Cultures marines n°334 - 12

12 RÉGIONS

normandie - mer du nord

Trait de côte

La ministre au chevet des communes

Ingrid Godard

Élisabeth Borne,
ministre de
la Transition
écologique, était
dans la Manche
pour aborder
les solutions face
au recul du trait
de côte.

lisabeth Borne, ministre de la de la mer. « On ne pourra pas maintenir le
Transition écologique, a apporté son trait de côte à coups de béton. C'est coûteux et
soutien aux communes impactées les impacts sont toujours négatifs, rétorque
par le recul du trait de côte, lors de sa Stéphane Costa, géographe à l'université
visite à Gouville-sur-Mer, vendredi 14 fé- de Caen et président du conseil scientivrier. Elle a aussi tenté de répondre aux ﬁque de la stratégie nationale de la gesconchyliculteurs présents qui redoutent tion du trait de côte. Il faut donc commencer
de voir leurs installations envahies par à penser à la relocalisation des biens et des
l'eau.
personnes. Un arsenal juridique va être mis en
Construites dans les années 1970 place pour gérer ce foncier menacé. »
et 1980, les zones conchylicoles de
La plupart des professionnels ne veulent
Gouville-sur-Mer, Blainville-sur-Mer pas entendre parler de relocalisation, en
et Agon-Coutainville se cachent der- raison des surcoûts d'exploitation. « On
rière le cordon dunaire, mis à mal de- mettrait des tracteurs sur la route et qu'en sepuis quinze ans, par de forts coefficients rait-il des pompages d'eau de mer nécessaires
de marées conjugués aux
à la bonne exploitation des engrosses tempêtes. Sur le
treprises ? », souligne Thierry
JE SUIS LÀ
site de la Cabanor, les ins- POUR VOUS
Hélie.
tallations sont en dessous DONNER LES
« Je mesure le choc, a rédu niveau de la mer lors OUTILS POUR
pondu Élisabeth Borne. Il est
des grands coefﬁcients MAINTENIR UNE
compliqué de se projeter dans
de marée. Ces douze hec- ACTIVITÉ SUR CES des horizons lointains et de vivre
tares de concessions ma- TERRITOIRES. »
avec ces difﬁcultés au quotidien.
rines sont défendus par
Je suis là pour vous donner les
une digue secondaire mais elle n'est pas outils pour vous accompagner pour protéger et
conçue pour résister à des assauts di- maintenir une activité sur ces territoires. »
rects des vagues. « On a la chance d'avoir
La ministre de la Transition écologique
un cordon dunaire, il faut le protéger main- a évoqué la mise en place de permis de
tenant, coûte que coûte. S'il y a une brèche, construire temporaires, « avec du mobilier
le désordre va être total, y compris sur le plan démontable », qui pourraient favoriser une
sanitaire », avertit Jean Lafosse, président activité. Elle a également évoqué un soude Cabanor.
tien ﬁnancier par l'intermédiaire du fonds
Thierry Hélie, président du comité ré- de prévention des risques naturels majeurs,
gional conchylicole, a prêché auprès de la aussi appelé fonds Barnier. Mais aucun
ministre pour installer un enrochement, chiffre n'a été évoqué.
Ingrid Godard
aﬁn de défendre l'existant face aux assauts

Mobilisation

Pour une eau propre
Une soixantaine d'ostréiculteurs s'est invitée à la cérémonie des vœux de la communauté de communes Coutances mer et
bocage, pour réclamer des mesures aﬁn
de lutter contre la montée des eaux et la
pollution qui impactent leur production.
L'ostréiculteur Vincent Godefroy a pris la
parole devant la centaine d'invités : « Depuis
trois ans, la situation est tellement dégradée que
des zones de production doivent être fermées
temporairement, nous interdisant la vente de nos
coquillages », a-t-il déploré avant de s'adresser aux élus : « L'État et les collectivités nous
doivent une eau propre. »
Il a souligné la préoccupation des professionnels face au recul du trait de côte : « Sous
prétexte que la mer envahirait nos établissements
dans cinq, dix ou vingt ans, certains prônent
l'inaction. On nous dit que l'enrochement ne
ferait que ralentir les choses. Mais c'est bien ce
que nous demandons : gagner dix ans face à
l'inéluctable. » Vincent Godefroy a conclu
son intervention réclamant à son auditoire
de répondre « à l'inquiétude de notre ﬁlière
avant que le désespoir se manifeste ».
I. G.

Aide de la région. Installé à Saint-Vaastla-Hougue, Denis Lejeune exploite treize
hectares de parcs avec sa ﬁlle Coralie,
pour une production annuelle d'environ
350 tonnes d'huîtres. Il vient d'investir
340 400 euros, dont 182 000 apportés par
la région, dans l'achat de 20 400 cylindres
qui sont intégrés dans 1 150 cages
métalliques. Pour débuter, l'ostréiculteur
a remplacé 3,5 hectares. « Lors d'une marée
basse de quatre heures, on tourne entre 500
et 800 poches à deux personnes. Avec ce
système et grâce à un élévateur télescopique,
on retournera 6 000 paniers dans le même
temps avec une seule personne. » Il vient aussi
d'investir 90 000 euros dans un élévateur
équipé d'une tête rotative.
Les déchets de Chausey évacués.
C'est une opération exceptionnelle et
d'envergure qui s'est déroulée sur la
grande île de Chausey, à savoir l'évacuation
de 300 m3 de déchets encombrants
collectés depuis cet été. Une opération
organisée par le Conservatoire du littoral,
qui entend mettre en valeur le fort
Napoléon III, qui accueille aujourd'hui des
pêcheurs et des agents du service public
basés sur l'île.

Cultures marines n°334 Mars 2020

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