Cultures marines n°337 - 5

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sident du comité régional conchylicole (CRC) des Pays de la Loire. Il
faut éviter les effets opportunistes. Ça
mettrait la profession à genoux sans
que cela ne proﬁte pour autant aux
consommateurs. »

donner un grand coup d'Opinel et
que les choses repartent normalement
après. Laisser la marchandise sur
les parcs, c'est prendre le risque de
déstabiliser le marché pendant deux
ans. Je ne sais pas ce qui est le pire... »
Cette option, radicale, n'a pour
DESTRUCTION
le moment pas la faveur des res« Quand il n'y a pas de marché, il n'y ponsables professionnels qui ne
a pas de cours non plus, complète l'envisagent qu'en tout dernier rePhilippe Le Gal. Question prix, on cours car, souligne Philippe Le Gal,
a entendu de tout, aussi bien à la « cela pourrait être catastrophique en
production qu'à la commercialisation. termes d'image véhiculée ». Et si cette
La période est compliquée mais il n'y solution présente l'avantage de
a pas de recette miracle, il faut garder faire de la place sur les parcs pour
son sang-froid et ne pas brader les les générations suivantes, « ça ne
huîtres. » Frédéric Coulon, ostréicul- nous permettra pas de faire du chiffre
teur à Baden, raconte : « En Bretagne d'affaires, complète Jean-Yves Le
sud, nous accusons d'importantes Goff. Et ce serait désolant. C'est idiot
difﬁcultés sur la vente en gros avec mais on est attachés à nos bêtes... »
une diminution de l'ordre
Une autre piste à
de 80 % des volumes
l'étude serait d'aliLA BAISSE
et des prix au départ
menter le secteur de
DES PRIX
qui sont tombés entre
la transformation. Il y
METTRA LA
1,80 et 2,20 €, soit plus
a aujourd'hui des inPROFESSION
d'un euro de moins qu'à
dustriels qui font venir
À GENOUX. »
l'accoutumée. »
de la chair d'huîtres de
Pour éviter la chute des cours, Chine, l'idée serait de récupérer
certains ont évoqué l'idée de dé- ce marché. « À travers l'association
truire une partie des stocks. « Quand Breizhmer, nous avons discuté le 13 mai
on a élevé des huîtres pendant trois ans, avec plusieurs industriels pour envisager
ce n'est surtout pas ce que l'on a envie les moyens de transformer et valoriser
de faire, souligne Thierry Larnicol, nos surplus de gros numéros, explique
des Viviers de Keraliou (Finistère). Frédéric Coudon, vice-président
Et j'entends déjà mes collègues hurler... du CRC de Bretagne sud. C'est une
Mais il y a aussi la loi du marché. idée qui ne devrait pas se concrétiser en
Détruire les animaux, ce serait pour 2020, mais elle doit faire son chemin. »

M. L.-L.

er
cs.

Le redémarrage
des ventes
d'huîtres reste
très lié à la reprise
économique.

Marion Larronde-Larretche

Si la mise en place d'une telle
filière constitue une des meilleures réponses à un risque de
surproduction, les obstacles ne
manquent pas selon l'ostréiculteur
de Baden : « Nous devrons établir
une continuité et une régularité dans
les approvisionnements en huîtres,
tout en acceptant une rentabilité
moindre sur nos huîtres qui sont
généralement dégustées vivantes. » Si
le marché français peine toujours à
sortir de ce schéma, il faudra également développer des gammes
de produits alternatives susceptibles de séduire et convaincre les
consommateurs. Les débouchés à
l'export, en particulier vers l'Asie,
ne manquent pas.
D'ici à ce qu'une telle ﬁlière démontre son intérêt et se mette en
place, le Comité national travaille
.../...

[ Le détail des aides toujours à l'étude

i l'extension de la mesure 55 aux crises
sanitaires et environnementales a bien
été entérinée, la suite du programme, et
notamment le taux d'indemnisation, est
toujours en discussion. Les aides du fonds
européen pour les affaires maritimes et
la pêche (Feamp) porteront sur la perte
du chiffre d'affaires de l'entreprise, une
forme de soutien que « la profession
conchylicole est la seule à avoir obtenue »,
souligne Philippe Le Gal, président du
CNC. Le calcul devrait se baser sur 75 %
du préjudice et le Comité national milite
pour que le taux d'indemnisation soit de
50 %. « C'est encore en discussion », commente son président.
Les discussions se poursuivent aussi
avec les régions pour redistribuer les enve-

loppes du Feamp. « Il reste de l'argent, répète
Philippe Le Gal, mais la conchyliculture a déjà
pas mal utilisé le fonds avec la ligne 48. Pour
l'instant, a priori, il y aurait un peu plus de
21 millions d'euros pour la mesure 55. »
EXONÉRATION
Enﬁn, les représentants professionnels
continuent de réclamer l'abandon des
charges sociales et des redevances domaniales. « Ce serait scandaleux que l'État ne
nous exonère pas, afﬁrme Jean-Yves Le Goff.
Ayant des stocks d'animaux vivants à gérer, on
avait besoin de monde pour travailler sur les
parcs. Les conchyliculteurs ont donc très peu
utilisé le chômage partiel comparé à d'autres
secteurs d'activité et nous n'avions pour autant
pas de revenus. À présent, il faut penser à

2022. S'il n'y a pas d'annulation des charges
mais un simple report, les échéances tomberont
au plus mauvais moment et cela mettra les
entreprises à terre. »
Cette requête a été appuyée par 28 députés de circonscriptions principalement
littorales qui ont adressé une lettre au
Premier ministre, le 20 mai, réclamant
« un soutien indispensable au sauvetage »
des entreprises ostréicoles dont l'état de
la trésorerie est « alarmant ». Les députés
demandent ainsi « au même titre que les entreprises du secteur touristique, l'exonération
des cotisations sociales pour une période de six
mois à compter de mars 2020 ». Ils estiment
également que « les loyers et redevances d'occupation du domaine public pourraient être
annulés ».

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