Cultures marines n°333 - 8

8 ÉVÉNEMENT

Laboratoire

Une méthode de
détection à peauﬁner
La profession aimerait plus de réactivité
et de précision pour déceler le norovirus,
mais la science ne va pas au même rythme.

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Cultures marines n°333 Février 2020

Julie Lallouët-Geffroy

a méthode utilisée actuelle- Une technique plus précise. « Plus
ment pour repérer le noro- précise, oui, admet Soizïck Le Guyader,
virus, la PCR, a du plomb dans cheffe du laboratoire santé, environl'aile. Un rapport de l'autorité nement microbiologie à l'Ifremer,
européenne de sécurité des aliments, mais elle est onéreuse, lourde et lente. »
publié en juillet dernier, dresse un Selon elle, il vaudrait mieux améliorer
état des lieux de la présence du no- l'existant, la méthode PCR, qui n'est
rovirus et les pistes d'amélioration pas si mal. « Rappelons-nous qu'elle est
dans sa détection. Dans la foulée, en devenue une norme internationale il y a à
novembre, le Conseil consultatif de peine trois ans. Travaillons avec les outils
l'aquaculture, le CCA, rendait un avis que nous avons à disposition. »
quant aux méthodes scientiﬁques
employées pour repérer le virus.
DÉTECTION INDIRECTE
La technique de la PCR a l'avantage Une approche qui n'est pas partad'être rapide, moins de 24 heures, et gée par tous. Le programme de repeu onéreuse. Opérationnelle et uti- cherche Oxyvir, entamé en 2017 et
lisée depuis 2013, elle est devenue ﬁnancé par le Feamp, va se terminer
une norme internationale en 2017. en avril 2020. Son objectif : « limiter les
Mais elle a aussi ses limites.
destructions de lots injustiﬁés, mettre ﬁn au
Elle détecte la présence du no- principe de précaution sur le norovirus et
rovirus en en repérant
éviter le gaspillage alimenle génome, mais sans
taire », résume Nicolas
LA PCR
pouvoir préciser s'il est
Boudaud, chef du projet
DÉTECTE LE
infectieux, ou non. En
et virologue chez Actalia,
NOROVIRUS,
cas de détection, par
un centre technique
MAIS SANS
mesure de précaution,
agréé par le ministère
PRÉCISER
une fermeture de 28
de l'Agriculture. Le proS'IL EST
jours est appliquée. Ce
gramme Oxyvir a testé
INFECTIEUX.
qui fait dire aux auteurs
trois nouvelles manières
du rapport : « Le risque de contamina- de détecter le norovirus. L'une d'elles
tion est probablement surestimé. »
se dégage du lot.
Thierry Hélie, président du groupe
Il s'agit de scruter un phage, un
coquillages du CCA et du groupe virus de bactérie non pathogène
huîtres au sein du Comité national pour l'homme, qui se comporte de
de la conchyliculture, explique : « Le la même manière que le norovirus.
norovirus est recherché a posteriori. Ce que Un double en quelque sorte. Ce type
nous voudrions : c'est parvenir à détecter la de phage est naturellement présent
nature infectieuse ou non du norovirus et dans les déjections fécales. Là où l'on
le repérer plus tôt. Ainsi on pourrait agir trouve aussi le responsable de la gasplus tôt sur les zones concernées, mais aussi tro-entérite. Tout l'objet de l'étude
les rouvrir plus tôt. » Le CCA espère que est de démontrer que si l'on trouve
des tests plus précis permettraient des phages, on trouve forcément du
d'ajuster plus ﬁnement la réglemen- norovirus.
tation, en faisant passer la durée de
Si Nicolas Boudaud parvient à
fermeture de 28 à 12 jours.
prouver ce lien, il pourrait aller plus
Pour y parvenir, le CCA préconise loin en démontrant le caractère ind'approfondir la recherche des parti- fectieux ou non du norovirus. Il est
cules infectieuses au lieu du génome, simple, rapide et peu onéreux de
comme c'est le cas actuellement. vériﬁer le caractère infectieux de ce

Le norovirus se
déplace grâce aux
déjections fécales
humaines.

type de phage. La deuxième hypothèse serait de prouver que s'il y a
phage infectieux, il y a norovirus infectieux. Les résultats devraient donc
être plus précis.
Pour valider cette méthode, le
programme Oxyvir comptait mener
une étude clinique sur des êtres humains en 2020, mais il n'a pas reçu
l'autorisation nécessaire. Changeant
son fusil d'épaule, les équipes mobilisées conçoivent actuellement le
programme Oxyvir2 en adoptant
une autre approche pour détecter le
norovirus infectieux. Un projet calibré sur 24 mois avec un ﬁnancement
Feamp et la participation du CNC.
Julie Lallouët-Geffroy

PURIFIER LES HUÎTRES
Début janvier, le projet Apinov a été validé par le
Feamp. Il a pour but de trouver des techniques
pour décontaminer les huîtres touchées par le
norovirus. Bassins de stockage et de puriﬁcation
seront donc étudiés pour en faire un outil de lutte
contre le responsable des fermetures de cet hiver.
À la manœuvre, l'Ifremer et le CRC de Bretagne
sud vont également tester grandeur nature des
techniques de diagnostic pour identiﬁer les origines des contaminations.

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