Cultures marines n°334 - 5

Marion Larronde-Larretche

Pour les professionnels, les frais
sont pour l'instant quasi nuls. « Ça
leur demande un peu de logistique et
d'organisation, mais ça reste gratuit,
conﬁrme le responsable commercial. Il faut que les palettes soient bien
faites, bien ﬁlmées, pour éviter les accidents durant le transport ou le déchargement. Il faut aussi qu'il y ait un
maximum de poches à recycler par pa-

lette pour que le prix du transport soit
amorti. »
Le dépôt en déchetterie, lui, est
payant. Environ 80 euros la tonne
l'année dernière sans compter l'enlèvement des poches par un prestataire privé qui s'élève en général
autour de 115 euros la tonne. Des
prix qui ne vont faire qu'augmenter
et des déchets qui commencent à

être refusés dans certaines régions
du globe. En effet, la Chine importait jusqu'à peu 70 % des déchets
produits dans le monde mais elle a
fermé ses portes au plastique début
2018. Ne reste plus alors que la solution de l'enfouissement et les déchetteries débordent.
Depuis 2018, Intermas a donc
vu le recyclage de poches prendre
de l'ampleur. Il y a 4-5 ans, l'entreprise récupérait environ un camion
de 24 palettes tous les deux mois.
Aujourd'hui, c'est deux à trois camions par mois. La collecte a été mise
en place en mars 2019 dans les Pays
de la Loire, « elle fonctionne très bien »,
assure Hugo Koechlin, chargé de mission au CRC. En une petite année, environ 130 palettes de poches usagées
ont été retournées au fabricant, pour
un poids d'environ 18 tonnes.
Audrey Lainé, chargée des affaires
sanitaires et environnementales au
Comité national de la conchyliculture,
a identiﬁé les freins au recyclage. Il y
a d'abord le prix élevé des techniques
de nettoyage car « les matériaux sont
recouverts de micro-organismes », explique-t-elle. Il y a aussi le coût de
la collecte parce que « les entreprises
conchylicoles sont assez dispersées sur le
littoral ». Il y a enﬁn la quantité de volume à traiter : « Les ﬁlières de recyclage
ne sont pas toujours rentables à mettre en
place. » Un rapprochement avec les
pêcheurs sera peut-être nécessaire.
Il reste encore quatre ans à la ﬁlière
pour monter en puissance.
Marion Larronde-Larretche

[ Recyclage, revalorisation ou biocompostage

e CRC des Pays de la Loire a évalué à
300 tonnes la quantité de déchets engendrée chaque année par la conchyliculture dans ce bassin, dont 36 % de poches,
35 % de ﬁlets de catinage, 20 % de collecteurs, et 9 % d'autres déchets. Les poches
ne représentent donc qu'un fragment
du problème. Si une partie d'entre elles
partent aujourd'hui au recyclage, l'opération est plus compliquée pour les ﬁlets.
Certaines entreprises revalorisent aujourd'hui ceux des pêcheurs mais pour les
ﬁlets mytilicoles, la solution pour l'instant
privilégiée par les metteurs en marché
semble l'utilisation d'une matière biosour-

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cée et compostable. « Les ﬁlets mytilicoles
sont beaucoup moins faciles à nettoyer que les
poches », explique Christian Guyomar pour
Intermas.
TOUS AZIMUTS
Des projets de coupelles biodégradables
sont aussi à l'étude. Pour les tubes de captage en PVC, le CRC des Pays de la Loire va
démarrer une campagne de collecte en juin
prochain pour estimer les quantités et tester
une voie de revalorisation. « Nous avons trouvé une entreprise qui peut recycler les tubes mais il
faudra qu'ils soient bien grattés », indique Hugo
Koechlin, du CRC ligérien.

Entre les programmes de recyclage, les
projets de matériel biocompostable, les
bennes de collecte installées dans certaines régions, « des initiatives se mettent en
place, constate Laurence Hégron-Macé,
ingénieure au syndicat mixte normand, le
Smel. Ça bouge un peu dans tous les sens. »
Quelques fois tous azimuts, « Il faut parfois remettre un peu de cohérence et de liens
entre les différentes démarches », poursuit
la chercheuse. Mais aussi leur donner un
coup de pouce. L'idée est de prévoir des
mesures dans le prochain fonds européen
pour la pêche et les affaires maritimes
pour subventionner tous ces projets.

21/02/2020 10:56

Cultures marines n°334

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