Cultures marines n°334 - 7

ACTUALITÉS 7

Norovirus ou pas, les professionnels continuent
de travailler en essayant vaille que vaille de vendre.

Norovirus

Les ventes toujours au ralenti
Le coup de massue des fêtes de fin d'année a déstabilisé
les ostréiculteurs : les chiffres d'affaires sont en berne.

ouchés ﬁn janvier par le norovirus,
certains secteurs des Pays de la
Loire ont été fermés le 24 janvier,
mais les conséquences des fermetures voisines avaient déjà affecté le territoire. « Dès le 10 janvier les gars ont commencé
à avoir des chutes dans les chiffres d'affaires comprises entre 50 et 80 %, parce qu'il y avait une
perte de conﬁance des consommateurs », s'insurge Jean-Yves Le Goff, président du CRC
des Pays de la Loire. Malgré une réouverture
depuis le 6 février, les ventes restent mornes
et la conﬁance n'est toujours pas revenue.

Même son de cloche au sud avec
« 40 % de baisse pour les achats en vente
directe et jusqu'à 80 % pour les expéditeurs,
à cause de l'affolement médiatique », explique Patrice Lafont, président du CRC
méditerranéen. Près de 80 professionnels étaient présents le 10 février à une
réunion organisée suite aux fermetures
de la baie du mont Saint-Michel. « Nous
avons démontré que la perte de marché oscille
entre 40 et 60 %, sur les huîtres comme sur
les moules, comparés à l'année précédente »,
commente Benoit Salaun, président du

Bertrand Tardiveau

CRC de Bretagne nord. « À l'export, certains pays européens ont même fermé les
importations par mesure de précaution », reprend le représentant méditerranéen.
Aﬁn de comprendre ce qu'il s'est passé
et éviter que cela ne se reproduise pas,
Jean-Yves le Goff a décidé de porter
plainte contre X : « Ça peut permettre l'ouverture d'une enquête, même si ça semble plus
symbolique qu'autre chose. Mais si ça peut
mettre la pression pour que quelque chose soit
fait et qu'il y ait un suivi, alors c'est utile. »
SOLUTIONS INADAPTÉES
Suite à la fermeture en Pays de Loire, des
réunions ont eu lieu. La première avec
l'agence de l'eau : « En Vendée, on est loin
d'être dans les clous. Sur l'ensemble de notre
réseau d'eaux ﬂuviales, il n'y a que 2 % des
eaux qui sont convenables », relate le président du CRC qui s'est entretenu à ce
sujet avec le préfet de Vendée, Benoît
Brocart, celui-ci lui ayant assuré vouloir
reprendre la main sur la gestion de l'eau.
Une réunion avec les services de l'État
s'est aussi tenue aﬁn d'imaginer des solutions de sortie de crise. « Ils nous proposent
le cocktail habituel, report de charges et report d'impôts. Ce n'est jamais que de l'avance
remboursable, ça peut marcher dans le cas
des mortalités, mais là, c'est différent », explique Jean Le Goff. Des solutions jugées
inadaptées, comme celle du chômage
partiel proposée par ces mêmes services :
« Là encore, c'est une méconnaissance de
notre métier, déplore le représentant professionnel. Ce n'est pas parce qu'on ne vend
pas de stocks qu'on n'a pas besoin de travailler. Actuellement les gars sont sur les parcs à
préparer la prochaine saison. »
Sandrine Pelletier

[ Qualité de l'eau : le nerf de la guerre

près deux mois d'angoisse et de frustration sur une vingtaine de zones
conchylicoles de la Manche jusqu'à la
Méditerranée, la plupart des alertes au norovirus ont été levées. « Tous les secteurs ont
été rouverts, il n'y a désormais plus aucun problème pour consommer des huîtres », ne cesse
de répéter Philippe Le Gal, président d'une
interprofession malmenée comme jamais
ces dernières semaines, entre le lourd protocole d'une crise environnementale et
la tourmente d'une tempête médiatique,
toutes les deux préjudiciables.
Stimulée par la douceur des températures
et l'abondance pluviométrique, la multi-

plication des toxi-infections alimentaires
collectives (Tiac) a révélé de graves lacunes
dans les politiques pour l'assainissement
des eaux usées. « En tant que sentinelles de
l'environnement, nous interpellons les candidats
aux élections municipales, particulièrement sur
les communes littorales, pour leur demander des
actions fortes en faveur de la qualité de l'eau »,
clame Philippe Le Gal.
PLAN D'URGENCE
À l'échelle d'Auray Quiberon Terre
Atlantique (Aqta), où plus de 180 entreprises conchylicoles ont été contraintes
de cesser leur activité, un plan d'urgence

semble se dessiner pour accélérer la réhabilitation des réseaux d'assainissement.
Au-delà des 78 millions d'euros budgétés
jusqu'en 2028, une rallonge de 28 millions d'euros devrait être débloquée auprès de l'État, de l'agence de l'eau et du
département.
Pour quel résultat ? Malgré 80 millions
d'euros investis par Aqta durant la dernière
décennie, les insufﬁsances restent ﬂagrantes
et ce n'est pas la construction attendue
d'une nouvelle station d'épuration à LocoalMendon, sur la ria d'Étel, qui va calmer l'impatience d'une profession à bout de nerfs.
Bertrand Tardiveau
Cultures marines n°334 Mars 2020

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