Cultures Marines n°341 - 30

30 DOSSIER

Saison des huîtres
Bretagne sud

Une pousse médiocre
Du Finistère sud à la Loire-Atlantique, c'est une saison compliquée,
particulièrement incertaine à laquelle s'attendent les ostréiculteurs.

depuis l'an dernier. Ensuite, nos surplus sont bien
descendus durant l'après-conﬁnement. D'autre
part, la pousse a été assez médiocre ces derniers
mois. »
PRUDENCE
À ce premier facteur quantitatif, se superpose
l'attente difﬁcilement prévisible des consommateurs. « Le marché est encore mou en octobre
mais on commence à avoir l'habitude. Par contre, si
les mesures de restrictions sanitaires se prolongent,
on pourra vraiment s'inquiéter. Certains redoutent
déjà que la demande ne parvienne pas à

Bertrand Tardiveau

n temps normal, ce n'est déjà pas simple,
mais alors là, bien malin qui peut deviner ce
qui se proﬁle », conﬁe Frédéric Coudon,
ostréiculteur à Baden (Morbihan)
et vice-président du comité régional de la
conchyliculture de Bretagne sud. Plusieurs
marqueurs importants semblent néanmoins
devoir caractériser le cours des prochaines
semaines selon le professionnel. Avec tout
d'abord une fausse impression. « Nos stocks
ne sont pas si importants que ce qu'on a pu
entendre. Les mortalités sur les juvéniles semblent
n'avoir donné du répit à certains d'entre nous que

Pour faire face, certaines entreprises envisagent
de limiter le recours aux saisonniers.

soutenir les prix, particulièrement dans le
commerce de gros, où le niveau est depuis plusieurs
mois environ 30 % inférieur à celui de l'an passé.
Soit 1,70 euro le kilo de numéro 2 et 2,30 euros le
kilo de numéro 3 au départ du chantier. En raison
des difﬁcultés dans la restauration, les courtiers
restent prudents et chargent peu de volumes.
De leur côté, les distributeurs semblent prêts à
maintenir leurs prix de vente, coûte que coûte.
De toute façon, les entreprises qui s'appuient
essentiellement sur ce type de débouchés seront
particulièrement exposées », estime Frédéric
Coudon dont la stratégie de commercialisation passe davantage par les marchés où les
prix oscillent plutôt entre 5 et 7 euros le kilo,
selon l'emplacement.
Dans ces circonstances, l'année 2020 se
présente comme un cap difﬁcile à franchir.
« On entre vraiment dans le dur », prévient
l'éleveur par ailleurs très déçu des mesures
obtenues jusqu'ici pour éponger les difﬁcultés consécutives l'an dernier à la pollution
au norovirus des parcs ostréicoles : « C'est
clairement insufﬁsant pour compenser les pertes
accusées par nos trésoreries. Malgré les beaux
discours lorsque nous avons dû fermer dès la ﬁn
décembre pour certains d'entre nous, les indemnités
que nous pourrons toucher s'étalent du 1er février
au 31 décembre au seul titre de la mesure 55 du
Feamp visant à compenser les pertes liées à la
pandémie. De plus nous n'avons pas obtenu
d'exonération de nos redevances domaniales. »
Bertrand Tardiveau

[ Un dispositif expérimental de prévention du norovirus

n accord a été trouvé le 16 octobre entre le CRC de Bretagne sud
et les services de l'État sur les modalités de mise en œuvre d'un mécanisme
d'alerte à destination des professionnels
aﬁn de prévenir une éventuelle contamination des eaux conchylicoles au norovirus. « Le principe repose sur un email
d'information hebdomadaire composé par une
série d'indicateurs avec des voyants allant du
vert au rouge, explique Frédéric Coudon,

pour le CRC. Parmi les critères retenus, il y a
notamment le recensement des cas de gastroentérites, mais aussi les degrés d'abondance
pluviométrique ou les capacités de traitement
des stations d'épuration. »
Autant de renseignements qui permettent de graduer le risque d'un
épisode de toxi-infection alimentaire
collective (Tiac). Les professionnels
peuvent ainsi mieux anticiper la gestion
de leurs stocks et prévoir des mesures

adaptées, en particulier la nécessité ou
non d'un transfert dans des bassins de
repli.
Le dispositif de suivi devrait être mis
en place à titre expérimental pour les
exploitations des rivières d'Auray et de
Crac'h à compter de la mi-novembre.
Sous réserve de son efficacité, il pourrait
être ensuite généralisé, à l'échelle du
Morbihan dans un premier temps, sous
la responsabilité de l'interprofession.

Cultures marines n°341 Novembre 2020

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