Cultures marines n°334 - 27

DOSSIER 27

Écloseries

Stéphane Angeri :
La sélection est un passage obligé
pour l'amélioration du produit. »
Étiquetage, sélection, export, diversification : tour d'horizon
de l'actualité des écloseries avec le président du syndicat
des écloseries et nurseries de coquillages.
nières années. Les ostréiculteurs ont fait
du stock, du nombre, mais ils s'aperçoivent
que la quantité de produits vendables est
trop faible. Cela fait traîner le cycle d'élevage et ils en reviennent un peu. Cela crée
donc une dynamique positive vis-à-vis de
nos produits.
En termes de prix, comment s'est passée
la saison 2019 ?
Les produits se sont bien écoulés. Il y a
toujours de la concurrence, c'est logique
et nécessaire, mais il n'y a pas actuellement de guerre des prix comme on a pu
en connaître par le passé.

Quel pourrait être ce bon angle ?
À un moment donné on a parlé d'un
Y a-t-il encore beaucoup d'opportunités
code-barres qui spéciﬁe si l'huître est née
à développer à l'export ?
en mer, en écloserie, si c'est une triploïde,
Oui, il y a beaucoup de choses à faire, en
une diploïde, ou un mélange. Ce n'est pas
Chine par exemple ou dans d'autres pays
écrit en gros ni en gras, ça reste discret,
asiatiques comme le Japon, la Corée mais
mais si le consommateur veut l'informaaussi dans les pays de l'Est ou ceux qui
tion, elle existe. Car je ne suis pas sûr qu'il y
bordent la mer Noire...
ait beaucoup de consomMais ça ne dépend pas
mateurs qui cherchent à « IL Y A DE LA DEMANDE
que de nous. Il faut une
EN FRANCE
savoir.
volonté des services de
ET À L'EXPORT. »
La production des éclol'État pour nous accomseries est-elle stable ?
pagner vers l'exportation,
Elle augmente un peu. On
qu'ils aillent de l'avant
ne voit pas de création d'entreprise mais en même temps que nous. Jusqu'ici, il
les écloseries existantes ont tendance à se n'était pas beaucoup question du naissain
développer. Il y a de la demande en France d'huîtres dans les réﬂexions pour l'exporet à l'export et un peu de diversiﬁcation tation, mais ça bouge. Si tout le monde
sur l'huître plate, la palourde. Nous ven- rame dans le même sens, nous pourrons
dons toujours principalement des huîtres faire de belles choses.
triploïdes et des produits de plus en plus
Le cheval de bataille des écloseurs, ça
gros. Avec le T8, les ostréiculteurs gagnent
reste la sélection ?
un maillage de poche, c'est bénéﬁque
La sélection c'est un passage obligé pour
pour l'élevage car les huîtres vont mieux
l'amélioration du produit. Actuellement
démarrer et ça leur fait gagner un peu de
tout le monde va vers la qualité, cherche
main-d'œuvre. Mais quand on produit
à créer des labels, des marques, se diffédu T6 ou du T8, on n'a pas besoin de la
rencier. C'est très bien, ça tire la profession
même place. Et puis certains professionvers le haut. À nous d'offrir aux ostréinels se sont posé des questions sur l'alculteurs ce qu'ils souhaitent produire en
longement de leur cycle d'élevage avec le
termes de forme, de couleur, de chair, de
captage naturel.
nacre... On ne nous demande pas que des
C'est-à-dire ?
huîtres résistantes, même s'il faut avouer
Il y a eu beaucoup de captage ces der- que c'est le critère numéro un.

Marion Larronde-Larretche

La demande d'étiquetage des huîtres
nées en mer ou en écloserie a une nouvelle fois été retoquée par le Sénat en ﬁn
d'année dernière mais la pression de certains députés ou sénateurs est forte. Êtesvous toujours opposé à cette idée ?
Nous sommes opposés à l'étiquetage tel
qu'il est présenté par ceux qui le réclament
car ils cherchent à dénigrer un produit. Je
ne serai pas contre si on trouve le bon
angle, s'il y a derrière une bonne communication mais j'ai peur qu'on en soit très
loin aujourd'hui.

ON ESSAYE D'AVANCER SUR
LA RÉSISTANCE À AESTURIANUS,
MAIS ÇA RESTE COMPLEXE. »
Où en êtes-vous du travail de sélection
pour améliorer la résistance face à la bactérie Vibrio aesturianius ?
C'est très long. Il faut attendre trois années, ou a minima deux, avant de pouvoir
vériﬁer le travail de sélection effectué et
l'héritabilité [le fait qu'un caractère, ici la
résistance à la bactérie, soit héréditaire
donc potentiellement transmise aux descendants] n'est que de 20 à 30 % pour
aesturianus, c'est peu. Pour l'herpès virus,
elle est de 70 %. On a de bons résultats
sur l'herpès virus mais il faut encore travailler sur aesturianus qui est aujourd'hui
le plus terrible pour la profession. On essaye d'avancer tous les ans mais ça reste
complexe.
Le fait que les écloseries produisent aujourd'hui leurs propres tétraploïdes vat-il améliorer la sélection ?
L'Ifremer ne faisait plus de travail de sélection sur leurs tétraploïdes depuis plusieurs années déjà. Aujourd'hui nous n'en
sommes qu'à notre deuxième génération
de tétraploïdes donc on ne va pas sentir
une différence immédiate mais je pense
que ça va aller assez vite.
Propos recueillis par
Marion Larronde-Larretche
Cultures marines n°334 Mars 2020

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