Cultures marines n°334 - 30

30 DOSSIER

Écloseries
Antibiotiques

Les petites structures cherchent à faire sans

SÉCURISER
Cette frilosité face aux antibiotiques est
également partagée par Ricardo Gonzalez,
le directeur du centre technique conchylicole de Porscave. « Nous, c'est par principe
que nous avons adopté la non-utilisation d'antibiotiques. Certaines écloseries y ont recours
parce que, sans cela, elles perdraient des milliards d'individus. Nous ne sommes pas sur le
même schéma. » À Porscave, l'écloserie mise
sur une surveillance rigoureuse du bon
fonctionnement du réseau d'eau, sur la
salle de quarantaine et sur trois contrôles
hebdomadaires et aléatoires des onze

Bruno Saussier

es écloseries ne sont pas légion en
nord Bretagne et les volumes de production restent modestes. Un cas
particulier qui explique sans doute la propension des écloseurs à se passer d'antibiotiques. « Nous sommes minoritaires dans
le milieu mais nous n'en utilisons pas pour deux
raisons, reconnaît Mathieu Hussenot, de
la Ferme marine de l'île d'Arun, à Hanvec
(Finistère). D'abord parce qu'on peut faire
sans sur nos espèces, ensuite parce que nous
n'avons pas de concurrent nous obligeant à
en utiliser pour que notre production soit plus
compétitive. » En outre, les écloseurs de la
ferme marine ne veulent surtout pas voir
leur production dépendre d'un produit
dont l'utilisation pourrait être interdite du
jour au lendemain.

Utilisés à 8 ppm dans la phase larvaire des saint-jacques, les antibiotiques
interviennent très en amont de la phase de consommation.

points de prélèvement répartis sur la chaîne
de production. « Dès qu'il y a une ponte, elle
est systématiquement évaluée. Lorsqu'on n'utilise pas d'antibiotique, il faut sécuriser l'intégralité du process », rappelle Ricardo Gonzalez.
De fait, la seule écloserie du bassin à intégrer les antibiotiques est celle du Tinduff.
« Uniquement sur la phase larvaire des vingt
premiers jours de nos coquilles Saint-Jacques.

On ne sait pas faire sans », reconnaît le directeur Florian Breton, qui regrette que la
recherche ne se concentre pas davantage
sur l'utilisation des probiotiques. « Je crois
beaucoup à l'aide que peut apporter une ﬂore
multiple bactérienne et équilibrée. » Une piste
jugée également prometteuse par Ricardo
Gonzalez.
Bruno Saussier

Feamp

Des aides Feamp pour les nurseries ligériennes

ur les cinq dernières années, certaines
nurseries du territoire ligérien ont pu
bénéﬁcier d'aides du Feamp dans le
cadre d'un agrandissement, de la création
de nouvelles entreprises ou d'acquisition
d'équipements. Au total, ce sont quinze
dossiers qui ont été soutenus dont dix sont
déjà payés pour un coût total prévisionnel
d'investissements de 4,3 millions d'euros.
Sur ce montant, le total des aides publiques
s'élève à 2 millions d'euros dont 1,5 million
accordé par le Feamp (75 %), 400 000 par
la région (20 %) et 100 000 euros d'aides
de l'État (5 %).

Ces subventions ont permis à certaines
nurseries d'augmenter leur capacité de
production via une augmentation du
nombre de tubes-tamis exploités. Pour les
nurseries qui se sont orientées vers l'achat
de nouveau matériel, le but était de moderniser l'outil de production et de diminuer
les consommations énergétiques.
EMPLOIS
D'autres ont créé de nouvelles nurseries
pour répondre à la demande des écloseries
partenaires. C'est le cas d'Hervé Corcaud,
ostréiculteur et nurseur à Bouin, qui a pu

rénover sa première nurserie et en bâtir
deux nouvelles (d'une capacité 600 tamis
et de 550 tamis) dont une avec deux associés. Ça lui a surtout permis, et c'était
l'objectif initial de la démarche, de créer
des emplois puisque grâce à cela, deux personnes ont été recrutées à l'année sur les
différentes structures.
« Nous avons démarré les travaux avant
d'avoir l'accord de prise en charge du Feamp, et
lorsque l'aide est arrivée, nous avons enchaîné
sur la construction de la seconde nurserie », précise Hervé Corcaud.
Sandrine Pelletier

Cultures marines n°334 Mars 2020

MEP VERT.indd 30

21/02/2020 10:56

Cultures marines n°334

Table des matières de la publication Cultures marines n°334