Cultures marines n°335 - 21

méditerranée
Prospective

Sète

Le métier dans dix ans

roduire dans un environnement instable. »
Tout au long de l'hiver, les conchyliculteurs d'Occitanie ont discuté pour
déﬁnir ensemble une stratégie de ﬁlière.
Au cours des cinq rendez-vous organisés
par le CRC de Méditerranée dans les différents ports de l'Hérault et de l'Aude, la
réﬂexion s'est essentiellement appuyée
sur les enjeux environnementaux : changement climatique, phénomène mondial
de mortalité des huîtres et moules, compétition des espaces lagunaires marins et
terrestres... Les effets qui découlent de
tout ceci ont aussi été abordés : fermetures pour la commercialisation, image
de marque dégradée. Dans ces conditions, comment travailler et valoriser
un produit ? Comment transmettre des
entreprises ?

Hélène Scheffer

OUVERTURES
À Leucate, en cette ﬁn d'après-midi de ﬁn
février, c'est Laure Tezenas de la chambre
d'agriculture qui anime les débats. Les
conchyliculteurs de Leucate parlent préservation de la production, identité du territoire, évolutions climatiques, problèmes
d'attractivité de la profession ainsi que circuits d'approvisionnement, innovations, ou
développement du tourisme et communication. « Une rencontre très intéressante, jugeait
Théo Boniface, ostréiculteur, en ﬁn de réunion. Cela nous donne des ouvertures sur des dos-

Fin février, les parqueurs de Leucate ont pu partager
leurs visions du métier d'ici dix ans.

RÉGIONS 21

Festival annulé

siers où on manque localement d'interlocuteurs. »
L'an dernier, une première enquête de
repérage territorial avait interrogé les professionnels de plus de 50 ans. Une autre
étude pour les moins de 50 ans était programmée cette année. Des données qui
devraient nourrir la projection à dix ans,
pour déﬁnir la stratégie régionale à l'horizon 2030.
UN SOCLE COMMUN
« Sur le principe, tout le monde est d'accord,
décrypte une experte, témoin de réunions
autour de Thau. Contrairement à l'agriculture, la profession conchylicole ne s'était jamais
vraiment engagée à réﬂéchir conjointement sur
son avenir. C'est la faiblesse d'une profession
peu structurée collectivement. Ces ateliers participatifs organisent les discussions. Ils servent à
déﬁnir un socle commun qui devra être partagé
et validé par tous. »
La démarche portée depuis un an par le
CRC a été fortement soutenue par les différents partenaires ﬁnanciers de la ﬁlière
(État, collectivités, organismes publics et
privés). Cette grande enquête a été initiée
au printemps 2019 lors de l'assemblée générale du comité, ses résultats devaient être
présentés lors de l'AG prévue au printemps
2020. Les conclusions pourront sans doute
être réactivées pour intégrer un nouveau
paramètre : celui de la crise du coronavirus.
Hélène Scheffer

Avec la pandémie de coronavirus, les annulations d'événements tombent en cascade. Parmi elles, l'annulation d'Escale à
Sète. Une manifestation internationale qui
espérait fêter ses dix ans du 13 au 17 avril.
Les conchyliculteurs de Thau devaient activement participer à cette semaine maritime
qui espérait accueillir 300 000 personnes
autour de la découverte de navires de patrimoine. Des visiteurs français et étrangers,
dont de nombreux Espagnols, venus de la
Catalogne proche.
Trois stands collectifs d'information et
de dégustation étaient prévus : un stand
institutionnel et deux stands consacrés à la
dégustation des produits de la mer. À raison de deux équipes par jour pour animer
ces stands, soit l'équivalent de 120 journées
d'animation, le comité régional conchylicole de Méditerranée avait tout organisé
en échange de l'achat de produits aux producteurs impliqués. « Cela aurait été une belle
vitrine pour la profession qui avait obtenu l'exclusivité de la dégustation des huîtres », regrette
le CRC.
H. S.

Formation à Port-Saint-Louisdu-Rhône. Depuis début janvier,
des conchyliculteurs de l'anse de
Carteau bénéﬁciaient d'une session
délocalisée de formation continue des
280 heures à Port-Saint-Louis-du-Rhône,
en partenariat avec la Coopaport.
L'examen devait avoir lieu le 31 mars. À
l'heure où nous mettions sous presse,
il était reporté, comme l'ensemble des
formations initiales ou continues en
France.
Toxique, le poisson-lièvre gagne
du terrain en Méditerranée. Le
poisson-lièvre, Lagocephalus sceleratus,
aussi appelé poisson-ballon ou poissonglobe proﬁte du changement climatique
et du canal de Suez pour mettre le cap au
nord. C'est un redoutable carnassier qui
décime d'autres espèces et a tendance
à ravager les herbiers de posidonies. De
plus, comme le fugu japonais, il contient
de la tétrodotoxine, un poison qui peut
se révéler mortel pour les humains. Le
poisson-lièvre a été vu au large de
l'Algérie en 2013 et de l'Espagne en 2014.
En 2016, des spécimens ont été observés
en Calabre, au sud-ouest de l'Italie.
Cultures marines  n°335  Avril 2020

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