Cultures marines n°333 - 22

ENVIRONNEMENT
22 ÉVÉNEMENT
Mytiliculture

Un élevage qui ravive les eaux

ﬁnancée par le ministère des Pêches et de
l'Océan du Canada, les deux auteurs évaluent l'impact positif de la conchyliculture
sur la qualité du milieu naturel de deux
provinces de la façade atlantique.
Les élevages d'huîtres Crassostrea virginica
et de moules Mytilus edulis du NouveauBrunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard
font face « actuellement et dans l'avenir à
des enjeux forts, à la fois écologique et écono-

Les moules, élevées en
suspension, absorbent
plus d'azote que les
huîtres, grâce à leur
coquille.

Hélène Scheffer

ntrants agricoles, ruissellements des nutriments, hausse de la concentration en
azote dans les eaux littorales, eutrophisation... On connaît bien cette recette infernale de la perte de qualité des eaux côtières. Une étude scientiﬁque canadienne
montre que la mytiliculture est l'un des
meilleurs outils pour faire baisser la charge
d'azote et améliorer la qualité des eaux
côtières et estuariennes. Dans cette étude

Le pacte vert adopté

Cultures marines n°333 Février 2020

AZOTE
Les scientiﬁques ont calculé pour chaque
espèce le « potentiel d'élimination de
l'azote », pondéré selon les zones et les
méthodes d'élevage. S'appuyant sur toute
une série de publications ofﬁcielles et sur
la littérature grise d'internet (données et
rapports de production), ils en concluent
que les moules absorbent plus d'azote
que les huîtres, notamment dans leurs coquilles. De plus, l'élevage de moules en
suspension présente le meilleur potentiel
d'élimination.
Les
bénéﬁces
environnementaux
peuvent cependant varier en fonction
des espèces et des volumes récoltés. Les
scientiﬁques concluent que la mytiliculture est l'un des meilleurs outils pour
restaurer les eaux côtières. Ils soulignent
cependant que d'autres études doivent se
pencher sur les capacités de restauration
des sols et des sédiments.
Hélène Scheffer

Europe

e Parlement européen a validé, le 15 janvier, le pacte vert de
la Commission européenne par
482 voix pour, 136 contre et 98 abstentions. La Commission avait dévoilé,
le 11 décembre, sa feuille de route pour
l'environnement, dont le ﬁnancement de
100 milliards d'euros d'investissement sur
sept ans n'est pas encore bouclé.
Concernant le maritime, elle prévoit par
exemple une tolérance zéro en matière
de pêche illicite ou encore l'élargissement
des zones Natura 2000. La Commission
annonce aussi qu'elle examinera les exonérations ﬁscales actuellement consenties en faveur des combustibles marins et
qu'elle souhaite que 30 % du futur fonds
européen pour les affaires maritimes et la
pêche contribue à l'action en faveur du climat. Au sujet des émissions de gaz à effet
de serre, le pacte vert table sur au moins

mique ». Ils sont impactés « par une forte
charge de nutriments due à un haut degré d'activité agricole ». À cela s'ajoutent « de forts
degrés d'eutrophisation ».

50 % de réduction d'ici 2030 alors que le
Parlement réclame une baisse de 55 %.
URGENCE CLIMATIQUE
Le Parlement avait déjà décrété l'urgence
climatique le 28 novembre dernier, dans
un texte symbolique et non contraignant.
Ce premier document avait d'ailleurs refusé certains amendements impliquant
des actions immédiates. La demande
d'obliger les partenaires commerciaux de
l'Union européenne à respecter l'accord
de Paris et celle d'interdire les investissements publics dans des activités qui vont
à l'encontre des objectifs pour le climat
n'avaient par exemple pas recueilli assez
de voix pour s'inscrire dans le marbre.
Petit à petit, le pacte vert de la commission
devrait clariﬁer l'action européenne en faveur du climat.
Baptiste Cessieux

Les océans en manque d'oxygène.
Une étude publiée par l'Union
internationale pour la conservation de
la nature afﬁrme que la perte d'oxygène
« constitue une menace croissante pour la
pêche et certains groupes d'espèces comme les
thons, les marlins et les requins ». À l'échelle
mondiale, le taux d'oxygène dans les
océans aurait diminué de 2 % entre 1960
et 2010. Quelque 700 sites à travers le
globe souffrent aujourd'hui d'une faible
teneur en oxygène contre 45 dans les
années 1960.
Le nombre d'espèces menacées
continue de grimper. L'Union
internationale pour la conservation de
la nature répertorie chaque année les
espèces menacées. Il y en avait 30 178 au
total ﬁn 2019, dont 1 840 nouvelles et
1 168 évoluant dans les mers et les océans.
La grande nacre vient par exemple d'être
classée en danger critique d'extinction. Elle
doit son déclin au pathogène Haplosporidium
pinnae, dont la prolifération est associée au
réchauffement climatique.

Cultures marines n°333

Table des matières de la publication Cultures marines n°333