Cultures marines n°330 - 51

DÉCRYPTAGE 51

Matériel

Une Cuma pour s'équiper collectivement
Le matériel coûte cher à l'achat, l'entretien, le stockage. Certains le mettent en
commun en créant une Cuma, une coopérative d'utilisation de matériel agricole.

L

Il existe au moins une Cuma conchylicole en France, créée il y a 35 ans
près d'Isigny dans le Cotentin.
« Nous l'avons constituée en 1984,
lors de la création de la base conchylicole de la baie de Veys, rappelle Guy
Lecourtois, le président de la Cuma
de la Vaconne, à la tête de 19 coopérateurs majoritairement sous statut Énim. La Cuma est propriétaire de
14 hectares de terrains et d'équipements
collectifs : la pompe en mer, la réserve
d'eau, le réseau de distribution jusqu'aux
bassins... C'est un peu comme une gestion de copropriété. Le montage agricole
est souvent plus souple que dans le maritime et les parts sont moins élevées. »
Au cours des années, la Cuma de
la Vaconne a continué à investir :
traitement des eaux pluviales, gestion des rejets en mer, recyclage des
poches, vidéosurveillance de la voirie commune, « on n'aurait pas eu les
moyens en restant chacun de son côté »,
souligne Guy Lecourtois.
Tout n'est pas toujours facile, le
président en convient. « Il faut bien

Hélène Scheffer

COPROPRIÉTÉ

David Labardin

es coopératives d'utilisation de matériel agricole,
les Cuma, facilitent l'accès à
l'équipement,
notamment
des petites exploitations, en partageant les outils : tracteurs, véhicules
spéciﬁques selon le type de récolte,
accessoires, mais aussi hangars. On
en compte 12 500 en France pour
240 000 adhérents. Ce modèle
n'est pas seulement réservé aux
exploitants agricoles. Il ne dépend
ni d'un statut professionnel, ni de
l'adhésion à l'un ou l'autre des régimes sociaux. « Pour créer une Cuma,
il faut participer à un cycle de croissance
animal ou végétal, comme déﬁni dans
l'article L311-1 du code rural, explique
Élodie Graindor, du service juridique de la fédération nationale des
Cuma. Les conchyliculteurs s'inscrivent
donc dans cette logique, mais ce n'est
pas le cas des pêcheurs qui ne sont pas
des producteurs. »

garder en tête le fait d'avoir un objectif Régis Foulquier,
commun. La Cuma n'est pas destinée à président d'une
un usage personnel. Tout est faisable Cuma,
a établi un planning
même si la mise en pratique est parfois pendant les
compliquée, notamment pour ces 2 % vendanges.
d'incivilités qui gâchent les choses. »
Une expérience humaine partagée par Régis Foulquier, président
depuis 26 ans de la Cuma du Clapas.
Près de Poussan, en arrière-plan de
Thau, elle regroupe
LA CUMA
30 viticulteurs qui se
sont équipés au fur N'EST PAS
et à mesure. La Cuma DESTINÉE À
est désormais proprié- UN USAGE
taire de quatre ma- PERSONNEL. »
chines à vendanger, douze bennes
et de l'outillage diversiﬁé. Muscat,
Merlot, Carignan... les vignes étant
mûres presque toutes en même
temps, il faut établir un planning de
récolte des parcelles. « On a quatre
machines, il y a quatre responsables
d'équipe, décrit-il, et on se coordonne

«

tous les soirs lors des vendanges. » Une
organisation qui permet aussi de
faire le point sur les réparations
nécessaires.
Un cahier de suivi, précis, a ainsi
été mis en place pour les vendanges et pour le reste de l'année,
car le matériel est en partie utilisé
au cours des douze mois. « Nous
avons fait le choix de ne pas avoir de
salarié, on se sert des compétences de
tous », explique-t-il. Au quotidien,
différents points de vue peuvent
parfois intervenir, il y a aussi les
casses. « Si le règlement intérieur est
bien ﬁcelé, estime Régis Foulquier,
cela précise bien les responsabilités
des uns et des autres et on évite les dérives. Une Cuma, c'est de l'entre-aide.
Le plus important, c'est l'humain et
la diplomatie. Avec le temps et de la
négociation, on arrive à avancer tous
ensemble. »
Hélène Scheffer

Cultures marines  n°330  Octobre 2019
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