Cultures marines n°336 - 9

SPÉCIAL

COVID-19 ÉVÉNEMENT 9
Naissain

Les écloseries assurent le stock
sont plus ou moins affectées en
fonction des entreprises. Mais là
n'est pas le plus gros risque que
fait courir cette crise, selon JeanYves Le Goff.
NE PAS BRADER

L'écloseur craint davantage que
les naissains soient bradés, vendus
au rabais. « Ce serait dangereux car
ça va tuer les entreprises, affirmet-il. Et il peut y avoir un effet d'aubaine, avec certains professionnels qui
feraient du surstock de naissains à pas
cher entraînant des parcs archi-pleins
dans trois ans et un produit invendable sauf à réduire le prix. »
D'ici la sortie de crise, comme
ailleurs, les écloseries font donc
le dos rond. « On gèle un peu les
investissements pour le moment en

Sandrine Pelletier

es effectifs sont en baisse dans
les écloseries ligériennes, ici
du chômage partiel, là des
parents en arrêt pour garder leurs
enfants et ailleurs, des salariés à la
santé fragile qui restent chez eux
pour se protéger. Un mal pour un
bien : toutes les écloseries ont dû
diminuer leur production en réduisant la vitesse des pontes.
Pour autant, pas de rupture de
stock en prévision. « Nos outils sont
pleins et on est prêts à livrer n'importe
qui, n'importe quand et n'importe
où », martèle Stéphane Angeri,
président de France naissain, dont
le propos est partagé par Laurent
Terrien, directeur général de
Marinove, et Jean-Yves Le Goff,
gérant de la Sodabo aquaculture.
Les commandes de naissains

Les écloseries font
en sorte de ne pas
casser la chaîne
de production
ostréicole.

attendant de voir ce que ça va donner, indique ainsi Laurent Terrien.
Ça sera une année difficile, mais on ne
sera pas les plus à plaindre. »
Sandrine Pelletier

Captage

Coup de frein sur les transactions

Loïc Fabrègues

a crise du Covid-19 n'a pas
épargné le marché du naissain
naturel. « On a plus de mal à en
vendre », résume Benoît Massé, gérant de la SARL Aubry, spécialisée
dans le courtage d'huîtres. Le problème n'est pas lié à des difﬁcultés
pour mettre en place les gestes
barrières notamment lors de la récupération ou de la livraison de la
marchandise, ni à des restrictions
de circulation, mais l'ambiance n'est
pas aux affaires. « Il y a la crainte du
lendemain, souligne le patron de
l'entreprise basée sur l'île d'Oléron.
Les producteurs veulent économiser leur
trésorerie. »
L'achat de naissains n'est pas érigé
en priorité. Et les ostréiculteurs ont
des huîtres sur leurs parcs. « On a
plein de clients qui ont des stocks et donc
pas de place pour installer du naissain »,
conﬁrme Benoît Massé. « Comme
ils ne vendent pas, ils n'achètent pas »,
complète Térence Campagne.
L'ostréiculteur de Gujan-Mestras
n'a pas fait une grande récolte de
naissains mais la crise du Covid-19

La place manque
sur les parcs pour
installer les poches
de naissains.

a stoppé net ses ventes. « J'ai vendu
la moitié de ce que j'aurais dû faire, déplore-t-il. Je vais essayer de faire des
échanges de naissains contre des huîtres
marchandes. »
CHAUX

À la SARL Aubry, Benoît Massé évalue à « au moins un tiers » la perte de
commandes sur le naissain naturel

due au coronavirus. Maigre réconfort, il n'y avait pas encore à la miavril de mortalités constatées sur
ce cheptel. Térence Campagne se
posait, lui, la question de savoir s'il
pourrait se fournir en chaux pour
préparer ses tuiles en vue du captage de l'été prochain. « Ce serait bien
d'éviter la double peine. »
Loïc Fabrègues
Cultures marines  n°336  Mai 2020

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