Cultures marines n°336 - 26

26 DOSSIER

Installation/transmission
Normandie

La scission parfois inévitable pour vendre

n Normandie, les nouveaux installés
en conchyliculture sont issus à 99 %
du sérail. Fille, ﬁls, gendre, cousin
ou petit-enfant, les transmissions sont
familiales. Il arrive que certains salariés
arrivent exceptionnellement à reprendre
les entreprises de leur patron. « S'il n'y
a pas de nouveaux venus dans la sphère des
chefs d'entreprise, c'est à cause du prix des
indemnisations de substitution, la valeur des
parcs de production est en effet plus élevée
que dans la plupart des bassins. Par ailleurs il
n'y a pas eu de création de concession depuis
très longtemps, et le métier reste rentable »,
explique Thierry Louis, tout jeune ostréiculteur retraité de Saint-Germain sur
Ay. Pour vendre son exploitation d'une
dizaine d'hectares, il a dû la démembrer
faute de descendance intéressée.
Ceux qui n'ont pas de repreneur ont
du mal à trouver un acquéreur pour l'ensemble de leur outil de travail. Les concessions restent recherchées, en revanche les
bâtiments d'exploitation situés en zone

conchylicole et les sociétés de commercialisation annexées à celles de production sont difﬁcilement vendables. « J'ai
dû dissoudre ma société de commercialisation
faute d'acheteur, regrette Thierry Louis.
J'avais suggéré à mes salariés de créer une Scop
pour continuer mais ils ont hésité et ﬁnalement
décliné. » Avec au ﬁnal un licenciement.
Pour céder ses parcs, Thierry Louis a dû
les diviser. « Personne ne souhaitait reprendre la

dizaine d'hectares repartie sur les côtes ouest et
est. Les acheteurs cherchaient à se développer.
Les parcs de la côte est ont été vendus à un
professionnel qui s'agrandissait. Ceux de la côte
ouest ont été scindés en trois lots. »
En mytiliculture, les mutations sont
moins fréquentes et plus périodiques, elles
sont liées à l'arrivée des nouvelles générations dans les entreprises.
Ingrid Godard

Ingrid Godard

Thierry Louis a dû
diviser ses parcs en
plusieurs lots pour
réussir à les vendre.

Bretagne nord

Une tendance à la concentration

régional conchylicole de Bretagne nord.
Mais ce changement de génération ne
correspondra peut-être pas à l'arrivée de
nouveaux exploitants sur les concessions.
« Plus que de nouvelles installations, on s'aperçoit qu'il s'agit le plus souvent de reprise, donc
de concentration d'activités. »

Bruno Saussier

e nombre d'installations et de reprises devrait « avoir tendance à augmenter dans les prochaines années car
nous arrivons à une ﬁn de génération », prévient Benoit Salaun, directeur du comité

C'est la baie de Paimpol qui a enregistré
le plus de mouvements.

Cultures marines  n°336  Mai 2020

SAFER
Du côté des installations, on retrouve l'ostréiculteur Benjamin Guinand qui a créé
Les huîtres de Ploezec et possède des
concessions sur la baie de Paimpol et celle
de l'Arguenon. Yann L'Aot s'est installé en
baie de Morlaix, Yoann Cholet en baie de
La Fresnaye, et les ostréiculteurs Pierre
Lec'hvien (L'huître des Héaux) et Gérald
Corlouër en baie de Paimpol.
Du côté des reprises, Bertrand Jaouen
et Gaël Conversy ont repris des concessions ostréicoles en baie de Morlaix, de

même que les frères Olivier et Emmanuel
Georges, qui se sont offert l'établissement
ostréicole de Jean-Michel Parc. En baie de
Paimpol, Jean Chaumard a repris l'entreprise de son père Henri à Lanmodez.
En mytiliculture, Frédéric Hansen a
pris la suite du regretté Zaza (son père,
Xavier Hansen) à la tête des Moules de
l'aber Benoît ; et l'EARL Rorqual d'Antoine Salardaine a repris des bouchots au
Vivier-sur-Mer.
En février 2018, le CRC a signé, avec
son homologue bas breton, la région et la
Safer une convention pour la préservation
du foncier conchylicole. « Nous n'y avons
pas encore fait appel mais nous aurions davantage besoin d'acquérir de nouveaux territoires,
notamment du côté du Sillon de Talbert, annonce Benoît Salaun. Le secteur de Paimpol
est assez désertique pour la conchyliculture. »
Bruno Saussier

Cultures marines n°336

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