Cultures Marines n°338 - 34

34 DOSSIER

Saison des moules
Méditerranée

La mer ouverte pour maintenir la production
Face à la concurrence et des volumes en baisse, le CRC veut relancer
les filières en mer pour retrouver des volumes satisfaisants.
kilo, déplore Philippe Ortin. Cela ne couvre
pas les frais. »
Pour minimiser les risques du réchauffement climatique et retrouver les anciens volumes de production, le CRC veut relancer
la mytiliculture en mer ouverte au large de
Thau. « On ne trouve plus de jeunes pour devenir mytiliculteurs, c'est un souci, ajoute Philippe
Ortin. Le plan de relance en mer pourrait aider. »

Hélène Scheffer

PERTINENCE ÉCONOMIQUE

La voie de valorisation des moules
en mer n'est pas encore ﬁxée.

a malaïgue de 2018, avec ses eaux
chaudes, a laissé des traces. Les
volumes devraient être en baisse.
« On ne remplit plus des dizaines de
carrés comme avant, il y a trop de risques »,
témoigne une mytilicultrice de Thau.
D'autant que le naissain n'est plus disponible localement. Le projet de partenariat
lancé il y a quelques années par le CRC de
Méditerranée sur l'étang de Berre, en lien
avec les professionnels de la Coopaport,
a ﬁnalement capoté. « Il y a un captage naturel très riche à Berre, il y avait du potentiel
mais des acteurs du dossier ont fait machine
arrière, regrette Philippe Ortin, représentant du collège moules au sein du CRC et
du CNC. Nous sommes désormais tributaires
de l'Italie. »
PRIX

Fin juin, il était encore tôt pour trouver
des coquillages très charnus, la chaleur
ayant été absente en mai et irrégulière

début juin. Que ce soit à Thau ou à PortSaint-Louis-du-Rhône, les producteurs
espéraient des jours commerciaux meilleurs pendant l'été. « L'Espagne achète peu
et même sur les marchés de ville, on trouve les
moules de Méditerranée autour de 3 euros le

Le projet présenté à l'assemblée générale
2019 devrait bénéﬁcier de nouvelles solutions techniques [lire ci-dessous]. Les premiers résultats sont d'ores et déjà encourageants, note le syndicat mixte du bassin
de Thau (SMBT), porteur de ce projet de
pratiques novatrices du DLAL de Thau qui
souligne tout de même qu'il est encore
nécessaire d'analyser « la pertinence économique » de cette production. Une piste
pourrait être la mise à l'abri des coquillages.
Les nouvelles ﬁlières imposent des navires plus puissants, plus chers - ce qui aura
forcément une incidence sur le prix de
revient du coquillage. « Sera-t-il concurrentiel face aux marchés étrangers ?, interrogent
CRC et SMBT. Est-il possible de mutualiser des
moyens techniques et ﬁnanciers ? Qui sera en
capacité d'investir ? » Les résultats de l'étude
conﬁée au cabinet Via aqua, sont attendus
pour l'été 2021.
Hélène Scheffer

NOUVELLES FILIÈRES
Après la période d'espoir des années
1990, la mytiliculture en mer ouverte
au large de Sète a été délaissée au
cours des années 2000 : la prédation
des dorades et la concurrence espagnole ont eu raison de la majorité
des élevages sur ﬁlières. Proposé par
les établissements Tarbouriech, un
nouveau type de ﬁlières a été testé
pendant deux ans. Plus longues, plus
faciles à manipuler et plus résistantes
aux tempêtes, ces nouvelles ﬁlières

semblent limiter la prédation des
dorades. « Les ﬁlières sont inspirées des
structures italiennes, détaille Philippe
Ortin. Une nouvelle ﬁlière équivaut à dix
ﬁlières traditionnelles. Trois ont déjà été
testées pendant deux ans et une dizaine
d'autres devraient être évaluées au cours
des prochains mois. Il n'y aura pas de
brevet technique, elles seront disponibles
pour tous. Et elles seront disposées en
ligne plutôt qu'en damier, pour laisser les
pêcheurs venir chaluter les dorades. »

Cultures marines n°338 Juillet-août 2020

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