Cultures Marines n°341 - 31

DOSSIER 31

Saison des huîtres
Pays de la Loire

Une année difﬁcile
Les soucis cumulés depuis le début de l'année ont entraîné une baisse des
ventes. Le cours des huîtres s'est effondré et les entreprises en font les frais.

Les méventes de début d'année
ont fait chuter les prix.

Sandrine Pelletier

ne année 2020 assez compliquée pour les ostréiculteurs. Les
fermetures de début d'année
pour cause du norovirus sur
les autres secteurs ostréicoles ont eu un
effet négatif sur les entreprises ligériennes
même si elles n'ont pas été concernées
par la présence du virus. Elles ont vu une
nette baisse de leurs ventes et de leur
chiffre d'affaires.
Suite à cela, le conﬁnement avec la
baisse des commandes de la part des
grandes surfaces, une vente à la restauration réduite à néant et une vente directe
qu'il a fallu réinventer via un service de
livraison à domicile notamment. Chute
des ventes, chute des rentrées d'argent
et augmentation du stock d'huîtres non
vendues. Il n'en fallait pas davantage pour
voir les prix s'écrouler « et il y a une pression des grandes et moyennes surfaces pour
faire descendre le prix des huîtres à l'emballage
pour Noël », constate, amer, Tanguy Rocher,
ostréiculteur sur l'île de Noirmoutier et

vice-président de la section huîtres au
CRC. Un effet délétère pour la profession
qui malgré une très bonne saison estivale
sur le territoire constate une rentrée toujours très basse en termes de prix.
« Avant, un équilibre s'était instauré et
c'était bénéﬁque pour tout le monde, on achetait le naissain environ à 10 euros et les cour-

Damien Raballand, ostréiculteur à Bouin

S. P.

« Je produis une cinquantaine de tonnes d'huîtres
par an et toute ma production est vendue en
direct. À l'établissement pour une petite partie
et pour le plus gros sur les marchés. J'en ai deux
le week-end, un sur la Roche-sur-Yon que j'ai
pu continuer pendant le conﬁnement et un sur
Notre-Dame-de-Monts qui a été fermé pendant
cette période. Mais il a repris le premier week-end
après le déconﬁnement.

L'été s'est plutôt bien passé, les touristes étaient
au rendez-vous, je n'ai fait ni mieux, ni pire que les
années précédentes. C'est juste que mes habitués
locaux ont eu peur de la foule et sont moins venus,
ils ont été remplacés par les nombreux touristes.
Mes prix de vente se sont maintenus à 5 euros
la douzaine de numéro 3 et 5,50 euros la douzaine de numéro 2. Tous les collègues avec lesquels
je discute ont maintenu ces prix en vente directe
et on ne comprend pas que le prix du gros soit
aussi bas. Certes il y a des stocks supérieurs, mais
les numéro 3 sont devenues des numéro 2 et il est
probable qu'on risque de manquer de numéro 3
sur la ﬁn de l'année. Je reste toutefois optimiste
pour les mois à venir. »

MES HABITUÉS ONT ÉTÉ
REMPLACÉS PAR LES TOURISTES
CET ÉTÉ. »

tiers nous prenaient le numéro 2 entre 2 euros
et 2,50 euros voire 2,70 euros quand le produit
était beau. Ils nous achetaient le numéro 3
entre 2,80 euros et 3,30 euros et l'équilibre
était convenable. Là, avec le surstock qu'il y
a eu, les courtiers ont payé moins cher parce
qu'ils ont obéi à la loi de l'offre et de la demande », ajoute Tanguy Rocher.
PRIX
La crainte est présente pour la ﬁn de
l'année car les trésoreries ont souffert
et il faut pourtant recharger en naissain
pour anticiper les futures productions. La
bonne saison d'été et la reprise des marchés pourtant très convenable depuis septembre, ne sufﬁsent pas pour beaucoup à
rester à ﬂot.
« Je n'arrive pas à comprendre que ça ne
soit pas le producteur qui impose son prix et
que les GMS décident combien doit vendre
l'ostréiculteur. Je n'arrive pas non plus à comprendre qu'un prix soit déterminé en septembre
sans savoir ce qui va se passer entre septembre
et décembre », s'insurge l'ostréiculteur qui
souhaiterait davantage de cohésion dans
la profession ligérienne pour harmoniser
les prix et valoriser les produits à leur juste
valeur. C'est ce que font les ostréiculteurs
qui pratiquent la vente directe en tirant
un peu mieux leur épingle du jeu que les
professionnels entièrement dépendants
des courtiers et de la grande distribution.
Sandrine Pelletier
Cultures marines n°341 Novembre 2020

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