Cultures marines n°337 - 12

12 ACTUALITÉS

Qualité des eaux

Davantage de zones classées B
L'analyse des tendances sur le long terme montre une évolution générale à la baisse
de la contamination bactériologique des eaux conchylicoles.

PRIORITÉ
Les scientiﬁques disposent d'un historique
sufﬁsant pour 264 lieux de surveillance.
La qualité des eaux s'est améliorée pour
81 points, s'est dégradée pour 12 et est
restée stable ailleurs. Les 12 zones altérées sont dispersées sur le littoral. « Il n'y
a pas de point noir », reprend Jean-Côme
Piquet. Et établir ces proﬁls de vulnérabilité conchylicole « permet aussi d'identiﬁer les
bassins-versants où la reconquête de la qualité
des eaux est prioritaire », souligne-t-il.
Les bons points sont, eux, plutôt distribués en Bretagne, excepté dans le
Finistère. Mais les zones qui « présentent

Anne Caillet

es résultats des analyses bactériologiques de trois années successives
permettent de déﬁnir la qualité
microbiologique des eaux conchylicoles. 324 zones ont fait l'objet d'une surveillance sur la période 2017-2019 : 22 %
ont été classées en A, 72 % en B et 5 %
en C. À titre de comparaison, pour 20162018, la répartition était de 26 %, 66 % et
6 %. Le nombre de zones de bonne qualité
(A) a donc régressé au proﬁt des zones de
moyenne qualité (B). C'est moins bien.
Mais la tendance s'observe sur le long
terme, tempère Jean-Côme Piquet, coordinateur national du réseau de surveillance
microbiologique des zones de production
de coquillages (Rémi) : « Les contaminants
nécessitent des actions de reconquête de la qualité de l'eau assez longues. » Et les tendances
sur dix ans sont « globalement bonnes », relève le chercheur de l'Ifremer.

22 % des eaux conchylicoles françaises
sont considérées de bonne qualité.

une tendance à l'amélioration sont aussi celles
où les niveaux de contamination sont assez élevés, pointe le chercheur. Là où les niveaux de
contamination sont faibles, il n'y a pas beaucoup d'amélioration, et il y a de plus fortes proportions de zones classées A à Arcachon ou à
Marennes - Oléron ».
L'assainissement de certains bassinsversants ayant été décrié cet hiver suite à

LE RÉSEAU RÉPAMO ACTIVÉ 31 FOIS
Le bilan 2019 du réseau de pathologie des mollusques (Répamo) vient
lui aussi de paraître. Il indique que
le réseau a été activé 31 fois en 2019
(contre 28 fois en 2018), dont 25
ont abouti à un prélèvement : huit
pour les huîtres creuses, treize pour
les moules, trois pour les coques et
une pour les flions tronqués. Aucun
agent réglementé n'a été décelé. Le
parasite Marteilia a été retrouvé sur
Cultures marines  n°337  Juin 2020

une coque, l'herpès virus sur cinq
lots d'huîtres, la bactérie Vibrio aesturianus sur deux échantillons d'huîtres
et un de coques, et des bactéries du
groupe Splendidus sur une majorité des huîtres, tous les échantillons
de moules et deux lots de coques.
À noter également que le parasite
Haplosporidium costale a été détecté
pour la première fois en France sur
des huîtres creuses.

l'intense épisode de norovirus, cette évolution globale positive de la qualité des
eaux tirée du Rémi peut paraître contradictoire. Mais le coordinateur national
rappelle que, s'il y a « des origines parfois
communes » entre les pollutions bactériennes et virales, les deux ne sont pas forcément liées. D'abord parce que les causes
peuvent être différentes (l'élevage ne joue
par exemple que sur la problématique bactérienne) et ensuite parce que « certains
traitements [des stations d'épuration] sont
efﬁcaces sur Escherichia coli et pas ou moins
contre les norovirus ».
Le Rémi est un réseau ancien : il a fêté
ses trente années d'existence. Aﬁn d'optimiser la stratégie d'échantillonnage,
cinq études sanitaires ont été ﬁnalisées
en 2019 : deux en Ille-et-Vilaine et trois
dans les Côtes-d'Armor. « Elles permettent
de positionner au mieux les points Rémi pour
bien suivre les sources de pollution », explique
Jean-Côme Piquet. Seize autres devraient
aboutir en 2020.
Marion Larronde-Larretche

Cultures marines n°337

Table des matières de la publication Cultures marines n°337