Cultures marines n°336 - 8

8 ÉVÉNEMENT

SPÉCIAL

COVID-19
La poursuite du travail en cette période
de pandémie a imposé quelques
aménagements.

main-d'œuvre à cause de la crise
sanitaire. « Les choses évoluent ﬁnalement dans le bon sens, mes sept salariés
sont là, constate-t-il aujourd'hui. Il y
a bien eu des discussions, mais tout le
monde est présent pour l'instant, même
s'il faut bien évidemment adapter la
façon de travailler. »
MANQUE DE PLACE

La problématique actuelle, pour les
Charentais, tient plutôt au manque
de place pour les juvéniles fraîchement mis en poches à cause des
huîtres non vendues. « C'est un beau
bazar sur les parcs, on manque de place,
de poches, de tables. Pour l'instant j'utilise des parcs qui ne me servaient pas,
mais le moment viendra où nous aurons
beaucoup trop d'huîtres », s'inquiète
Production
par exemple l'ostréiculteur marennais Yannick Dubuy. Lui stocke
encore cinq tonnes d'huîtres invendues sur ses parcs (14 % de sa production annuelle).
Le travail sur les concessions se poursuit, parfois avec des problèmes
Non loin de là, son collègue Cyril
de main-d'œuvre, partout avec un gros manque de place.
Pain, ostréiculteur et conseiller mue monde est conﬁné mais mes employés, j'ai préféré arrêter un
nicipal au Château-d'Oléron, va
la nature suit son cours. Sur moment. »
dans le même sens : « Les parcs sont
les parcs, il faut continuer de
En Normandie, Julien Lafosse est
complètement saturés, archi-pleins,
travailler les huîtres. Certains face aux mêmes problèmes d'efavec des milliers de poches qui
ostréiculteurs, en manque de main- fectifs. « J'avais cinq salariés, je n'en
auraient dû être vendues. C'est
LES
d'œuvre, ont fait le choix de ralentir ai plus que deux. C'est compliqué. J'ai
le système D, on fait comme
PARCS SONT
un peu le rythme. Comme le Breton été obligé de prendre un intérimaire
on peut, par exemple en utiliSURCHARGÉS,
Olivier Lucas : « On était dix salariés, cette semaine et je fais des journées à
des parcs qui risquent de
ARCHI-PLEINS. » sant
on n'est plus que trois, et encore au rallonge. »
capter des naissains de moules
chômage partiel. » CDD non reconEn Charente, où l'heure est
en cette période de l'année. »
duits, permanents qui ne souhai- venue pour les ostréiculteurs de
À Fouras, l'ostréicultrice Amandine
taient plus aller sur les marchés, le ramasser leurs collecteurs chargés
Bazin, spécialisée dans le commerce
patron qui avait déjà rentré tout son de naissains, cette étape cruciale
de naissain, a vu l'un de ses contacts
naissain a décidé de faire une pause semble se dérouler sans trop de
normands différer ses achats en excôté production. « On n'avait pas ﬁni problèmes. Début mars, Cyril Pain
pliquant que « les parcs n'étaient pas
de cribler mais ne sachant pas où on ne cachait pourtant pas son inquiéextensibles ».
David Labardin
allait et pour ne pas mettre en danger tude quant au possible manque de

Des effets en cascade

Les transporteurs de produits de la
mer restent globalement mobilisés
pendant la crise du Covid-19, desservant quasiment tout le territoire
national à l'exception des départements du grand est de la France
où l'épidémie est particulièrement
violente.
« Pour maintenir un service de livraison, certains transporteurs ont
voulu augmenter leur prix jusqu'à
12 %, rapporte Loïc Maine, viceprésident du comité régional
Cultures marines  n°336  Mai 2020

conchylicole normand. Le Comité
national a alerté le ministère qui a mis
un holà à la pratique, interdisant cette
hausse brutale sans concertation. »
Avec des prix revenus rapidement
à la normale, et des transporteurs
ﬁdèles à leur poste, les tournées
pourraient suivre un cours habituel,
mais elles « se font à vide, déplore
Alain Pourtier, ostréiculteur à Isigny
- Grandcamp, car c'est tout le système
de distribution qui est à l'arrêt ».
Ingrid Godard

David Labardin

[ Les transporteurs redescendent leur prix

Le ramassage des collecteurs débute sans problème de
main-d'œuvre. Reste à savoir où stocker les naissains...

Cultures marines n°336

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