Cultures marines n°337 - 6

6 ÉVÉNEMENT
.../...
à une alternative : la constitution
d'un outil qui permettrait de maintenir les cours, aﬁn d'empêcher
que les huîtres soient vendues en
dessous de leur prix de revient. Le
système de libre concurrence européenne rend pourtant illégale
toute entente sur les prix... « Le
ministère nous dit que ce n'est pas
possible, rapporte Philippe Le Gal.
Ils ont eu récemment une demande des
producteurs de viande qui devaient faire
face en plus à des importations, et il n'y
aurait pas de possibilité sans enfreindre
les lois actuelles. Mais nous sommes en
train d'expertiser cela d'un point de vue
juridique. »
Alors la seule solution immédiate, c'est d'essayer de relancer la consommation d'huîtres.
Mener une grande campagne de

ÉVOLUTION DU PRIX MOYEN
D'UNE DOUZAINE D'HUÎTRES (AU DÉTAIL)
en euros
12
10
8
6
4
2
0

communication onéreuse alors que
le spectre d'un reconﬁnement n'est
pas écarté semble risqué. Comité
national et comités régionaux
optent donc pour l'instant pour
des petites actions plus ciblées, qui
passent souvent par les réseaux so-

ciaux. Une option radiophonique
avec France ﬁlière pêche est aussi à
l'étude.
Les ostréiculteurs cherchent, et
c'est normal, des pistes pour sortir
de la crise, mais le principal levier
n'est pas de leur ressort, c'est le redémarrage de l'activité économique.
« C'est la meilleure chose qui puisse nous
arriver », estime le président du CNC.
Le premier week-end du déconﬁnement, mi-mai, a ainsi donné quelques
espoirs aux producteurs. « Les gens
sur le littoral ont pu se promener et il y
a eu de très belles ventes, en direct, dans
certains secteurs », rapporte Philippe
Le Gal. Un vent d'optimisme que la
ﬁlière n'avait pas connu depuis de
longs mois.
Marion Larronde-Larretche
avec Bertrand Tardiveau

[ Les moules entrent dans la danse

Anne Caillet

es mytiliculteurs ont été jusqu'ici préservés de la crise du coronavirus, arrivée à
l'intersaison. Mais ils sont à présent dans les
starting-blocks pour démarrer la commercialisation de leurs moules alors que la situation globale du pays reste encore très incertaine. « Les ventes ont déjà démarré dans la baie
de Somme, mais il s'agit surtout de débouchés
locaux à des restaurateurs et le marché est très
fermé, rapporte Loïc Maine, président du
groupement des mytiliculteurs sur bouchot. Le bassin de Saint-Brieuc va s'ouvrir début

Après une saison 2019 souvent décevante,
la qualité des moules devrait être meilleure en 2020.

Cultures marines  n°337  Juin 2020

juin, il y a aussi les moules de ﬁlière en Charente
et tous les autres bassins début juillet. »
« On est tendus, comme notre trésorerie,
ajoute Benoît Durivaud, vice-président du
comité régional conchylicole de CharenteMaritime en charge des moules. La
restauration peut représenter jusqu'à 80-90 %
des ventes de certains producteurs locaux. »
Et les cantines d'entreprise captent également des volumes importants. Tout
comme les ostréiculteurs, les mytiliculteurs
attendent donc fébrilement d'en savoir da-

vantage sur la réouverture des restaurants,
qui totalisent environ 20 % des ventes à
l'échelle nationale, et les producteurs de
moules craignent comme leurs confrères
une chute des cours.
« Même si les restaurants ne représentent pas
le plus gros débouché pour nos produits, leur
absence peut fortement perturber le commerce,
reprend Loïc Maine. Certains grossistes
ont descendu les tarifs de cinq centimes. Il y a
beaucoup d'entreprises mixtes en Normandie
qui, avec les méventes de début d'année, ont
besoin de trésorerie. Il y a pourtant moins de
produits sur le marché. »
PRÉDATION
Les mytiliculteurs ont dû en effet faire face
à d'importantes prédations, notamment de
la part des araignées de mer, et à une nouvelle vague de mortalités au début du printemps, avec « 20 à 40 % de pertes constatées
à la mi-avril sur la façade atlantique »,
rapporte Philippe Ortin, président moules
du Comité national de la conchyliculture.
« Au total il y a 20 % de produits en moins
par rapport à l'année dernière », avance
Loïc Maine. « Certains bassins ont des stocks
un peu plus élevés, comme en baie du mont
Saint-Michel, mais c'est classique, complète
Philippe Ortin. Ce que tout le monde constate
c'est que la qualité est là, les taux de remplissage
seront meilleurs que l'année dernière. » Aucune
raison, donc, sur le papier, que les prix ne se
maintiennent pas.

Cultures marines n°337

Table des matières de la publication Cultures marines n°337