Cultures marines n°330 - 5

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L'épandage est la solution majo- des crépidules. Le procédé est au
ritairement retenue pour se débar- point mais, pour le moment, le prix
rasser des mini-moules. Çà et là, en de revente de l'amendement est enPoitou-Charentes et en Aquitaine core loin d'être connu.
notamment, des containers ont été
La valorisation des moules sousmis en place aﬁn de collecter les taille en tant qu'amendement n'est
rejets avant élimination par une en- pas la seule piste retenue. À Pénestin,
treprise spécialisée. Mais les coûts la société Mussella mise entièrede traitement sont tels,
ment sur les matières
PAYER POUR premières inexploitées
autour de 100 euros la
tonne, que les produc- ÉLIMINER
avec le décorticage par
teurs sont revenus à UN PRODUIT
vapeur et la surgélation
l'ancienne méthode.
VALORISABLE, qui lui permet de comPayer pour élimi- UNE HÉRÉSIE.
mercialiser la chair de
ner un produit valorimini-moules en pack de
sable, les professionnels ont bien cinq kilos à destination des restauconscience d'être proches de l'héré- rateurs et transformateurs. « Nous
sie. Différents bassins de production sommes en train d'investir sur la phase
s'interrogent sur les ﬁlières possibles. industrielle. L'arbitrage des machines est
En Normandie, le CRC a lancé fait, les plans d'outils sont ﬁnis et nous
l'étude Valmoco en 2015 pour venons d'investir 300 000 euros dans un
transformer les moules sous-taille outil de concentration des jus de moules »,
en produit de compostage agricole déclare Axel Brière, son dirigeant.
et industriel. L'étude montre que le
coût de la collecte, du transport et du MÉTHANISATION
traitement en produit de compos- À Cancale, Mytilimer sépare lui aussi
tage reviendrait entre 30 et 50 euros les coquilles de la chair pour valorila tonne. Démarche similaire chez ser cette dernière dans la nutrition
son homologue breton avec le test animale [voir ci-dessous]. Quelques
grandeur nature d'un éco-compos- kilomètres plus loin, à Dol-deteur sur le port du Vivier-sur-Mer. Bretagne, le groupe Cultimer opte
Une première étape avant un projet pour la méthanisation de ses petites
d'envergure capable de traiter toute moules. Début 2018, il propose à
la production mytilicole du secteur un doctorant de l'institut polytechqui passerait sous le crible, en plus nique UniLaSalle de Beauvais (Oise)

B. S.

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En 2012, le
groupe Cultimer a
brièvement lancé
des mini-moules
prêtes à cuire
pour la grande
distribution.

de mettre au point un prototype de
méthaniseur. « Notre outil ﬁnal sera
dimensionné au regard des résultats de
ce premier prototype », promet Didier
Bezançon, directeur commercial du
groupe de producteurs. Un temps
imaginé sous forme d'unité mobile
pour limiter les coûts de transport, le
méthaniseur sera ﬁnalement ﬁxe.
Si chacun pense avoir la solution
qui lui convient, les méthodes de
traitement et de valorisation des
moules sous-taille sont déﬁnitivement hétéroclites pour viser des
débouchés très différents. « Plus il y
aura de solutions pérennes et économiquement viables, et mieux ce sera, résume Didier Bezançon. Sans cela, il ne
restera que la solution Véolia [la collecte
et le traitement par une société extérieure], ce qui est ubuesque car nous
avons un produit qui peut avoir une valeur marchande. »
Bruno Saussier

[ Mytilimer mise sur le jus de moules

B. S.

e groupe Mytilimer a annoncé, ﬁn août,
le dépôt d'un brevet pour un nouveau
procédé biotechnologique permettant de
séparer et de valoriser aussi bien la chair
que la coquille des petites moules. « Le fruit
de cinq ans de travail et d'un investissement ﬁnancier de près de 500 000 euros, entièrement

Antoine Prévost annonce pour 2022 une unité de
production capable de traiter 1 500 tonnes par an.

en fonds propre », rappelle Antoine Prévost,
directeur marketing, développement et
innovation chez Mytilimer. Imaginée en
interne, cette valorisation par hydrolyse a
débouché, en 2015, sur la création d'une
structure dédiée au portage des projets
d'innovation intitulée Mytililab.
Mytilimer clôt donc aujourd'hui la période de recherche fondamentale et appliquée pour basculer sur une première
étape : un outil de production capable de
traiter 330 tonnes de moules sous-taille
dès 2020. « Le procédé est maîtrisé, les doutes
et les freins levés. Nous utilisons du matériel
industriel qui existe par ailleurs et, grâce à la
bonne dose d'enzymes, nous séparons la chair
des coquilles et récupérons en sortie de chaîne,
après dégradation enzymatique, l'équivalent
d'un jus de moules qui n'a pas perdu ses qualités nutritives. »

L'hydrolysat de chair de mini-moules a
même si belle allure que Mytilimer se refuse à
parler de co-produit. « Ça reste un produit noble
qui est traité et hydrolysé. Nous sommes sur une
protéine saine, marine et qui a une bonne image »,
souligne Antoine Prévost. Côté débouchés,
ce jus de moules est destiné à l'alimentation
de la ﬁlière aquacole, au marché de la nourriture pour chiens et chats, à la cosmétique
voire aux compléments alimentaires.
D'ici 2022, Mytilimer envisage d'implanter
un second outil sur la zone voisine Vauhariot
3, à Cancale, dimensionné pour 1 500 tonnes
annuelles, l'équivalent des moules sous-taille
générées par la vingtaine de producteurs
du groupe. « Nous pourrons également traiter d'autres coquillages en plus des moules. » Le
premier outil représente un investissement
de 800 000 euros, le second de « quelques
millions ».

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