Cultures marines n°334 - 42

SAISON DES HUÎTRES
42 DÉCRYPTAGE

Les huîtres se sont bien vendues j

Ingrid Godard

Qualité, quantité, globalement tous les
feux étaient au vert, jusqu'aux fermetures
dues au norovirus. Elles ont arrêté net
la saison. Juste après Noël.

Les ventes de ﬁn d'année
ont été conformes aux prévisions.

NORMANDIE - MER DU NORD

Une saison sans surprise

vec une qualité correcte et
des volumes sufﬁsants, les
ostréiculteurs normands sont
globalement satisfaits de leur ﬁn
d'année. « Il n'y a pas eu de gros couac,
assure Vincent Godefroy, ostréiculteur à Gouville-sur-Mer. La qualité
était là, mais les prix étaient vraiment
trop bas. La grande distribution, qui
souffre économiquement, répercute
son malaise sur les producteurs. »
Didier Martin, de Blainville-surMer, ajoute : « Les grèves ont surtout
compliqué les choses. Il fallait se tenir
prêt, car les commandes arrivaient au
dernier moment ».
Mais Noël a failli être catastrophique avec les fermetures au
norovirus. « À un jour près et sans

le pragmatisme des services de l'État,
des centaines d'entreprises auraient pu
être sur le carreau », assure Vincent
Godefroy.
Roman Verneuil, qui produit de la
Spéciale à Veules-les-Roses, est satisfait de sa saison, mais beaucoup
moins depuis cette crise. « Nos
bassins n'ont pas été concernés par les
fermetures, mais nous subissons une
détérioration majeure de l'image des
huîtres normandes. Même nos clients
les plus ﬁdèles s'interrogent sur le fait
d'en consommer ! » Thierry Hélie,
président du CRC normand, ne
peut que conﬁrmer : « On afﬁche
une baisse de 40 à 70 % des chiffres
d'affaires depuis le norovirus. »
Ingrid Godard

BRETAGNE SUD

Une bonne saison jusqu'aux fêtes

Un immense

algré un certain retard de
pousse, la saison ostréicole a maintenu ses volumes échangés habituels : entre
10 000 et 12 000 tonnes. Côté prix,
le n° 2 était à 2,50 euros/kg en départ chantier et le n° 3 à 2,70 euros.
Une situation qui s'est délitée début
janvier avec les épisodes de norovirus, particulièrement sévères en
Bretagne nord. « Une catastrophe qui
s'est soldée par l'arrêt total des ventes »,
souligne Goulven Brest, président
du CRC. Le n° 3 est descendu à
2,50 euros/kg, et le n° 2 entre 2 et
2,10 euros/kg.
Côté expéditions, le tarif n'a
pas bougé mais les tonnages ne se
vendent plus, faute de demande. Les
professionnels écoulant leur production en vente directe et sur les marchés font état de pertes de chiffre
d'affaires s'étalant entre 40 et 70 %.
« Nous comptons beaucoup sur Pâques
pour écouler les tonnages. » Le président du CRC s'insurge ainsi contre
la centrale d'achat des magasins

Bruno Saussier

BRETAGNE NORD

Leclerc, qui prévenait, début février,
qu'elle ne prendrait plus d'huîtres
cette saison. « Heureusement, les magasins sont autonomes et ceux situés sur le
littoral continuent à vendre des huîtres. »
Chez Carrefour, qui poursuit la commercialisation, les retours font état
d'une baisse des ventes de 40 %.
Habituellement, les ventes des
mois de janvier à avril couvrent les
charges et les coûts de l'entreprise.
« Là on tape dans la trésorerie qui sert
à constituer les stocks de la saison suivante », lâche Goulven Brest.
Bruno Saussier

Avec le
norovirus,
les prix ont
chuté. Les
professionnels
espèrent
limiter la casse
à Pâques.

n Bretagne sud où l'avant-saison
est déterminante en raison d'une
production réservée pour les
deux tiers au gros et à l'expédition, les
ventes d'huîtres sont restées convenables durant les premières semaines
de décembre. Le norovirus est ensuite
venu gâcher la fête, pour certains secteurs avant même Noël. « L'ensemble
des entreprises conchylicoles du Morbihan
a été impacté », insiste Philippe Le Gal,
président du comité régional de la
conchyliculture de Bretagne sud.
Le responsable de l'interprofession
évalue le préjudice économique à
trois millions d'euros. « Cette estimation n'est pas déﬁnitive parce que nous
subissons toujours les conséquences de
cette crise qui est maintenant derrière
nous », explique-t-il. Beaucoup de
professionnels ont été obligés d'effectuer des rappels de marchandises,
parfois même préventivement. Ainsi
Renan Henry a-t-il procédé lui-même
au retour d'une vingtaine de palettes,
soit une perte sèche de plus de
150 000 euros.

Cultures marines n°334 Mars 2020

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Cultures marines n°334

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