Cultures Marines n°341 - 5

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de méthodes de restauration avec
notamment la mise au point de récifs artiﬁciels composés de coquilles
d'huîtres.
« En nous basant sur des cartes détaillées publiées au début du XXe siècle, nous
sommes parvenus à constituer un recensement qualitatif des derniers gisements
sauvages d'huîtres plates en Bretagne »,
résume Stéphane Pouvreau, biologiste à l'Ifremer et coordinateur du
programme Forever, dont les ultimes
conclusions seront rendues d'ici le
début de l'année prochaine.
Son premier constat sonne d'abord
comme une alarme : les populations
d'huître plate ont partout reculé.
« Semblant fuir la pollution, la turbidité et la sédimentation grandissantes à
la suite de l'anthropisation le long des
cours d'eau, elles ont progressivement
délaissé le fond des estuaires pour s'approcher de la pleine mer. De moins en
moins résistantes à l'exondation, elles se
sont également éloignées de l'estran »,
relève le scientiﬁque.

tréiculteurs locaux pour leur suggérer de
développer à proximité une activité de
captage. Certains d'entre eux nous ont
témoigné leur intérêt. Comme par le
passé, leur rôle est capital pour entretenir et pérenniser ces gisements », insiste
Hélène Cochet, biologiste œuvrant
au programme Forever.
Selon elle, la raréfaction des supports de ﬁxation des larves représente un facteur additionnel dans
l'affaiblissement remarqué des populations d'Ostrea edulis. Des récifs
artiﬁciels ont ainsi été expérimentés. « Leur conception n'a pas réussi à
freiner les ravages des bigorneaux perceurs ou des dorades, mais nous avons
bon espoir de pouvoir les améliorer »,
assure Stéphane Pouvreau qui souhaiterait que le programme Forever
puisse être prolongé. « L'enjeu est
multiple, renchérit Hélène Cochet.
Il s'agit de contribuer à la restauration
d'une espèce emblématique et patrimoniale, à la préservation de la biodiversité et à la promotion d'une économie
circulaire. »
Bertrand Tardiveau

[ Les ostréiculteurs jouent le jeu

a plate, le grand retour. » Mettant en
avant une poignée d'ostréiculteurs à
l'initiative du CRC de Bretagne nord, ce
slogan qui a marqué l'an dernier la période des fêtes de ﬁn d'année devrait à
nouveau faire parler de lui cette saison.
Après avoir manqué de disparaître des
assiettes faute d'un bon recrutement, la
Belon, comme l'appellation commerciale
la désigne parfois, cherche désormais à renouveler sa clientèle. « Nos consommateurs
sont âgés, certains se sont détournés faute de
pouvoir trouver nos produits. Encore plus que
pour l'huître creuse, nous avons un important
travail de communication à faire auprès des
jeunes », justiﬁe Richard Beaulieu.
Basé dans le Morbihan où il capte son
naissain avant d'aller le faire grossir au
large de Cancale, cet ostréiculteur de
45 ans est dédié depuis cinq ans à l'élevage exclusif des huîtres plates et à leur
commercialisation en gros. Avec quatre
salariés permanents, vingt-cinq au plus
fort de la saison, il parvient ainsi à réaliser environ un quart du millier de tonnes
qui sort sur une année de la baie du mont
Saint-Michel, où sont concentrés 85 % de
la production française. « Nous revenons

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depuis deux ans à un niveau que je qualiﬁerai
de normal », conﬁrme Richard Beaulieu.
Selon lui, deux critères importants
concourent à ce bon cycle. Un taux de
recapture satisfaisant : environ 8 %, des
naissains ensemencés sur près de 1 000
hectares de concessions au large de
Cancale. Et un captage constant voire
pléthorique depuis cinq ans en baie de
Quiberon. Si le premier facteur reste
largement tributaire de la météo, le se-

Au départ du
chantier, le prix
de l'huître plate
devrait varier cette
année entre 4,50 et
6,80 euros.

cond pourrait bénéﬁcier, même indirectement, d'un coup de pouce des professionnels. Ces derniers s'engagent depuis
2015 à réensemencer chaque année 1 %
des fruits de leur captage sur des bancs
identiﬁés. « Cette initiative peut avoir une
incidence positive sur les bons résultats de
captage que nous relevons depuis plusieurs
années », souligne Hélène Cochet qui suit
le recrutement de l'huître plate en baie de
Quiberon.

B. T.

Bertrand Tardiveau

RECUL

De l'estuaire de la rance au
golfe du Morbihan, le programme
Forever est néanmoins parvenu à
dénicher plusieurs fragiles oasis où
parviennent à subsister naturellement les huîtres plates. « Ce sont des
véritables refuges pour la biodiversité,
insiste le chercheur. L'huître plate est
une espèce agrégative, qui attire quantité d'autres organismes.
Si l'écosystème qu'elle
LE RÔLE DES
engendre parvient à OSTRÉICULTEURS
atteindre une taille suf- EST CAPITAL
ﬁsante, il permet de POUR PÉRENNISER
rendre d'innombrables CES GISEMENTS. »
services écologiques, à
commencer par la ﬁltration de l'eau et
la stabilisation du substrat. »
Plusieurs secteurs, comme le
Trieux dans les Côtes-d'Armor, mais
aussi l'Odet et l'anse de Penfoullic
dans le Finistère sud ou encore la
rivière d'Étel dans le Morbihan ont
même révélé l'étonnante vitalité de
certains bancs tombés dans l'oubli,
souvent épargnés par les ﬂéaux que
redoute l'huître plate.
« Nous avons été à la rencontre d'os-

23/10/2020 16:47

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