Cultures marines n°335 - 23

ENVIRONNEMENT 23
Océans

Toujours plus chauds

Quelque 10 millions de tonnes de déchets en
plastique ﬁnissent chaque année dans les océans.

Plastique

400 millions de tonnes par an

a fondation Heinrich Böll Stiftung et le des incinérateurs et 32 % ﬁnissent dans
mouvement Break from plastic ont pu- l'environnement. Sachant en plus que le
blié, début mars, un atlas du plastique. Il recyclage produit un mélange de plastiques
recense tout un tas de chiffres et de faits sur de mauvaise qualité qui ne peut servir que
les polymères synthétiques à l'échelle mon- pour des usages de faible valeur au marché
diale. Et donne le vertige.
restreint.
Plus de 9,2 milliards de tonnes de plasCôté bioplastique, la fondation Heinrich
tique ont ainsi été produites entre 1950 Böll Stiftung estime que c'est là encore, loin
et 2017, principalement des produits à usage d'être la panacée. Les matières agricoles utiunique et des emballages. Moins de 10 % a lisées pour fabriquer du bioplastique (sucre
été recyclé.
de canne, maïs, pomme de terre) relèvent
Quelque 10 millions de tonnes de dé- d'une agriculture très industrialisée. « La
chets plastique ﬁnissent ainsi chaque année pression sur les surfaces cultivées ne va faire que
dans les océans. À la surface
s'accentuer, souligne le doMOINS DE
des mers ﬂottent entre
cument. Or dans certaines ré15 000 et 52 000 milliards 10 % DU PLASTIQUE gions du monde, elle entraîne
de particules plastique. Les PRODUIT
déjà des pénuries d'eau, l'expoissons qui évoluant entre DEPUIS 1950
tinction de certaines espèces,
200 et 1 000 mètres de pro- A ÉTÉ RECYCLÉ.
la désertiﬁcation des terres
fondeur dans le Paciﬁque
et la disparition des habitats
Nord absorberaient 12 000 à 24 000 tonnes naturels. Il n'est donc pas envisageable d'étendre
de microplastique par an, les oiseaux de mer les cultures de matières premières agricoles sous
autour de 100 tonnes.
prétexte de produire du plastique respectueux de
Selon certains scientiﬁques, les recherches l'environnement. »
sur les microplastiques dans les océans ont
Une solution face à cette crise du plasune dizaine d'années d'avance par rapport tique : réduire le problème à la source et
à celles sur les particules présentes dans le suivre la voie montrée par certaines villes
sol : la contamination des terres serait quatre pionnières. Capannort, dans le nord de la
à vingt-trois fois plus élevée que celle de la Toscane, a ainsi été la première ville d'Europe
mer.
à adopter une stratégie zéro déchet en 2007.
Le bilan n'est pas beaucoup plus réjouis- La quantité de déchets résiduels par individu
sant au niveau du recyclage : seulement est passée de 340 kg en 2006 à 146 kg en
14 % des emballages plastiques sont au- 2011. La même année, au Danemark, un hajourd'hui recyclés à l'échelle mondiale, 40 % bitant jetait en moyenne 409 kg de déchets.
Marion Larronde-Larretche
sont mis en décharge, 14 % sont brûlés dans

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La déclaration de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l'état du
climat a été rendue publique le 10 mars.
Le rapport formule des conclusions sans
précédent quant au devenir des océans :
les années 2015 à 2019 ont été les cinq
années les plus chaudes jamais enregistrées. Un réchauffement qui a été responsable de fortes vagues de chaleur
marines qui ont concerné au moins 84 %
des océans en 2019. Conséquence : l'eau
s'est appauvrie en oxygène.
Selon le rapport, « la teneur en oxygène
de l'océan à l'échelle du globe a baissé de 1 à
2 % depuis le milieu du siècle dernier ». Une
perte en oxygène qui va « modiﬁer la composition, l'abondance et la distribution de la
vie marine ».
Autre constat alarmant de l'OMM :
l'accélération de l'acidiﬁcation de l'eau
en haute mer depuis 30 ans avec un « déclin du pH de 0,017-0,027 par décennie depuis la ﬁn des années 1980 ».
Paule-Émilie Ruy

La moitié des plages pourrait
disparaître d'ici 2100. D'après
une étude scientiﬁque parue dans
Nature Climate Change, le changement
climatique et la hausse du niveau des
océans pourraient faire disparaître la
moitié des plages à l'échelle mondiale
d'ici la ﬁn de ce siècle. Si l'augmentation
des températures était limitée à 3 °C,
plus d'un tiers des plages serait encore
menacé. Le littoral sera alors moins
bien protégé face aux tempêtes et
aux inondations et les impacts des
événements climatiques extrêmes
seront sans doute plus forts.
Paiement pour services
environnementaux : le feu
vert de Bruxelles. La Commission
européenne a autorisé la France à
rémunérer les agriculteurs pour le
déploiement de pratiques bénéﬁques
à la biodiversité. Mise en jachère de
parcelles pour compenser l'implantation
d'éoliennes, plantation de haies, de
surfaces mellifères, entretien de prairies
humides, restauration de zones humides,
agroforesterie, l'expérimentation est à
présent prête à démarrer.
Cultures marines  n°335  Avril 2020

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