Cultures marines n°339 - 51

RENCONTRE 51

Patrice Le Cain

Un jeune ostréiculteur quinquagénaire
Passer de cadre dans une grosse entreprise, avec tous les avantages que cela
implique, à ostréiculteur, le tout à 50 ans, c'est l'histoire atypique de Patrice Le Cain.

l faut désormais compter sur un
nouveau venu dans le monde
ostréicole à Bouin, en Vendée.
Huîtres Le Cain s'est officiellement installé courant juillet. À la
tête de cette entreprise, Patrice
Le Cain, un jeune ostréiculteur de
50 ans qui a surpris tout le monde
avec son projet d'installation. Il a
décidé d'exercer un métier qu'il
ne connaissait pas il y a encore
deux ans.
« Au départ, je ne me prédestinais pas à l'ostréiculture, j'étais cadre
dans une grosse boîte de transport.
J'achetais et je vendais des prestations

Patrice Le Cain
est formé
par un confrère
de vingt ans
son cadet.

transport sur toute l'Europe. Il y a deux
ans, j'ai été muté à Carquefou [près de
Nantes], j'étais responsable activité affrètement et j'avais une petite équipe.
Avec ma famille, on s'est installés du
côté de Pornic. Là-bas, j'ai rencontré
des ostréiculteurs, j'ai sympathisé, ils
m'ont emmené en mer, on a bricolé
dans les cabanes et là, j'ai eu le coup
de foudre », sourit ce ﬁls de marinpêcheur breton.
La vocation était née, mais entre
rêver d'un métier aussi difﬁcile et
franchir le cap quand on est cadre
dans une grande entreprise, il y a un
grand pas que Patrice Le Cain n'a
pas hésité à franchir.

mais elle a très vite compris la détermination de son mari et a choisi
de le soutenir. « Je voulais m'installer,
alors j'ai commencé à chercher en allant
voir les gens, en parlant de mon projet. » Il a eu deux-trois propositions
auxquelles il n'a pas donné suite,
jusqu'à sa rencontre avec Boris
Francheteau.
RACHAT

« C'est lui qui m'a appelé en me disant
qu'il avait vu que je cherchais une exploitation ostréicole. Nous avons passé
une heure et demie au téléphone », se
souvient le nouvel ostréiculteur.
Outre une afﬁnité évidente qui s'est
liée entre les deux hommes, ce qui
BUREAU
a déﬁnitivement décidé Patrice Le
« En fait, ça faisait quelques années que Cain « c'est que les huîtres de Boris sont
je trouvais que mon job ne me corres- exceptionnelles et je ne me voyais pas
pondait plus. Acheter le
vendre un produit dont je
moins cher, revendre le
n'apprécie pas le goût ».
ACHETER
plus cher, tout ça n'avait REVENDRE,
C'est donc Boris, 29
plus de sens pour moi. TOUT ÇA
ans, qui accompagne et
Quand j'allais en mer N'AVAIT PLUS
forme son successeur
avec ces gars passionnés, DE SENS
quinquagénaire jusqu'à
ils me charriaient en me POUR MOI. »
la ﬁn de l'année. Pour
disant : toi tu es en open
gérer son exploitation,
space, regarde mon bureau à moi. J'ai Patrice va devoir recruter un salacompris qu'ils avaient raison. C'est dur rié aﬁn de travailler les 55 tonnes
comme travail mais c'est beau. Je trouve annuelles d'huîtres sur les cinq hecque c'est un job plein de noblesse. Tu tares avec une concession à Bouin
travailles avec la nature, avec les gens, pour le naissain et les juvéniles, un
avec les éléments, avec le vivant et tu parc à Noirmoutier et un autre à
vends le fruit de ton labeur », s'en- Mesquer pour le demi-gros et pour
thousiasme ému Patrice Le Cain.
amener les huîtres à maturité.
Évidemment, son envie de chanCôté vente, l'ancien cadre se
ger de vie a fait réagir autour de lui. tourne vers son réseau aussi bien
Sa femme d'abord qui s'est deman- au sein du comité d'entreprise de
dé si c'était vraiment une bonne son ancien employeur qu'auprès
idée avec l'achat récent d'une mai- de clients qu'il a pu rencontrer un
son et deux jeunes enfants à charge, peu partout en Europe. Il continuera également les deux marchés sur
Saint-Nazaire et poursuivra la vente
en gros.
Du point de vue de la communication, il espère être un ostréiculteur
Bouin
2.0 connecté aux réseaux sociaux et
à la tête d'un site internet pour la
vente à distance.
Sandrine Pelletier

Cultures marines n°339 Septembre 2020

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