Cultures marines n°333 - 27

La production mytilicole néerlandaise s'élève à plus
de 50 000 tonnes.

BELGIQUE
Toute une ﬁlière qui a bien failli péricliter plusieurs fois. « En 1973, toutes nos
huîtres sont mortes à cause de la glace, rapporte Caroline Verwijs, qui dirige Krijn
Verwijs. Seulement dix entreprises ont survécu. » Importation de souches d'huîtres
de France, remplacement de la plate par
la portugaise, diversiﬁcation sur l'huître,
la moule, en fonction de l'époque, bon

an mal an, l'activité conchylicole a repris.
Et certaines structures familiales ont bien
grossi. D'aucunes emploient à présent plus
de cent personnes et afﬁchent plusieurs
dizaines de millions d'euros de chiffre
d'affaires.
Les Néerlandais consomment pourtant
bien peu de coquillages. Le premier marché
pour les producteurs des Pays-Bas c'est la

M. L.-L.

ou bars à huîtres avec vue plongeante sur
les bassins ostréicoles toujours exploités.
L'histoire conchylicole de Yerseke ne date
en effet pas d'hier. « Je représente la quatrième
génération de conchyliculteurs de la famille »,
témoigne Jean Dhooge, à la tête d'Oesterij, entité créée en 1906. « L'entreprise
a été fondée par mon grand-père en 1880 »,
raconte Erik de Koeijer, le directeur de
Kotra Logistics, société spécialisée dans
le transport de produits de la mer. « Prins
& Dingemanse a près de 140 ans », rappelle
Sybille-Astrid Prins qui gère l'entreprise aux
côtés de son mari.

Belgique, à quelques dizaines de kilomètres
de Yerseke. « Notre premier client est à une
demi-heure de route d'ici », souligne Olivier
Camelot, directeur des ventes de Delta
Mossel. « Nous faisons 60 % de notre chiffre
d'affaires en Belgique », complète Simon
Joseph, commercial export chez Roem van
Yerseke. Une grande partie de la production part également en Allemagne et au
Luxembourg. Et de plus en plus vers de nouvelles destinations.
Kotra Logistics a ouvert récemment une
ligne Yerseke - Prague via Francfort. « C'est la
possibilité d'avoir accès à de nouveaux marchés
vers les pays de l'Est comme la Pologne ou la
République tchèque. Plusieurs sociétés d'ici sont
en train de s'implanter là-bas », dévoile Erik de
Koeijer.
Yerseke regarde aussi du côté de la France.
« Il y a de la demande pour nos produits », assure Caroline Verwijs. « On trouve de plus en
plus de moules de Hollande dans les grandes surfaces françaises, renchérit Sybille Astrid-Prins.
Et tout doucement, nous sommes en train d'ouvrir ce marché à nos huîtres. »

[ Des restaurants les pieds dans les bassins ostréicoles
omme dans certaines régions françaises, les espaces de dégustation ou
restaurants de fruits de mer ﬂeurissent
depuis quelques années à Yerseke. Dans le
quartier historique de la ville, au milieu des
petites baraques de briques rouges, les terrasses couvertes surplombent les bassins
ostréicoles remplis d'huîtres. L'image est
typique et le concept prisé des touristes.
Il a essaimé jusqu'à Kamperland, à
quelques dizaines de kilomètres de
Yerseke. La société Seafarm qui est implantée là pêche des couteaux et élève des turbots. Là encore, attenant aux bureaux, on
trouve un espace de dégustation. « Nous
avions besoin d'avoir le retour des consommateurs, explique Dave Bout, car sinon on ne
vend qu'à des grossistes et des supermarchés. »
Jean Dhooge a été un des premiers avec
son entreprise Oesterij à monter une dégustation d'huîtres et de moules sur son
chantier de Yerseke. Lui possède une licence restauration mais il se contente pour
autant de vendre les produits de sa ferme.
« Ça n'aurait pas de sens pour nous de proposer
de la viande. Nous avons mis en place cet espace pour recevoir les consommateurs, pas pour
gagner de l'argent. Cela fait maintenant partie

de notre activité bien sûr mais ce n'était pas la
raison principale de la création du restaurant. »
Jean Dhooge a aussi embauché quatre
guides, organise des tours en bateau dans
sa ferme conchylicole, a ouvert un petit
musée accessible gratuitement et imaginé
une balade ﬂéchée au milieu des bassins.
En comptant les clients du restaurant,
« nous avons accueilli 125 000 visiteurs l'année
dernière », se réjouit-il.
FORMATION
Toute cette éducation aux fruits de
mer semble en effet nécessaire car les
Néerlandais ne sont pas des consommateurs acquis de longue date. Au rez-dechaussée du restaurant de Delta Mossel,
se trouve aussi un espace de « formation et
sensibilisation aux coquillages à destination des
professionnels ou des touristes pour qu'ils en découvrent les différentes sortes, qu'ils apprennent
à les ouvrir, à les présenter », indique le directeur des ventes, Olivier Camelot.
Ou encore au deuxième étage des majestueux bureaux d'Adri & Zoon, un beau
piano de cuisine trône au milieu d'une
grande salle de réception. « Demain nous
recevons 25 jeunes chefs d'une école de Namur,

en Belgique. Nous allons leur présenter nos
huîtres, leur faire goûter. » Pour la dirigeante
Inge Bruijnooge également, la pédagogie
est essentielle. « Ça m'intéresse vraiment d'expliquer ce que nous vendons. »

M. L.-L.

Le nombre de restaurants s'est fortement
développé depuis dix ans.

Cultures marines n°333

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