Cultures marines n°337 - 27

DOSSIER 27

Charente-Maritime
Innovations

L'écologie, devenue omniprésente
L'organisation professionnelle multiplie les programmes environnementaux depuis
quelques années. Une problématique devenue centrale dans le monde conchylicole.

ien sûr, l'ostréiculture a toujours
été intimement liée à la qualité du
milieu. L'histoire a d'ailleurs réservé
quelques conﬂits mémorables sur
la gestion qualitative ou quantitative de
l'eau. Mais pour le reste, le sujet environnemental a véritablement fait son apparition depuis une dizaine d'années entre
les murs marennais du CRC de CharenteMaritime. « On en parlait évidemment moins
il y a vingt ou trente ans, la profession a vécu
la même évolution que la société dans son ensemble », explique Laurent Champeau, directeur de l'organisation professionnelle
depuis 1992.
Au sein du CRC, l'écologie est maintenant omniprésente. Les projets se succèdent à un rythme effréné. Citons par
exemple la valorisation des poches ostréicoles, revendues au fabricant espagnol
Intermas via le chantier d'insertion Terre
mer chantiers, ou encore le coﬁnancement du traitement de bacs à marées,
avec la coopérative Téo. Des nettoyages
de plages ont même été organisés l'année
dernière à Fouras et à Angoulins. Sans parler des actions menées pour sensibiliser
les professionnels à la perte de matériel
sur les plages (coupelles, poches, etc.).
Un programme mené en collaboration
avec la Ligue de protection des oiseaux
(LPO), gestionnaire de la réserve naturelle
Moëze-Oléron.

Laurent Champeau, en poste depuis 1992,
détaille le virage environnemental pris
par le CRC de Charente-Maritime.

David Labardin

COUPELLES
Encore plus ambitieux, le Creaa du
Château-d'Oléron est missionné depuis
trois ans pour évaluer les performances de
nouvelles coupelles compostables, biodégradables, confectionnées en bioplastique.
Un travail mené à l'origine avec l'entreprise lorientaise Seabird, spécialisée dans
l'élaboration de formulations biosourcées
à partir de glucose végétal et de résidus
de coquilles d'huîtres. Au terme des trois
ans d'expérimentation, les résultats très
positifs ouvrent maintenant la voie à une
production industrielle. Le CRC est par
ailleurs en lien avec des industriels souhai-

tant fabriquer des poches et des ﬁlets de
Dans un autre registre, deux sondes ont
catinage en bioplastique.
été mises à l'eau l'année dernière pour
Les mytiliculteurs, eux, organisent de- améliorer le suivi environnemental des
puis deux ans le ramassage du byssus : pertuis. Une action soutenue par le parc
ces ﬁlaments traditionnellement jetés naturel marin. On pourrait aussi évoquer
qui permettent aux moules de s'accro- le travail mené avec le port de La Rochelle
cher. La première étape est réussie en sur la valorisation des déchets de la pêche
utilisant cette matière dans la fabrication et de la mytiliculture (moules sous-taille).
d'aliments pour poules pondeuses bio. « En communiquant vers l'extérieur, nous esMais les perspectives sont
sayons de faire comprendre que
beaucoup plus vastes : « Il
les coquillages sont dépendants
« LA PROFESSION
nous reste une ou deux années
de la qualité du milieu, que ce
A VÉCU LA MÊME
d'études pour l'extraction de
sont des sentinelles de l'environÉVOLUTION QUE
molécules qui pourraient innement, que la conchyliculture
LA SOCIÉTÉ DANS
téresser les industries cosmés'est développée ici parce que
SON ENSEMBLE. »
tiques et pharmaceutiques »,
les conditions sont naturelleexplique Benoît Durivaud,
ment propices à la vie des covice-président moules du CRC. À plus quillages, ajoute Laurent Champeau. Alors
long terme, des chercheurs ont déjà dans le même temps, il faut aussi s'interroger
identiﬁé des propriétés pouvant servir à sur l'impact de l'activité elle-même sur l'envila fabrication de colle biologique ﬁne, en ronnement, en répondant aux nouveaux enjeux
chirurgie et sur certaines prothèses.
sociétaux. »

Cultures marines  n°337  Juin 2020

Cultures marines n°337

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