Cultures Marines n°338 - 25

SCIENCES 25
Sars-CoV-2

Ifremer : le nouveau contrat
d'objectifs signé. Les trois ministres
de tutelle et le PDG de l'Ifremer, François
Houllier, ont signé le lundi 8 juin à
l'occasion de la journée mondiale de
l'océan le nouveau contrat d'objectifs
et de performance de l'Ifremer pour la
période 2019-2023. Celui-ci « s'inscrit dans
la double perspective d'une science et d'une
innovation ouvertes et du développement
durable », a déclaré François Houllier.

Ifremer

Les équipes
de l'Ifremer ont
analysé dix-neuf
échantillons
de coquillages.

près des premiers résultats encourageants sur l'absence de coronavirus
dans les échantillons d'eau de mer
[Cultures marines n° 337], l'Ifremer récidive
avec l'annonce de l'absence de détection
du coronavirus Sars-CoV-2 dans les échantillons de coquillages.
Des équipes de l'Ifremer ont analysé l'eau de trois stations d'épuration du
grand Ouest (Pays de Loire et Bretagne).
Les scientiﬁques ont détecté du génome
du Sars-CoV-2 dans neuf prélèvements sur
treize. En revanche, ils n'ont rien trouvé
dans les coquillages.
Dix-neuf échantillons ont été étudiés :
un de palourdes, deux de moules et
seize d'huîtres creuses, prélevés entre le
4 et le 11 mai sur la côte normande, les
côtes bretonnes, les façades atlantique et

méditerranéenne. « L'un de ces échantillons
de coquillage a été prélevé juste à proximité des
rejets d'une station d'épuration dans laquelle
nous avions détecté des traces de Sars-CoV-2
avant traitement, souligne dans un communiqué de presse, Soizick Le Guyader, virologiste à l'Ifremer. Le fait qu'aucune trace de
Sars-CoV-2 n'y ait été détectée laisse à penser
que les traitements des eaux usées sont de nature à diminuer le risque de propagation du
virus dans le milieu marin. »
L'Ifremer souhaite continuer ces analyses
pour suivre la levée progressive des mesures de conﬁnement sur la circulation du
virus. « L'observation d'une augmentation de la
présence du virus dans les eaux usées pourrait
aider à prévenir une éventuelle deuxième
vague », estime Soizick Le Guyader.
Marion Larronde-Larretche

Cancer

L'huître en modèle

epuis que les scientiﬁques ont découvert que l'huître creuse pouvait réguler l'effet Warburg selon son environnement, ils s'y intéressent de près. Jusqu'ici
ils pensaient que ce mécanisme était réservé
aux cellules cancéreuses, ce développement
cellulaire étant irréversible chez l'homme.
Mais ils ont découvert que Crassostrea gigas
utilise l'effet Warburg par exemple pour respirer à marée basse en l'absence d'oxygène.
Le programme Mollusc d'une durée de
deux ans s'est achevé ﬁn 2019. Il a permis aux
chercheurs de l'Ifremer de montrer qu'un
stress de température bloquait le déclenche-

ment de l'effet Warburg et de comprendre
que les protéines jouaient un rôle important
pour activer et désactiver ce mécanisme.
Mais l'huître possède 8 000 protéines aux
fonctions inconnues...
« Pour l'heure, nous travaillons à mieux
caractériser l'effet Warburg et ses interactions avec
l'environnement chez l'huître, indique Charlotte
Corporeau, biochimiste à l'Ifremer, dans un
communiqué de presse. Nous espérons ainsi
créer un modèle animal ﬁable pour identiﬁer de
nouvelles cibles thérapeutiques en cancérologie
chez l'homme. »
M. L.-L.

Holothuries : les tests
d'alimentation concluants.
L'entreprise Aqua-B a pris en charge la
partie prégrossissement et grossissement
des holothuries dans le cadre du
programme Holofarm démarré il y a
deux ans. Des juvéniles de 10 à 20 mg
sont ainsi arrivés en décembre 2019
et janvier 2020 en provenance
d'Agrocampus ouest. Six mois plus
tard, les individus pèsent entre dix et
quinze grammes se réjouit Julien Grys,
technicien aquacole au sein d'Aqua-B.
« C'est une nette progression, insiste-t-il. Il
faut 100 jours pour obtenir un juvénile de bar
d'un gramme. » Le résultat était attendu
avec certains des aliments testés mais
d'autres, pour l'instant tenus secrets, ont
agréablement surpris le scientiﬁque.
Phaeocystis globosa : un bloom
suivi depuis l'espace. Depuis miavril, Alain Lefebvre, responsable du
laboratoire Ifremer environnement
ressources de Boulogne-sur-Mer,
observe le développement important
de Phaeocystis globosa. Cette algue libère
un mucus formant une mousse sur l'eau
qui peut tout de même atteindre deux
mètres de haut. Conﬁné, le chercheur a
pu suivre les quantités de phytoplancton
grâce aux données satellite. Les
prélèvements en mer permettront, dans
un deuxième temps, de caractériser la
communauté phytoplanctonique. « Les
deux approches sont complémentaires »,
commente le chercheur.

Ifremer

Pas de trace dans les coquillages

Cultures marines n°338 Juillet-août 2020

Mep_Rouge.indd 25

26/06/2020 17:11

Cultures Marines n°338

Table des matières de la publication Cultures Marines n°338