Cultures marines n°331 - 29

DOSSIER 29

Saison des huîtres
Bretagne nord

Des bassins conﬁants
Croissance et mortalité sont très différentes selon les bassins.
Les abers ont été épargnés mais pas l'estuaire du Jaudy.
garantie d'avoir de gros numéros pour les
fêtes. Cependant, le secteur de Pleubian dénote avec une faible croissance. « Il reste peu
de temps pour que les coquilles durcissent et il y
aura certainement de la casse lors des différentes
manipulations », souligne Didier Auzou, de
Plougrescant, qui regrette aussi que le n° 4 ne
serve plus « qu'à faire des promotions au ras des
pâquerettes. Il n'est plus considéré comme vendable
en tant que tel sur le marché du gros ».
POUSSE
Plus à l'est, les baies de La Fresnaye et de
l'Arguenon enregistrent peu de mortalité

sur le naissain, contrairement à l'année dernière. Une belle pousse de printemps et de
beaux produits adultes confortent les éleveurs même s'ils s'inquiètent des taux élevés
de pesticides constatés dans les rivières et
ruisseaux.
Enﬁn, Cancale et la baie du mont SaintMichel ont perdu de 25 à 30 % de naissain
mais les parcs sont bien garnis. Les huîtres
adultes se tiennent mieux que celles de la
saison précédente. « On n'aura pas beaucoup
de 0 et de 1, mais de quoi satisfaire nos clients »
assure Jordane Querrien.
Bruno Saussier

Une production entre 21 000 et 23 000 tonnes
d'huîtres est attendue pour la saison.

Bruno Saussier

n rade de Brest, les mortalités habituelles ont été enregistrées et, pour
les survivantes, la pousse s'est arrêtée
ﬁn mai. « Les parcs sont pleins mais avec
beaucoup de petits numéros », se désole Michel
Diverrès. Dans les abers, le naissain a bien résisté et la croissance est au rendez-vous. Les
diploïdes n'ont pas enregistré de mortalité,
à la différence des triploïdes, plus touchées
qu'en 2018. Sur Penzé, 30 à 40 % du naissain
a été impacté par les mortalités sur les parcs
les plus bas. Le trois ans afﬁche une très belle
croissance mais une inhabituelle quantité de
deux ans risque de provoquer une chute de
croissance. Du côté de Morlaix, le naissain
naturel a peu poussé et celui d'écloserie a
été sévèrement touché.
Dans l'estuaire du Jaudy, la mortalité a démarré en juillet sur le naissain et le 18 mois.
Les lots adultes de triploïdes enregistrent
une « très forte mortalité », de l'ordre de 70 %.
A contrario, une meilleure croissance qu'en
2018 sur l'ensemble des autres produits est
constatée.
La baie de Paimpol a réussi à préserver ses
naissains naturels cette année, contrairement
à ceux d'écloseries. La pousse a été bonne
sur les parcs hauts mais plus faible sur les bas.
« Ça pousse encore », assurait Henri Chaumard,
président du syndicat ostréicole local, mi-octobre. Les huîtres de trois ans ont une belle
croissance, ce qui donne aux producteurs la

[ Cultimer relance sa Merveille de la Manche

'est en fréquentant les allées du
Seafood Asie de 2017 que les représentants de Cultimer ont réalisé qu'ils
passaient à côté de quelque chose. « Les
marques marchaient bien, explique Benjamin
Le Faou, directeur commercial du groupement de producteurs. Or nous en avions une,
la Merveille de la Manche, qui végétait. Nous
ne touchions que quelques clients en France, et
assez peu à l'export. »
La réflexion débouche sur une réécriture du cahier des charges : forme de la
coquille, rangement soigné à l'intérieur

d'une bourriche, logo de la marque sur
le papier celluloïd, numéro de l'emballeur pour la qualité du rangement, positionnement sobre, premium avec des
huîtres uniquement en n° 1 et 2.
Distingo de taille : « Les huîtres réservées à l'export ont un taux de chair de
13 %, celles destinées au marché français
de 11 %. » Pourquoi cette différence ?
« Nos producteurs nous ont vite expliqué
que les 13 % n'étaient atteignables que deux
mois dans l'année », sourit le directeur
commercial.

Seule marque de Cultimer, dont les
bassins de production vont de la pointe
bretonne à l'est du Cotentin, la Merveille
de la Manche permet d'avoir un large
sourcing. « La notion de bassins ne parle pas
à la clientèle internationale. Elle s'identifie
davantage à une marque. »
Dans sa version historique, cette huître
atteignait à peine la dizaine de tonnes
par an. Benjamin Le Faou espère bien
faire mieux. « Il n'y a pas d'enjeu, mais nous
avons envie de réussir car c'est un challenge
de l'entreprise. »
Cultures marines n°331 Novembre 2019

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