Cultures marines n°337 - 26

26 DOSSIER

Charente-Maritime

David Labardin

Derrière ces deux produits phares, qui
contribueront d'ailleurs à la montée en
puissance de l'export, les autres huîtres
du bassin sont également vendues sous
l'appellation Marennes - Oléron. Le cahier des charges de 1974 prévaut alors. Un
document « un peu galvaudé, qui n'était plus
adapté », estime Alain Bertin, président de
la section entre 1996 et 2001. D'autant
plus que l'Europe et la direction générale
de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes font alors
pression sur la profession pour adopter de
vrais signes de qualité.

Jean-Pierre Suire, président du groupement qualité entre 2005
et 2017, l'un des grands artisans de l'IGP Marennes - Oléron.

IGP

Toute une épopée
La première et unique IGP ostréicole a vu le jour en 2008.
Une démarche qui aura mis plus de dix ans à aboutir,
sous la pression de l'Europe et des services de l'État.

ans le bassin Marennes - Oléron,
l'histoire des signes officiels de
qualité commence en 1989.
Cette année-là, les fines de
claires vertes décrochent le premier
Label rouge pour un produit de la
mer, les spécificités de l'affinage sont
enfin reconnues. « Il s'agissait d'éviter un

nivellement par le bas en se démarquant
de toutes les huîtres qui ne faisaient que
transiter par le bassin », se souvient le
maire du Château-d'Oléron Michel
Parent, vice-président de la section régionale à l'époque, et grand artisan de
la démarche. La pousse en claire suivra le
même chemin en 1999.

SAUVER CE NOM
« Nous n'avions plus le choix, ou alors nous
perdions le nom Marennes - Oléron pour les
produits autres que les Label rouge », reprend
Alain Bertin, élu à l'époque sur sa volonté
de tout remettre à plat. Jean-Pierre Suire,
président de l'OP puis du groupement qualité Marennes - Oléron entre 2005 et 2017,
se souvient lui aussi de ces longues années
de travail. « Marennes - Oléron était une
marque, tout le monde pouvait l'utiliser, il y avait
une certaine tolérance qui prévalait jusque-là. Il
a donc fallu se lancer dans ce travail fastidieux
mais capital. Il fallait sauver ce nom. »
Un travail de longue haleine en effet
puisque l'indication géographique protégée ne sera enregistrée qu'en 2009 par
l'Union européenne. Une IGP qui regroupe
aujourd'hui 213 entreprises pour 20 000
tonnes expédiées chaque année, soit la
moitié des huîtres commercialisées en
Charente-Maritime. Onze ans plus tard, le
nouveau président du groupement, Laurent
Chiron, s'attaque à une autre étape : la révision de ce fameux cahier des charges, avec
de nouvelles modalités pour les mises en
claires.

DERNIÈRE LIGNE DROITE POUR LE NOUVEAU CAHIER DES CHARGES

ancée il y a quatre ans, la révision du cahier des charges de l'IGP
Marennes - Oléron touche à sa ﬁn. C'est
en tout cas le souhait du président du
groupement qualité Marennes - Oléron,
Laurent Chiron. Sans le conﬁnement, le
dossier aurait pu être présenté au printemps devant le comité national de l'Institut national de l'origine et de la qualité, l'Inao. Le dossier est maintenant « en

Cultures marines  n°337  Juin 2020

haut de la pile », précise Nicolas Brossard,
responsable du service qualité du groupement. La version ﬁnalisée devrait être
transmise avant la ﬁn de l'année, pour une
validation déﬁnitive l'année prochaine.
La principale nouveauté concernera les
couples durées-densités déjà existants,
qui ne seront plus soumis à une périodicité été-hiver. Une évolution qui permettra
une plus grande souplesse de travail pour

les professionnels, comme l'hiver dernier
face aux risques de mortalités dans les
claires à cause des fortes précipitations.
On se souvient d'ailleurs que les futures règles avaient été anticipées grâce
à une dérogation de l'Inao. Une requête
qui pourrait être reformulée en ﬁn d'année en cas de nouvelles conditions exceptionnelles (conﬁnement, conditions
climatiques, etc.).

Cultures marines n°337

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