Cultures marines n°335 - 9

ACTUALITÉS

Haplosporidium costale

Dans l'expectative printanière
Un nouveau parasite apparaissait sur les radars de l'Ifremer, il y a un an.
Alors que sa période de prolifération arrive avec le printemps,
les prélèvements prévus en avril sont suspendus.

RECHERCHE
Pourtant ce parasite a déjà fait des dégâts
dans des lots de Crassostrea gigas sur la station expérimentale de l'Ifremer à Bouin, en
Vendée. Les résultats obtenus par le CRC
de Bretagne nord montrent qu'un des lots
analysés était contaminé. L'Ifremer est également allé piocher dans ses archives du réseau
Repamo. Il a trouvé des traces du parasite sur

des lots de 2009. Pour Philippe Le Gal, président du CNC : « Nous avons un vrai besoin
de connaissances, on ne sait pas vraiment si c'est
grave ou pas. »
Isabelle Arzul, spécialiste des maladies
des coquillages à l'Ifremer de La Tremblade
et coordinatrice du programme Vivaldi, explique : « On retrouve le parasite à Bouin bien
sûr, mais aussi en Charente-Maritime, jusqu'à
Arcachon. On a aussi repéré des signaux faibles en
Méditerranée et en Normandie. On a assez peu
d'informations sur la Bretagne pour le moment. »

L'Ifremer a décidé de lancer un plan
d'action de recherche interne. « Nous
souhaitons obtenir une caractérisation
précise du parasite, une carte de distribution
elle aussi affinée, détaille la chercheuse.
En l'occurrence, savoir où Haplosporodium
costale se trouve, s'il y est naturellement ou
pas. » Un étudiant, encadré par l'institut, a d'ailleurs commencé à se pencher
sur la distribution environnementale du
parasite.

Julie Lallouët-Geffroy

Le parasite a été détecté dans la station de l'Ifremer
de Bouin, en mars 2019.

Ifremer / S. Lesbats

l y a un an c'était le branle-bas de combat avec des prélèvements effectués en
urgence, des réunions tripartites à répétition entre l'État, l'Ifremer et le Comité
national de la conchyliculture (CNC), des
lettres d'information adressées aux professionnels. Depuis octobre dernier, le soufﬂé
est retombé. D'autant plus que le norovirus
et désormais le coronavirus sont passés par là.
Le coup d'arrêt est venu de la direction
générale de l'Alimentation, la DGAL, qui a refusé de saisir l'Ifremer sur le dossier. Pourtant
tout était prêt. Les professionnels avaient
réalisé des prélèvements en juillet-août. Le
CRC de Bretagne nord avait même dégainé plus tôt, dès le mois de juin, et fait analyser ses échantillons pendant la période de
prolifération du parasite. Mais la DGAL a
estimé que Haplosporodium costale était un
parasite exotique, qu'il n'y avait pas de cadre
réglementaire exigeant la mise en place d'un
plan d'échantillonnage national, piloté par
l'Ifremer.

[ Le tribunal rejette une demande d'expertise

ne fois ses propres échantillons analysés, le comité régional conchylicole de
Bretagne nord a déposé une requête en référé au tribunal administratif de Rennes pour
obtenir « une expertise aﬁn de déterminer l'origine et l'évolution du parasite Haplosporidium
costale et d'identiﬁer les mesures propres à limiter la dissémination de cet agent pathogène ».
Une demande rejetée en première et deuxième instance, en janvier puis en février
dernier.
Dans son argumentaire destiné au tribunal, le ministère de l'Agriculture avait

demandé le rejet du référé, idem pour
l'Ifremer. Le juge a tranché en expliquant
que la demande du CRC reposait sur « des
dommages qui pourraient être engendrés par
la contamination de mollusques par ce parasite, mais qui, aux dires mêmes du requérant,
ne sont pas encore produits (...). Le caractère
purement éventuel de ces dommages fait obstacle à la mesure d'expertise sollicitée (...), la
requête du comité régional de la conchyliculture de Bretagne nord doit être rejetée ». Une
décision conﬁrmée par la cour administrative d'appel de Nantes.

Pour autant, dans le cadre des réunions
tripartites entre État, CNC et Ifremer, une
expertise indépendante a été sollicitée et
mobilisée. C'est la plateforme d'épidémiosurveillance en santé animale qui a pris en
charge le dossier. Les neuf structures qui la
composent - l'Ifremer n'en fait pas partie -
réalisent des veilles sanitaires et mettent en
œuvre des protocoles de surveillance. Cette
structure a demandé à l'Ifremer de lui communiquer ses analyses et a également sollicité le CNC. Elle n'a pas encore fait connaître
les résultats de ses travaux.
Cultures marines  n°335  Avril 2020

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