Cultures marines n°340 - 16

RÉGIONS bretagne sud
16 ÉVÉNEMENT
Mortalités

Littoral

Un ostréiculteur attaque Grainocéan

n arrêt forcé à 53 ans, Jacques Carrer
est du genre tenace. Déclaré inapte
en juin 2019 suite à de graves problèmes de dos, l'éleveur de Sainte-Hélène
(Morbihan) continue de livrer des combats
au nom de son métier. Après s'être résolu
à vendre concessions, matériel et cheptel à
un jeune professionnel, il conserve néanmoins son chantier et reprend en début
d'année la succession de Jean Mahéo à la
tête du syndicat ostréicole de la ria d'Étel.
Au-delà de son engagement pour l'interprofession, il a entrepris une bataille juridique contre l'écloserie Grainocéan. « Les
faits remontent au printemps 2018, relate
l'ostréiculteur. J'ai commandé 2,3 millions de
naissains triploïdes pour environ 20 000 euros
sur la foi d'une publicité qui garantissait une
productivité de 30 à 50 tonnes du million. » S'il
concède avoir été trop facilement séduit
par une telle promesse, il n'admet pas en
revanche qu'elle ne puisse pas être suivie
d'effets.

Le prefet du Morbihan, associé au préfet maritime de l'Atlantique, a signé le
25 août l'arrêté d'approbation du schéma de mise en valeur de la mer (SMVM)
révisé pour le golfe du Morbihan. Mis en
place initialement en 2006, il concerne
dix-neuf communes
riveraines
aﬁn
d'établir « les orientations fondamentales
de l'aménagement, de la protection et de la
mise en valeur du littoral et (...) améliorer la
coexistence de l'ensemble des activités littorales et maritimes et le bon état écologique du
milieu marin ».
Engagée en 2016, la révision du texte
a demandé une large concertation
pour aboutir à un document d'environ
150 pages. Il décline à une échelle territoriale les ambitions de la politique maritime, notamment le développement de
l'économie bleue, la préservation d'un littoral attractif et le maintien d'un bon état
écologique du milieu marin. Le SMVM révisé inclut un programme d'une quarantaine d'actions parmi lesquelles le maintien de la limitation aux 7 000 mouillages
déjà existants ou encore l'encouragement de la production locale d'énergies
renouvelables.

à l'herpès virus des lots, alors qu'ils avaient
été testés indemnes aux maladies avant
expédition.
RÉPARATION
En guise de bonne volonté, Grainocéan
fournit gratuitement 500 000 naissains à
l'automne, dont une majorité ne résiste
cependant qu'en faibles proportions après
l'hiver. « J'ai perdu une année de travail et la
quasi-totalité de ma production », souligne
Jacques Carrer qui demande alors environ
100 000 euros de réparation. Devant le
refus d'Éric Marissal, dirigeant fondateur
de Grainocéan, il fait appel à un avocat
et entame une procédure judiciaire. « Le
jugement en référé pour l'obtention d'une
expertise indépendante a débouté Jacques
Carrer faute d'éléments probants permettant
d'établir la réalité du dommage », fait valoir
Éric Marissal.
« Nous allons devant la cour d'appel de
Rennes contester ce jugement qui ne s'appuie
que sur le dédommagement de 500 000 bêtes »,
répond l'ostréiculteur.
Déterminé à aller au bout de la procédure, il a rassemblé plusieurs attestations de collègues appuyant ses afﬁrmations. Éric Marissal se défend : « Il serait
trop facile que nous soyons considérés comme
responsables des épidémies qui sévissent sur les
parcs français. »

B. T.

Pollution aux coliformes dans le
Morbihan. La ria d'Étel a fait l'objet d'un
arrêté préfectoral qui a interdit de nouveau
la pêche, le ramassage, le transport, la
puriﬁcation, l'expédition, le stockage, la
distribution, la commercialisation et la
consommation humaine des huîtres et des
moules entre le 24 août et le 2 septembre.
Une fermeture a également été ordonnée
plusieurs jours dans le secteur de SaintPhilibert pour les fouisseurs.

Bertrand Tardiveau

INDEMNES
Destiné à du demi-élevage pour une revente l'année suivante, le stock mis en
poches sur ses parcs subi dès les premières
chaleurs plus de 70 % de pertes en l'espace de quelques semaines. Des analyses
menées par Grainocean sur les parcs de
Jacques Carrer en juillet révèlent la contamination conjointe au Vibrio aesterianus et

Les orientations validées

Jacques Carrer veut être dédommagé
des pertes subies sur le naissain livré.

Inquiétudes autour de la ferme
marine du Bono. Rachetée l'an dernier
à Loïk Jomier par le groupe cancalais
Mytilimer, la ferme piscicole du Bono était
initialement destinée à l'élevage de bars,
jusqu'à 50 tonnes par an. Elle accueille
désormais des truites avec une biomasse
amenée à 80 tonnes. Plusieurs riverains
ainsi que le maire du Bono ont exprimé
une certaine préoccupation, d'autant que
l'exploitant aurait envisagé de doubler cette
capacité. Mytilimer y a ﬁnalement renoncé,
tout en réafﬁrmant sa volonté de faire « un
beau produit, de manière raisonnée ».

Cultures marines n°340 Octobre 2020

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