Cultures marines n°331 - 34

34 DOSSIER

Saison des huîtres
Charente-Maritime

Grosse incertitude sur les cours
La qualité et la pousse sont au rendez-vous, reste désormais
à négocier les prix avec la grande distribution.

DESSALURE
Du côté des stocks, les voyants sont là aussi
au vert avec des mortalités plutôt « normales », dixit Annie Aubier, même si elle
s'inquiète des fortes pluies qui touchent
le littoral depuis le mois d'octobre. « Les
huîtres ont bien résisté aux fortes chaleurs et
à la salinité importante. Mais attention au
phénomène de dessalure, ces abats d'eaux sont
un peu brutaux », explique-t-elle. Un optimisme d'autant plus mesuré que les discussions s'annoncent à nouveau très tendues
avec la grande distribution.
C'est en tout cas le sentiment de cet
expéditeur qui préfère garder l'anonymat
pour ne pas compromettre les négociations en cours. « Les enseignes ont entendu
dire que tout allait bien, alors elles exercent
une grosse pression pour faire baisser les cours.
Les frais n'ont pourtant pas baissé, rien ne
justiﬁe une baisse cette année. Pourquoi devrions-nous les brader pendant les fêtes alors
que les consommateurs sont au rendez-vous ?
Les entreprises ont besoin de se renforcer mais
elles doivent vivre avec cette épée de Damoclès.
Le système est devenu aberrant », déplore-t-il.
Plus chanceux, Laurent Chiron a signé
début octobre avec l'une des deux enseignes qui distribuent ses huîtres. « Nous
Cultures marines n°331 Novembre 2019

David Labardin

i d'aucuns pouvaient craindre un
problème de pousse cette année,
la sécheresse et le manque d'eau
douce n'ont ﬁnalement pas eu trop
de conséquences en Charente-Maritime.
« Il y a eu une pousse au printemps, c'est ce
qui nous a sauvés la mise, même si elle est
plutôt moyenne depuis », indique l'éleveur
oléronais, Philippe Morandeau, vice-président du CRC. Au ﬁnal, « pas de problème
de numéro », ajoute Annie Aubier, elle aussi
vice-présidente du CRC. « La croissance ne
s'est pas très bien passée en Bretagne et en
Normandie avec beaucoup de petits numéros,
mais je n'ai pas l'impression qu'elle soit si mauvaise en Charente-Maritime », ajoute Laurent
Chiron, président du groupement qualité
Marennes - Oléron. Quant à la qualité de
ce cru 2019, tous s'accordent à dire qu'elle
est largement au rendez-vous.

La qualité est au rendez-vous, reste à bien négocier les prix avant
les fêtes de ﬁn d'année.

avons atteint notre objectif, à savoir le même
prix que l'an dernier. L'autre enseigne a préféré arrêter les négociations pour faire le point,
mais je n'ai pas entendu dire qu'elle voulait
absolument faire pression pour faire baisser
les cours. » Le président du groupement

qualité regrette toutefois que les huîtres
Marennes - Oléron ne soient pas davantage valorisées par les distributeurs malgré les contraintes d'afﬁnage de cette indication géographique protégée.
David Labardin

UN CLIMAT TENDU À CAUSE DES VOLS
La qualité des huîtres, la recrudescence
des vols depuis le mois de septembre
créent des tensions [lire page 8]. Plus
de 20 tonnes ont déjà été dérobées
depuis le début de l'année, contre une
quinzaine en moyenne lors des trois
derniers exercices. Sans compter les
plus petits larcins qui sont rarement signalés au CRC.
Renaud Thomas (Bourcefranc-Le
Chapus) s'est fait dérober une quarantaine de kilos début octobre dans
un dégorgeoir à l'arrière de sa cabane.
« Certains collègues deviennent méﬁants et

suspicieux. Il ne s'agit pas de particuliers qui
voleraient quelques kilos pour un repas en
famille », déplore-t-il.
Alors que des huîtres volées ont été
retrouvées chez un ostréiculteur oléronais - l'affaire est en instruction au parquet de La Rochelle -, le climat semble
particulièrement pesant en ce moment.
Cyril Pain, vice-président du CRC et élu
au Château-d'Oléron, s'en est ému lors
du dernier conseil municipal. « Ces vols
sont très gênants. Il ne faudrait pas que les
ostréiculteurs en viennent à se faire la guerre
ou à se faire justice eux-mêmes. »

Cultures marines n°331

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