préférerais garder ce
que l'on a actuellement », explique-t-elle. Cet
arrêté ajoute les palourdes et les bigorneaux
à la tolérance municipale mais n'autorise pas
le jambon de pays. Toutes les parties prenantes au dossier ont prévu de se revoir à
l'automne.

Cultures marines n°329

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