Cultures marines n°330 - 21

méditerranée

RÉGIONS 21

Mer ouverte

Le brevet de marin obligatoire

4E CATÉGORIE
Actuellement, la majeure partie des exploitants travaillent dans la lagune. Ils ont donc
moins de 3 milles à parcourir aller-retour,
peuvent donc circuler avec un bateau armé
en 5e catégorie et sans avoir la capacité professionnelle d'un marin.
En revanche, avec une distance de navigation plus longue, qui plus est en mer ouverte,
le bateau doit être armé en 4e catégorie.
Impossible alors de se passer de marin breveté pour assurer la conduite du navire, les inscrits à la MSA étant alors considérés comme

des « personnels spéciaux » embarqués.
C'est ce qu'ont expliqué la direction départementale des Territoires et de la Mer, la
DDTM, de l'Hérault et la MSA LanguedocRoussillon lors de la 5e journée du droit du
travail maritime, mi-septembre à Sète. « Dans
tous les cas, le navire sera astreint à des obligations
de l'administration maritime pour être utilisé de
façon professionnelle », prévient la DDTM.
Comment faire alors ? « Il est possible de jouer
sur les modalités d'armement et mutualiser les
moyens », explique l'instance. En regroupant
des sociétés conchylicoles en une entité com-

Les navires utilisés dans la lagune de Thau ne seront pas
homologués pour aller en mer.

Port de Bouzigues

Le CRC s'oppose à l'extension

n s'opposera à l'extension du port de
Bouzigues ! », s'exclamait JeanChristophe Cabrol lors de la dernière assemblée générale du CRC. Devant
les services de l'État et les élus de l'intercommunalité de Thau, il rappelait que la
profession avait donné son accord pour
la légalisation du 2e port de plaisance de
Balaruc-les-Bains, Port Sutel (une centaine
de places), en échange d'un gel des anneaux de plaisance autour de la lagune.
PLAISANCE

Or, la ville de Bouzigues a désormais un
projet d'extension, souhaitant passer de
100 à 150 places, qu'elle a inscrit dans son
plan local d'urbanisme. Elle s'appuie sur le
Scot, le schéma de cohérence territoriale,
de Thau pour justiﬁer ces travaux.

mune, elle deviendrait l'armateur des navires
et l'employeur des marins.
Cette société commune pourrait aussi
choisir de ne pas être propriétaire du navire
et préférer le louer à une autre entreprise, de
façon permanente ou saisonnière, ce qui lui
permettrait de ne pas se soucier des questions d'entretien. « Ne faisant que travailler sur
les ﬁlières, les ouvriers conchylicoles afﬁliés à la
MSA ne seraient alors pas astreints à un titre de
formation professionnelle de marin », précise la
DDTM.
Hélène Scheffer

Hélène Scheffer

our reconquérir les espaces de mer ouverte, le CRC envisage un nouveau système de ﬁlières [Cultures marines n° 328].
Très longues, de 300 à 600 m voire plus d'un
kilomètre ; plus lourdes, elles seraient lestées
de corps-morts de 14 tonnes tous les 200 m ;
ces ﬁlières impliquent sans doute des investissements collectifs. Dont celui de navires plus
gros que les bacs généralement utilisés par les
parqueurs de Thau.
Pour investir dans ces bateaux, le statut
de marin est-il obligatoire ? En effet, le CRC
constate que près de 50 % de la profession
a un statut agricole en étant afﬁlié à la MSA,
dont plusieurs professionnels intéressés par
ces nouvelles ﬁlières. Ce qui pourrait poser
problème.

Ce que réfute le CRC. « Le Scot reprend
lui-même les préconisations de l'ancien schéma de mise en valeur de la mer, souligne
Jean-Christophe Cabrol, vice-président
du CRC délégué à l'environnement. Il prévoit plus de places uniquement pour la pêche
et la conchyliculture. Le précédent président
du CRC, Philippe Ortin, l'a déjà écrit l'an dernier, nous restons sur la même position. On dit
qu'on nous aide et qu'on soutient des activités
traditionnelles, mais en fait, de l'autre main,
on nous tue. Nous serons très vigilants, nous
n'avons pas besoin de plus de places de bateaux de plaisance. »
Le CRC, pour être certain des arguments développés, veut prendre un avocat. Et n'exclut pas d'attaquer la décision
au tribunal administratif.
H. S.

29 °C dans la lagune de Thau. La
température de l'eau de Thau a ﬂirté
avec les 29 °C ﬁn juillet. Heureusement,
le mistral a permis d'aérer la colonne
d'eau et d'éviter que les cheptels soient
en danger une 2e année consécutive,
après la grande malaïgue de 2018. Ce
qui fait dire à Patrice Lafont, le président
du CRC, qui souhaite une ouverture
plus importante vers la Méditerranée :
« On ne peut pas uniquement se reposer
sur le vent pour assurer la viabilité de nos
entreprises. »
9 110 tonnes de déchets traités.
En 2018, Sète agglopôle Méditerranée
a traité 9 110 tonnes de déchets
conchylicoles, prenant le relais du
syndicat mixte du bassin de Thau.
L'agglomération a par ailleurs signé le
17 septembre une convention avec la
CCI du département pour la création
d'un campus spécialisé dans les métiers
de la mer.
Cultures marines n°330 Octobre 2019

Cultures marines n°330

Table des matières de la publication Cultures marines n°330