Cultures marines n°340 - 33

Haude-Marie Thomas

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moindre. » 80 m3 de l'heure contre
200 à 250 m3 à plein régime. Les
amandes et huîtres installées dans
les bassins lors de notre visite
passent donc trois heures au lieu
d'une seule dans les bassins de l'installation. La turbidité de chaque
bassin évoluant au ﬁl des minutes.
La solution pour que le système de
puriﬁcation atteigne son plein régime
réside maintenant dans le remplacement des tuyaux de 90 à 160 centimètres de diamètre. « L'installateur
était habitué au dimensionnement des
systèmes dans lesquels une pompe à
eau venait actionner le ﬂux », précise
Thierry Larnicol.

Enﬁn, à l'avenir, le professionnel estime que les installations
pourraient être utilisées pour les
recherches en détoxiﬁcation. Il a
proposé l'utilisation des bassins
lors d'une réunion du CRC, début
septembre, qui abordait les solutions à apporter face à l'augmentation des apparitions d'événements
toxiques dus à certaines espèces de
phytoplancton. Le système de puriﬁcation pourrait également être
adapté en cas de virus mais le coût
d'une analyse virologique de l'eau
ne peut pour l'instant pas être pris
en charge par les conchyliculteurs.
Haude-Marie Thomas

H.-M. T.

venu entre-temps collectif. Chaque
bassin peut accueillir 1,2 tonne de
coquillages et cinq des sept entreprises du GIE disposent de deux
sites de production dont un accès
en dehors de la rade de Brest.
Pendant les fermetures
planctoniques et bactéLES BASSINS
riologiques, les membres
POURRAIENT
du GIE pourront donc
SERVIR À
redémarrer leur activiDÉTOXIFIER LA
té de puriﬁcation avec
PRODUCTION.
des coquillages de zones
ouvertes.
Concrètement, le système est en
test depuis début août en circuit
fermé et ne nécessite qu'une à deux
minutes de pompage par jour pour
compenser l'eau perdue lors des
manipulations de coquillages. « J'ai
déjà pu observer que le système avait
fait baisser mon taux de mortalité », se
réjouit l'ostréiculteur qui mentionne
un taux de 10 à 12 % pour ses précédents bassins couverts, oxygénés
mais ni refroidis ni traités. « Nous
sommes désormais descendus à moins de
5 % », précise-t-il.
L'installateur doit toutefois effectuer plusieurs réglages avant
la livraison de l'équipement.
« Concrètement, le système est comme
Les bassins
une voiture en surrégime, détaille le
évacuent de
gérant des Viviers de Keraliou. Il
l'écume dans les
fonctionne bien mais consomme plus
travées centrales.
d'énergie et a un rendement horaire

[ Une technologie inspirée de l'industrie pétrolière

orsque j'ai commencé à chercher une solution,
on me proposait tout le temps des systèmes
avec des cartouches et des membranes susceptibles
de se colmater ou avec de grosses pompes à eau
à la maintenance subtile, liste Thierry Larnicol,
gérant des Viviers de Keraliou. Or, mon métier
reste celui d'ostréiculteur donc je souhaitais que le
système soit simple d'utilisation. Je voulais également qu'il soit écologiquement le plus irréprochable possible. »
Il se rapproche de l'entreprise lyonnaise
Coldep qui utilise une technologie issue de
la recherche de l'Ifremer et de l'Insa Lyon et
développée dans l'industrie pétrolière pour
traiter l'eau de mer brute avant injection mais
aussi les eaux souillées avant ré-injection.
Pour les cultures marines, l'entreprise avait
déjà équipé l'aquarium Océanopolis à Brest
mais aussi l'ostréiculteur Guy Sanchez, à

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Loupian, au bord de l'étang de Thau (230 m3
de bassins de puriﬁcation).
ÉCUME

À Plougastel-Daoulas, aux Viviers de Keraliou,
l'entreprise lyonnaise n'utilise aucune pompe
à eau. Le système, basé sur le prélèvement de
250 000 litres d'eau en rade, est composé
en tout et pour tout d'une colonne d'eau,
d'une pompe à air et d'un compresseur. Des
microbulles, injectées dans cette colonne
d'eau, agrègent les polluants en une écume
aspirée en haut de la colonne d'eau. Cette
écume est ensuite rejetée en rade de Brest où
l'eau est renouvelée à 40 % lors de chaque
marée. « Le procédé de colonne à dépression
permet de séparer les matières en suspension
de l'eau et d'extraire jusqu'à plus de 99 % des
particules dont la taille est comprise entre 0,3 et

100 micromètres, précise Coldep. Les particules
en suspension sont adsorbées à la périphérie des
bulles par électrostatisme et tension superﬁcielle. »
Aucun additif n'est donc utilisé. Ensuite, et
c'est la particularité de ces bassins de la rade
de Brest, l'eau, qui circule dans une colonne
au cœur de l'installation principale, déborde à
cinq mètres de haut : c'est la puissance gravitaire de ce débordement qui permet d'obtenir la pression nécessaire au fonctionnement
du système.
Coldep indique une consommation
énergétique estimée entre 20 et 30 W/m3
d'eau traitée. L'eau nettoyée passe ensuite
dans un système de traitement UV complémentaire avant de rejoindre les bassins. En
cas d'épisode de pollution, elle y sera analysée avant de recevoir les coquillages des
conchyliculteurs.

22/09/2020 16:19

Cultures marines n°340

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